Transport : les contrôleurs privés de caméras-piétons, pourtant plébiscitées !

gare de lyon

Ils sont furieux et craignent pour leur sécurité. A compter de ce mardi 1er octobre 2024, les contrôleurs de la SNCF, de la RATP et de vingt-cinq autres régies de transports régionales sont priés de retirer leurs caméras-piétons, un outil leur permettant d'enregistrer leurs interventions. L’expérience avait été lancée en 2020 et avait été plébiscitée : elle prend fin ce jour à cause de la dissolution prononcée par Emmanuel Macron, le 9 juin dernier. Une aberration !

Rappel des faits : en 2019, dans le cadre de la loi d'orientation des mobilités, le sénateur Philippe Tabarot propose que des agents volontaires soient, comme les policiers, les gendarmes et les militaires, équipés de caméras-piétons. Un texte permettant l’expérimentation du dispositif, pour une durée de quatre ans, est adopté. En juillet 2020, des milliers d’agents sont donc équipés. A la SNCF, ils sont plus de deux mille cinq cents, pour un coût de près de 2 millions d’euros.

Une franche réussite…

Rapidement, les agents sont conquis. Selon un sondage interne à la SNCF publié par L’Express, 96 % des agents volontaires souhaitent la pérennisation du dispositif et 85 % d’entre eux estiment que « la caméra-piéton a permis d’éviter un outrage ou une agression ». Pour les sociétés de transports, les résultats sont aussi concluants. Si concluants qu’elles mandatent l’UTPF, l’Union des transports publics et ferroviaires, pour qu’elle porte la pérennisation du port de caméras-piétons devant l'Assemblée nationale.

Problème, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, les travaux parlementaires sont interrompus. Surviennent la démission du gouvernement Attal, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre après 51 jours d’attente et un nouveau délai de 16 jours pour qu’un gouvernement soit formé. Le temps file et le texte législatif encadrant l’expérimentation n’est pas renouvelé avant son terme.

… suivie d’un raté

Le lundi 30 septembre, en quittant leurs postes, les contrôleurs équipés ont donc dû décrocher de leurs uniformes la fameuse caméra-piéton pour la ranger dans un carton, jusqu’à nouvel ordre. Les agents, leurs employeurs et l’Union des transports publics et ferroviaires ne décolèrent pas. Dans un communiqué publié sur son site, l’UTPF charge l’Etat qui n’a pas « veillé au maintien de l'usage des caméras piétons par les agents de contrôle des opérateurs de transport public et ferroviaire ». Elle dénonce une « absence de suivi particulièrement préoccupante pour la sûreté des agents de contrôle mais également pour celle des usagers » et demande à Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et à François Durovray, ministre délégué aux Transports, d’inscrire « au plus vite à l’ordre du jour de l'Assemblée nationale la proposition de loi sur la sûreté dans les transports ».

Contacté par BV, le ministère des Transports, accusé de négligences, n’a pas répondu à nos questions. Nos mails sont restés lettres mortes. Quant à nos appels, ils n’ont pas abouti car « les lignes téléphoniques n’ont pas encore été activées ». Les événements politiques de l’été ont, semble-t-il, bouleversé tout le fonctionnement étatique, des votes de lois aux services de presse.

Résultat : les contrôleurs, en première ligne face aux incivilités, aux intimidations et parfois aux agressions, sont aujourd'hui démunis. Une situation qui devrait durer au moins jusqu’au début de l’année 2025, le temps que le texte arrive enfin devant l’Assemblée nationale et qu’il soit voté. En attendant, les contrôleurs sont invités à prendre leur mal en patience.

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