Tout nouveau, tout beau : la crémation aquatique !

tombe père Olivier Maire

On n'arrête décidément pas le progrès. On savait que les modes d'inhumation « alternatifs » avaient le vent en poupe, et Boulevard Voltaire avait déjà parlé de ces éco-cercueils qui vous permettent, si vous le souhaitez, de vous transformer en compost et de ne rien laisser de vous-même à la surface de la Terre.

Cette fois, on vient de franchir un cap. Le magazine Geo, en pointe sur l'écologie mais dont on ignorait jusque-là les conseils mortuaires, consacre une page pleine d'enseignements à la pratique révolutionnaire de l’« aquamation ». Vous ne savez pas ce que c'est ? C'est bien normal, c'est nouveau, ça vient de sortir. Comment ça marche ? Eh bien, on place votre cadavre dans une cuve en métal et on immerge votre dépouille dans une solution alcaline. Ensuite, laissons la parole à Geo : « Placés au sein d'une cuve en acier, les hydroxydes de potassium, les hydroxydes de sodium ou un mélange des deux vont faire leur œuvre sur la dépouille grâce à une chauffe à 90 °C. » Une manière d'imiter la décomposition naturelle d'un corps humain, mais en accéléré.

Et ensuite ? Eh bien, ensuite, une fois que le corps a libéré toutes les substances organiques et qu'il n'en reste que des cendres, on donne l'urne à la famille, et hop ! le tour est joué ! Petit point un peu embêtant, d'un point de vue logistique, toutefois : les cendres obtenues par « aquamation » sont 30 % plus volumineuses que celles que l'on obtient lors d'une crémation classique. Mais bon, c'est écolo, ça ne produit pas de fumée et les cendres produites sont stériles… donc, on peut les balancer un petit peu où on veut, ce n'est pas gênant et ça respecte l'écosystème. Vous voyez bien : dans cette crémation sans feu, il n'y a que des avantages.

L'aquamation n'est pas nouvelle : le magazine nous dévoile que cette pratique était faite, lors de sa création en 1888, pour transformer les carcasses d'animaux en engrais. On pourrait tenir une piste sur la façon dont notre société considère la vie humaine… mais fort heureusement, l'archevêque Desmond Tutu, icône de la lutte contre l'apartheid, a choisi de se faire… comment dit-on ? Aquamer ? Alors, c'est forcément bien, malgré, nous rappelle Geo, des préventions religieuses contre ce type de pratiques mortuaires.

Alors, du coup, on fait quoi ? Tout le monde dans la cuve ? Le sujet va devenir crucial, avec le pic de mortalité des baby-boomers, apparemment estimé à 2034. Il n'y aura pas de place pour tout le monde.

C'est avec ce genre de petits articles - ce genre de publi-reportage, pourrait-on dire - que l'idée de la fin des rites mortuaires disparaît petit à petit. Devenir compost. Retourner en poussière en une poignée de minutes. Une sorte de rêve païen. Pas de tombe, pas de nom, pas de croix, pas de souvenir. Pas de chrysanthèmes à la Toussaint ni de petits-enfants recueillis non plus. Le néant. Très écolo, ça, le néant, vous ne trouvez pas ?

Peut-être est-ce complotiste de trouver que la sauvegarde de la planète a toutes les allures d'une nouvelle et terrifiante religion. Une religion sans Dieu et dans laquelle l'homme doit s'effacer. Une religion du Rien. Mais avouez que ça y ressemble beaucoup.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Cette recette se situe entre bouillon de batterie de voiture et pot au feu bizarre . Que deviendront ces défunts lors du jugement dernier ? Ils seront dans un sale état , ça ne va pas être joli joli la résurrection de la chair dans leur quartier .

  2. La maison de mon enfance était située entre deux villages, très proche, mais vraiment très proche … D’une installation d’équarrissage ! Du coup, j’y ai bossé durant quelques été et le procédé décrit dans l’article me fait vraiment penser à ce que j’ai pu voir (et renifler) Alors rassurez moi, a l’équarrissage on récupérait certaines peaux, les os longs (pour l’industrie je crois) là ils vont faire de même avec de la matière première humaine ? ? ?
    Le procédé est déjà dur à supporter avec des carcasses de vaches, ça pue je vous assure et brasser ces cuves a la perche à l’époque n’avait rien d’agréable, mais là en plus j’imagine les petites annonces futures , « vend descente de lit en peau de mon ex belle-mère garantie »
    Si quelqu’un pouvait arrêter la terre 2 minutes j’ai envie de descendre !

  3. Alors ,non, moi je veux être transformée en arbre (à défaut d’être réincarnée en oiseau migrateur ou sédentaire) : Les cendres dans un pot de terre avec une graine, le tout planté avec soin dans un bout des champs historiques et inviolables, car très isolés de ma famille (depuis 1700 au bas mot): De préférence un chêne, il fera des glands, et donc des petits à nouveau, en sus de servir de maisonnette à plein de petites bêtes sympas. Il pourra même être consacré à la Vierge, pourquoi pas, et sera plus joli qu’un tombe lors des visites champêtres de ma descendance..

  4. Il reste tout de même le squelette de la personne, pas terrible pour la dispersion par la suite.
    Une bonne crémation a l’ancienne pour une dispersion en foret ou au pied d’un rosier.
    Choix fait par moi et mon épouse , pour le souvenir juste un coup a boire le jour anniversaire de la mort.

  5. En lisant le titre, j’ai cru que c’était « un don à l’Océan » … Le corps est jeté dans l’eau et sera « bouffé » par les habitants du milieu aquatique ! …
    Je suis d’accord pour aller nourrir les requins et autres orques ! …

  6. Les Vikings se faisaient hisser sur leur Drakkar qui était ensuite incendié avant de couler.
    Ils retournaient donc également dans le grand « maelström universel » à travers le feu et l’eau. Mais cela avait quand même une autre gueule et témoignait d’un peu plus de respect à la fois pour le défunt et pour la mort en général que la sortie via le compost ou la nouvelle « crémation aquatique ».
    Mais le but final n’est-il pas de piétiner nos traditions ?

    • Avec une crémation « à drakkar perdu », le bilan carbone doit être catastrophique ! Plus écolos, les Parsis faisaient disparaitre les corps en les donnant à manger aux vautours. La mafia calabraise se débarrasse des rivaux en les donnant à manger à des cochons, recyclage complet, y compris les os, dans ce dernier cas. Ne jamais perdre de vue le bien-être animal.

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