Tout un symbole… Quand les rois européens participent au ramadan

Paris Match l’a qualifiée de « photo de la semaine ». Le site Histoires royales l’a mise également à l’honneur sous le titre « Le roi Charles III et la reine Camilla aident la communauté musulmane à se préparer pour le ramadan ».

On nous explique que « le couple royal a pu se familiariser avec quelques traditions, notamment l’entraide qui est mise en avant durant ce mois, en aidant à préparer des paquets de nourriture pour l’iftar ». La restauratrice indienne loue, sur le post Instagram partagé sur son compte par le palais de Buckingham, la rapidité d’exécution de ses gentils ouvriers du jour. De fait, comme deux petits élèves appliqués, leurs têtes blanches rapprochées, le roi et la reine septuagénaires emballent des dattes dans du papier. Ils portent chevalière et sont cravatés comme s’ils allaient au théâtre, mais leur parfaite éducation leur ayant appris à se fondre partout avec le même flegme et la même simplicité, ils devisent gaiement avec leur entourage en travaillant comme si de rien n'était. On croirait les princesses Élisabeth et Margareth préparant avec application des colis pour les soldats pendant la guerre de 40. Autres temps, autres mœurs.

Pas seulement le roi d'Angleterre

L’an passé, le roi Willem-Alexander avait rendu visite, au coucher du soleil, au centre communautaire de Rijswijk, une commune limitrophe de La Haye. Le roi des Pays-Bas souhaitait partager un moment de convivialité avec les musulmans durant le ramadan.

Quant au roi des Belges, c’est un vieil habitué : il a, ainsi, rompu le jeûne en 2017 (à Gand) et en 2022 dans le Limbourg.

Même si le roi Charles III est réputé « islamophile » - il et vrai que depuis Henri VIII, les Anglais ont montré qu’ils étaient prompts à brader leur propre religion -, ce grand geste d’amitié est-il vraiment le fruit de leur volonté ? Sans doute pas. Comme ils signent au bas de la page qu’on leur indique, ils vont là où on leur dit d’aller. Nous avons coupé la tête de notre roi et de de notre reine - son parent le roi d’Espagne a d’ailleurs assisté sans moufter à un renouvellement festif et sans remords de cette exécution au moment de l’inauguration des Jeux olympiques -, mais eux autres ont à peu près subi virtuellement le même sort au fil des années. Il n’y a guère eu que le roi Baudoin, au moment de la légalisation de l’IVG dans son pays, pour montrer qu’il avait encore un cerveau animé d’une conscience entre les deux oreilles et, accessoirement, un autre organe dans le pantalon. On voit à peu près l’intention : par ce grand geste d’ouverture, on espère conjurer les velléités de séparatisme dans la communauté musulmane et rallier les nouveaux arrivés sous l’étendard du roi. L’unité, c’est LA mission des familles royales. Comme avec les Wallons, les Flamands, les Catalans, etc. Sauf que pour d’aucuns, l’objectif est moins le séparatisme que la conquête. Et, en l’occurrence, le symbole s’apparente à une « déreconquista ».

Consensuel

Pour rassembler, le roi est censé être consensuel, c’est-à-dire rallier les suffrages du plus grand nombre. Il est intéressant de constater que la nouvelle Angleterre, la nouvelle Belgique, les nouveaux Pays-Bas comme la nouvelle France, selon l'expression de Jean-Luc Mélenchon, sont assez avancées pour juger que participer au ramadan est consensuel.

On se souviendra que le roi d’Angleterre n’a pas eu un mot pour les petites fillettes de son pays victimes des grooming gangs. Pas assez consensuel. En revanche, un représentant de Buckingham a fait savoir que la famille royale s’était émue du sort de George Floyd et soutenait le mouvement Black Lives Matter. Très consensuel. Ils sont, en résumé, le baromètre de la bien-pensance, savent ce qui est malséant ou bienséant de dire. L’étiquette corsetée victorienne est toujours là, c’est simplement son contenu qui a changé.

En attendant, si nous autres n’avons plus de roi pour rallier ce grand festin, nous pouvons toujours convoquer les morts qui n’y peuvent mais. Ainsi, les gisants et les orants de la nécropole royale de Saint-Denis n’ont d’autre choix, actuellement, que de subir l’exposition de Sandra Reinflet, photographe militante d’extrême gauche (son compte Instagram est éloquent), intitulée « Les Nouvelles Reines », et comportant plusieurs femmes voilées. Les reines sont mortes, vive les reines ! Comme l’explique Régine Pernoud, dans son célèbre livre La Femme au temps des cathédrales, toute l’Europe a été convertie grâce à l’influence de reines chrétiennes : Clotilde en France, Théodelinde en Italie, Théodosia en Espagne, Berthe en Angleterre ou encore Edwige en Pologne. Ce couronnement de « reines » d'une autre religion sur les cendres de leurs descendantes (car les familles royales européennes n’ont pas attendu l’UE pour s’unir) est en soi une allégorie. Parions que Charles Martel, dans la basilique lui aussi, fait des bonds de carpe. Mais c’est peut-être le but. Souvenons-nous que nous sommes poussières et que nous retournerons en poussière. Force est de constater que, pas plus que nous autres, notre civilisation n’était immortelle. Bon mercredi des Cendres !

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