Traiter un chef de l’État de vieillard gâteux et incontinent… un député ne devrait pas faire ça !

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LREM, c’est Docteur Jekyll et Mister Hyde.

Vendredi, c’était le hashtag #StopViolences. Il faut dire que, dans les rangs, durant cette veillée d’armes, on n'en menait pas large. Chaque élu LREM y est allé de sa petite vidéo, yeux de cockers, tête penchée, accents mouillés de dame caté, appelant à la paix et à la tendresse : encore un moment, Monsieur le bourreau… ouvrons le débat, pratiquons le dialogue ! Mais surtout, surtout pas de violence ! Une minute de plus et l’on invoquait l’étoile de Bethléem et les hommes de bonne volonté. Je ricane gentiment, mais soyons clairs, tout le monde, au fond, était d’accord : il fallait éviter à toute force un drame.

Sauf que la trêve de Noël a été de courte durée. Un tweet - certes un peu fanfaron - de Donald Trump commentant les événements de samedi en France n’a pas plu à Joachim Son-Forget, député des Français à l’étranger (de Suisse et du Liechtenstein s’il vous plaît), qui lui a répondu "vertement", selon Sud-Ouest, de façon "fleurie", selon Le Huffington Post, de façon grossière, bête, scatologique, insultante et parfaitement scandaleuse, selon n’importe quel Français normalement constitué, de quelque bord politique qu’il soit : "Donald le Gâteux est atteint d’incontinence cérébrale… comme un gâteux souffre d’incontinence d’urine voire de matière fécale et gâte ses draps. N’insulte pas mon pays, vieillard. La France t’embrasse le c…. De la part du Parlement français."

Ce tweet digne des trolls les plus lourdingues sévissant sur les réseaux sociaux émane donc… d’un député. Dont la bannière, sur le compte Twitter, est une écharpe tricolore frappée de ces mots : "Député Son-Forget - Assemblée nationale - Pour la Paix et l’Humanisme" (sic)…

"N’insulte pas mon pays, vieillard"… mais qui, au juste, insulte qui ?

Car plus encore que Donald Trump, Joachim Son-Forget insulte au premier chef ceux qu’il est censé représenter : chacune de ses paroles officielles, et notamment lorsqu’elle s’adresse à un chef d’État étranger (quel qu’il soit), devrait être dûment pesée et millimétrée. Ce n’est pas en son nom propre qu’il parle, mais en celui de tous les Français, et c’est de diplomatie qu'il s’agit.

Il insulte les contemporains du président américain - 72 ans et plus, donc, de toutes nationalités et notamment français - dont il fait un portrait pour le moins peu flatteur… La seniorophobie n’est pas punie par la loi, doit-on en déduire qu’on peut donc se lâcher en toute impunité ?

Il insulte sa profession : on le sait médecin et si, même si l’on n’ignore rien de l’humour graveleux de salle de garde, on prête à ceux qui ont cette belle vocation un regard d’empathie et d’humanité, ou à tout le moins on ne les imagine pas décrire cyniquement ceux qu’ils ont vus dépendants en fin de vie.

Il insulte les parents qui essaient d’élever correctement leurs enfants et qui voient leurs efforts réduits à néant : si un député a le droit de s’adresser en toute impunité à un chef d’État de cette façon-là, pour peu que celui-ci l’ait agacé, pourquoi un élève ferait-il différemment à l’endroit d’un professeur horripilant ?

Il insulte l’avenir. Avenir des relations avec les États-Unis - gageons que cela n’a guère été apprécié là-bas -, avenir, surtout, du modèle idéologique dont ce tweet est emblématique et auquel les Français sont devenus allergiques : un mélange d’arrogance, de sans-gêne, de mépris, d’inconséquence, d’impulsivité mêlée d’égoïsme sous couvert de moralisme, alors que l’on est porteur de responsabilités qui engagent aussi les autres. Car les gilets jaunes sont avant tout dégagistes… ils savent moins ce qu’ils veulent que ce qu’ils ne veulent plus. Mais plus du tout.

Il insulte donc, in fine, le président, et ses petits camarades qui s'improvisent à grand-peine pompiers : chacun s’accorde à dire qu’il faut calmer le jeu, il se permet de jeter - et sans avoir été, à ma connaissance, recadré - un bidon de gasoil sur le feu ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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