TPMP : Thomas Guénolé veut que la France indemnise les pays colonisés

Capture écran C8
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C’est un des nouveaux grands penseurs de la gauche française. S’il évolue dans les sphères insoumises depuis déjà une dizaine d’années, Thomas Guénolé est en passe d’atteindre un niveau de notoriété dont il n’aurait sans doute jamais osé rêver. Un petit exploit que le quadragénaire doit à ses apparitions désormais régulières sur le plateau de l’émission TPMP [Touche pas à mon poste ! NDLR]. Dans l’affaire Philippine, par exemple, le « politologue (PhD) » s’est illustré en déclarant, toute honte bue, que l’OQTF du meurtrier présumé de la jeune fille avait bel et bien été appliquée, puisqu’on avait « chopé le mec en Suisse »… Les parents de Philippine apprécieront ce raisonnement implacable.

Quelques jours plus tard, le fondateur du « Réseau de résistance à l’extrême droite » a exercé son intelligence sur un autre sujet : celui de la repentance coloniale. Thomas Guénolé a ainsi affirmé que la France n’en faisait pas assez. Selon lui, il y aurait encore « matière à réparation ». « La France, elle a colonisé plusieurs pays, elle a pillé leurs ressources, elle a asservi et humilié toute une partie de leur population… Il s’agirait de le reconnaître et pour cela il faut une réparation financière. Il faut que la France indemnise les pays qu’elle a colonisés ! »

Cette idée d’une faute ancestrale à régler en espèces sonnantes et trébuchantes traîne en réalité à gauche depuis plusieurs décennies et ressort à intervalles réguliers dans le débat public. Le 2 octobre dernier, Olivier Faure profitait d’un entretien sur Sud Radio pour tenter, lui aussi, de la relancer. « Nous avons une dette par rapport à ces pays-là, assura-t-il. Ils ont une dette financière, mais nous avons une dette morale, une dette coloniale, j’allais dire. »

L’angle mort des discours décoloniaux

L’argument est toujours le même : l’Europe en général et la France en particulier auraient colonisé, asservi, humilié, pillé et devraient, à ce titre, se repentir et s’estimer redevables à tout jamais. Les apports bénéfiques de la colonisation, eux, sont systématiquement oubliés. Car l’arrivée de la France dans ces contrées est loin d’avoir été entièrement néfaste pour les populations locales. Il y eut, bien sûr, des éléments de barbarie, mais aussi des éléments de civilisation : l'émergence d'un État, la découverte de richesses, la libération des femmes, la construction d’écoles, d’infrastructures, de centres médicaux. Grâce au « colonisateur », l’espérance de vie des colonisés a progressé et des millions de vies ont été sauvées. « L'œuvre de la France est admirable !, aurait déclaré un ministre syrien, de passage en Algérie en 1962, à Ferhat Abbas, président de l’Assemblée constituante de l’Algérie indépendante. Si la France était restée vingt ans de plus, elle aurait fait de l'Algérie l'équivalent d'un pays européen. »

En dépit de cette réalité politiquement incorrecte, certains pays occidentaux se sont engagés dans la voie hasardeuse de la compensation postcoloniale. En Belgique, par exemple, le Premier ministre présenta, en juin 2022, ses excuses pour la colonisation du Congo et lança, dans la foulée, un vaste plan de restitution de milliers d’œuvres d’art. Aux Pays-Bas, quelques mois plus tard, le gouvernement annonça la création d’un fonds de 200 millions d’euros affecté aux descendants de victimes de l’esclavage. De l'autre côté de l'Atlantique, où la question des réparations est régulièrement débattue depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de premières mesures concrètes furent prises à la suite de l’affaire George Floyd : la petite ville d'Evanston, près de Chicago, vota en mars 2021 la mise en place d’un programme de réparations d’un montant de 10 millions de dollars réservé à ses habitants noirs dont les ancêtres ont été victimes de discriminations ; San Francisco proposa, en mars 2023, de dédommager à hauteur de 5 millions de dollars chaque descendant d’esclaves afro-américain.

Culpabilité à sens unique

Présentée telle une obligation morale pour les pays du Nord, la réparation matérielle des torts causés au Sud butte cependant sur plusieurs écueils. Au-delà de l’impossible et indécente évaluation du montant de la dette coloniale se pose la question des bénéficiaires. Qui doit être éligible aux réparations financières ? Tous les Africains ? La prime versée doit-elle être modulée selon la quantité de « sang noir » coulant dans les veines ? Que faire des descendants des « Noirs libres » qui possédaient eux-mêmes des esclaves ? Puisque la traite arabo-musulmane a été encore pire que la traite atlantique, doit-on aussi demander des comptes aux pays du Maghreb et de la péninsule Arabique ? Enfin, et surtout, quid des peuples opprimés d’Europe ? À quand l’indemnisation des Espagnols pour des siècles d’occupation musulmane, des Corses pour les razzias incessantes des barbaresques ottomans, des chrétiens du littoral méditerranéen pour leur réduction en esclavage par les pirates d’Alger ? On attend avec impatience l’analyse de M. Guénolé sur le sujet.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

82 commentaires

  1. N’oublions pas de demander à l’Italie des indemnités pour l’invasion et la colonisation de la Gaulle par Jules César et également à certains pays asiatiques de payer les dettes des massacres commis par les Huns.
    N’oublions pas aussi de demander à la Turquie des comptes pour son trafic d’esclaves chrétiens …

  2. Tous les pays du Monde ont été tour à tour colonisés et colonisateurs .Mais cette réalité ne convient pas aux prescripteurs d’opinion d’extrême gauche.Selon eux,il faut indemniser les pays que nous avons colonisés dans le passé,et subventionner aujourd’hui grassement nos anciens colonisés arrivés en masse depuis ,pour les bienfaits qu’ils nous apporteraient aujourd’hui en inversant les rôles et en devenant colonisateurs vindicatifs turbulents,avec le concours des autochtones progressites-wokistes,qui ne sont pas les derniers à dénigrer leur propre pays.

  3. Oui, c’est bien ça, il faut qu’il fasse parler de lui pour être connu, au risque de glisser sur des sujets dont il ne maitrise pas les détails. Il n’a, comme une grande partie de cette génération, jamais appris la moindre chose sur cette page de l’Histoire de ce pays qui a, depuis six décennies, et au hasard de ses gouvernants successifs, dépensé des milliards de francs et d’euros pour venir en aide à ceux, « libérés », qui enrichissait leurs propres dirigeants au détriment des peuples abandonnés sans vergogne.
    Mais c’est une ligne du parti de monsieur Guénolé qu’il revomit comme l’on fait d’autres avant lui, et depuis tout ce temps…

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