Toutânkhamon, un siècle de mystères et de découvertes

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Quel pharaon égyptien, comme Toutânkhamon (-1345 /-1327), n’est pas synonyme de magies, d’aventures et de mystères en raison de la terrible « malédiction des pharaons » qui a frappé toute l’équipe des scientifiques qui ont participé à l’exhumation du tombeau de l’enfant-roi ? Mais en ce 4 novembre 1922, il y a tout juste un siècle, l’archéologue Howard Carter (1874-1939) ignore que sa découverte va changer le visage de l’égyptologie à jamais, en lui donnant celui d’un jeune souverain disparu et vieux de 3.000 ans.

Nous sommes en 1917, dans une Égypte au terme d’une domination britannique, lorsque la magnifique nécropole de la vallée des Rois est concédée à Lord George Carnarvon (1866-1923). Celui-ci la fait méticuleusement fouiller par l’égyptologue Howard Carter, qui ne désire qu’une seule chose : trouver la tombe inviolée d’un pharaon. En effet, nombre de tombeaux de l’Égypte antique furent vidés, pillés et détruits suite à des siècles d’occupations étrangères. Mais après quatre ans de fouilles infructueuses, Lord Carnarvon est sur le point de cesser son mécénat auprès de Carter. Ce dernier décide néanmoins, à l’automne 1922, de se lancer dans un dernier chantier de fouilles. Ainsi, le 4 novembre 1922, à travers les gravats et la poussière, une dalle en pierre est déterrée du sol égyptien. Un escalier de douze marches est alors dégagé jusqu’à une ancienne porte aux sceaux intacts. Carter, pressentant la valeur de sa découverte, envoie en Angleterre un télégramme à son protecteur : « Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la vallée, une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts, […] félicitations. »

Lord Carnarvon, heureux d’apprendre la nouvelle, s’empresse d’arriver à Louxor, le 23 novembre 1922, et, deux jours plus tard, la première porte est percée en sa présence. Le 26 novembre, la deuxième. Les sceaux intacts depuis plus de 3.000 sont alors brisés. Carter entre avec une simple bougie afin de s’assurer qu’aucun gaz toxique ou inflammable n’est présent. « Voyez-vous quelque chose ? »< demande impatiemment Carnarvon à l’archéologue, qui répond « Oui, des merveilles ! »

En effet, Carter, à la lumière de la flamme, découvre un tombeau rempli alors de trésors plus incroyables les uns que les autres : des statues noires et dorées, des jarres somptueuses, un char royal, des coffres en bois d’ébène remplis de bijoux et surtout une « chapelle » d’éternité contenant le sarcophage en or du mystérieux pharaon Toutânkhamon. Débutent alors dix longues années de catalogages et de fouilles avant que le tombeau ne soit entièrement vidé et étudié.

Commence aussi le début de la mystérieuse « malédiction des pharaons ». En effet, quelques mois après la découverte de la tombe, Lord Carnarvon meurt subitement d’une septicémie tandis que de nombreux autres collaborateurs de Howard Carter succombent à des maladies alors inconnues. Apprenant la nouvelle, les journaux de l’époque font choux gras en répandant la rumeur d’une malédiction envoyée par la momie du pharaon, courroucée par la profanation de sa demeure sépulcrale. Selon les scientifiques modernes, ces décès sont plutôt d’origine fongique que magique en raison de la présence de champignons et de moisissures au sein de la tombe entraînant l’arrêt du système respiratoire. La mort de Lord Carnarvon fut elle aussi expliquée par l’infection d’une simple piqûre de moustique, tandis que le principal acteur des fouilles, Howard Carter, ne décéda lui-même que bien des années plus tard, en 1939. Si des maudits il y avait, ces hommes n’en faisaient pas partie.

Mais c’est cette malédiction, sans oublier la découverte des trésors innombrables qui permirent l’enrichissement de nos connaissances sur l’Égypte ancienne, qui ont forgé la légende du jeune pharaon Toutânkhamon. Un enfant-roi qui, encore un siècle après son retour dans le monde des vivants, fascine toujours à travers les yeux bleus éternels de son masque funéraire.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Pour répondre à Gunfighter autant je suis admirative devant l’archéologie egyptienne ( j’ai visité ce merveilleux pays en 1980 et j’en garde un souvenir mémorable et merveilleux) , autant je trouve écoeurant et complètement déplacé l’exposition des momies au musée du Caire ! Mais je pense que la momie de Toutankhamon est restée dans la vallée des Rois ! Après depuis plus de 40 ans ça a peut être changé .

  2. Si la tombe de Toutankhamon a été retrouvée intacte cela est dû a une plusieurs crues exceptionnelle du Nil, dont la première juste quelques jours après l’inhumation. Les gravats qui furent charrier par les courants, de la première crue, ensevelirent totalement l’entrée de la tombe l’a rendant invisible aux pilleurs et par la suite, aux archéologues.

  3.  » En effet, nombre de tombeaux de l’Égypte antique furent vidés, pillés et détruits suite à des siècles d’occupations étrangères. » En tant qu’historien déclaré, vous devriez savoir que la quasi-totalité des tombes royales ont été pillées dans les années qui suivirent leur construction, et avec l’aide des constructeurs eux-mêmes.

    • Certes les égyptiens ont pillé leur tombes mais des siècles d’occupations perses, grecs, romains, arabes, ottomans et européens n’ont pas laissé les morts tranquilles dans leur tombe !
      Combien de momies furent réduites en poudre afin de produire le brun momie utilisé en peinture au XIX siècle !

  4. Le paradoxe est que cette tombe, qui seule nous est parvenue vierge de tout pillage, est ce qui reste d’un règne que les annales égyptiennes voulaient oublier. Celui d’Akenaton, pharaon hérétique aux yeux du clergé puisque monothéiste. Son fils Toutânkhamon, mort très jeune, n’a pas régné assez longtemps pour que soit creusée, décorée et équipée de tous les symboles dans le pur style de Thèbes une tombe typique du savoir faire thébain. Il y a beaucoup d’éléments iés à l’hérésie amarnienne notamment l’omniprésence du soleil. Il semblerait de plus que tous ces artéfacts n’aient pas été prévus pour Toutânkhamon mais pour une autre très noble personne voire une femme. Ils ont parés au plus pressé.
    Imaginons que la tombe de Ramsès II ait été découverte intacte…

    •  » pharaon hérétique aux yeux du clergé puisque monothéiste.  »
      Non, le pharaon n’était pas « monothéiste » mais monolâtre.
      Monolâtrie ou idolâtrie sont identiques : il n’y a qu’une différence de degré : c’est toujours la nature qui crée et qui donc est considérée comme divine.
      Le monothéisme considère que toute la nature a été créée . Qu’elle aura une fin . Q’elle n’est pas éternelle .
      Voyez la « désinvolure » avec laquelle on évoque le soleil ou la lune dans la Genèse. on ne les nomme même pas .Pas autrement que par :  » les luminaires « .
      ( je fais le savant !)

      • Merci pour pour ces précisions. Il n’en reste pas moins vrai que le clergé de Thèbes a voulu bannir à tout jamais la mémoire d’Akenaton puisqu’il ne figure même pas sur la liste des pharaons établie par les prêtres de Thèbes.
        La météo, l’histoire et l’archéologie leur ont joué un sacré tour.

  5. Ouais….Mais ne s’agirait-il pas plutôt d’un viol de sépulture et donc d’un total manque de respect pour le défunt ? Pour suivre la logique de ces « découvreurs », on devrait également exposer leurs dépouilles mortuaires dans un musée. Qu’en penseraient leurs familles ?

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