Trafic de migrants : après le départ de Salvini, tout recommence comme avant !
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Certains s'en réjouiront, d'autres le déploreront : l'Ocean Viking, le navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, a repris ses activités. Après avoir accosté à Lampedusa, avec 82 immigrés, il s'apprête à débarquer à Messine, avec 182 personnes. Ce qui était interdit hier est aujourd'hui permis. Le Mouvement 5 étoiles a troqué son alliance avec la Ligue contre une alliance avec le Parti démocrate. Matteo Salvini n'est plus ministre de l'Intérieur, Rome a changé de politique.
On s'interroge, d'abord, sur la crédibilité du M5S, qui défend une politique migratoire qu'il combattait auparavant. Mais la France n'a pas de leçons à lui donner. Quand on voit comment des politiciens de droite et de gauche ont retourné leur veste pour se mettre au service de Macron, on se dit que, décidément, ils sont plus intéressés par l'exercice du pouvoir que par la fidélité à des convictions. Ce sont des espèces de mercenaires qui perçoivent des prébendes en contrepartie de leur ralliement. Voilà qui ne rehausse pas le crédit de la politique !
Pendant les quinze premiers mois du gouvernement Giuseppe Conte, les ports italiens ont été fermés à tous les navires qui secouraient des migrants en Méditerranée, conformément aux engagements d'un ministre de l'Intérieur qui bénéficiait d'une large popularité. Le même Conte a effectué un virage à 180 degrés. Jusqu'à ce que cette coalition hétéroclite éclate, que des élections soient organisées et que Salvini revienne au pouvoir, plus fort que jamais ?
En attendant, tout recommence comme avant. L'Europe, qui mettait des bâtons dans les roues de Salvini, ne sait que faire pour remercier le nouveau gouvernement. Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se réunissent, ce lundi, à Malte, pour chercher un nouveau processus de redistribution des migrants, le règlement de Dublin posant des problèmes aux pays du Sud. Ils vont essayer, France et Allemagne en tête, de trouver un accord pour les répartir entre eux comme, autrefois, on se partageait le butin.
Car les préoccupations humanitaires sont loin d'être primordiales dans la politique migratoire des pays européens les plus développés. Sous couvert de solidarité, ils calculent froidement les apports d'hommes qui seront utiles à leurs économies respectives pour pallier des déficits démographiques qu'ils n'ont pas su anticiper. Le débat sur les quotas en France n'a pas d'autre objectif que d'organiser des transferts de main-d'œuvre en fonction des besoins, en outrepassant les réticences d'une majorité de la population.
Les ONG peuvent se réjouir. « Nous sommes soulagés de constater que, pour la deuxième fois en une semaine, l'Italie ouvre un port à des personnes secourues en Méditerranée », a déclaré SOS Méditerranée. Mais on ne s'attaque pas efficacement aux causes de cette migration, qui risque encore de s'accroître, ni aux passeurs qui participent à cette nouvelle traite d'esclaves. Tant qu'on ne se lance pas dans une politique résolue d'aide au développement, notamment en direction de l'Afrique, en contrôlant l'usage des fonds pour éviter les détournements et la corruption, rien ne sera fait.
L'Union européenne joue avec le feu, se donnant bonne conscience, sans se soucier de l'unité, de la cohésion, de l'avenir des nations qui la composent, pour la satisfaction de ses seuls intérêts.
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