Les tribulations de madame Hidalgo

Sale temps pour Anne Hidalgo et son équipe. Ce lundi 21 novembre, l’opposition municipale a soumis au Conseil de Paris ce qu’elle considère être un conflit d’intérêts majeur pour Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie et proche de Mme Hidalgo. Simultanément, celle-ci est également accusée d’avoir bénéficié d’un emploi fictif pendant deux longues années, qui lui aurait rapporté plus de 100.000 euros.

Ils avaient pourtant cru pouvoir échapper au scandale. Contacté à l’improviste par le magazine Challenges, Paul Le Goff avait préféré prendre les devants et déclarer : "Je démens absolument que Noctis m’ait embauché en contrepartie de l’attribution par Bruno du Showcase". Pour comprendre cette excuse non demandée, il faut avoir en tête que c’est l’époux de Paul Le Goff, Bruno Julliard, qui attribue les concessions de nombreux lieux de fêtes disponibles dans l’espace public.

Or, Paul Le Goff a été embauché par Noctis au mois d’août comme conseiller juridique, soit au même moment où cette société, "empire de la vie nocturne parisienne", gagnait l’appel d’offres pour la gestion de l’espace situé sous la culée du pont Alexandre-III, où se tenait jusque-là le Showcase, célèbre boîte de nuit de la capitale.

Pour l’opposition municipale, le conflit d’intérêts paraît simplement "évident", et ce, malgré les curieuses tentatives d’explication de M. Le Goff. En effet, s’il avance parfois des arguments d’ordre procédurier (comme lorsqu’il affirme que son cas "a été soumis à la Haute Autorité de la transparence"), il tente aussi maladroitement de faire pleurer dans les chaumières sur sa situation professionnelle : "Il faut bien trouver du boulot", affirme-t-il.

C’est vrai que les temps sont durs pour tout le monde… Sauf, peut-être, pour le nouvel employeur de M. Le Goff : le groupe Noctis réalise un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros par an, et ce ne sont pas les activités qui manquent. Car il paraît qu’on organise désormais toutes sortes d’événements dans l’ancien Showcase, notamment, fin octobre, une soirée libertine très particulière, "dans la lignée des soirées berlinoises SM les plus hard et les plus déjantées", lit-on dans Challenges. Heureusement que l’on peut compter sur Bruno Julliard et son mari pour offrir aux Parisiens ce type de soirées fort divertissantes, le tout dans le cadre de la politique culturelle de la municipalité.

Alors, bien sûr, Paul le Goff doit « trouver du boulot » : il n’est pas le seul, certains essayent même d’en trouver deux, ou disons qu’ils essayent de toucher deux salaires. Ainsi, en octobre dernier, Capital avançait que le maire de Paris aurait bénéficié, de 2001 à 2002, d’un emploi fictif au ministère du Travail pendant qu’elle était première adjointe de Bertrand Delanoë. 

Le 7 novembre dernier, Le Canard enchaîné confirmait ces informations et les documents révélés par Capital, en précisant que les montants alors perçus par Mme Hidalgo atteignaient les 116.000 euros. Selon le magazine économique, "après avoir été élue première adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris en mars 2001, Anne Hidalgo a continué de se faire payer pendant des mois par son administration d’origine, le ministère du Travail". Grâce à la mobilisation du syndicat SUD Travail, le ministère avait fini par demander à Mme Hidalgo qu’elle rende les sommes indûment perçues - ce qu’elle finira par faire partiellement.

En tout, l’édile parisienne aura remboursé 21.659,05 euros, ce qui laisserait un solde en sa faveur d’environ 100.000 euros. Une belle somme, qu’elle pourra peut-être utiliser pour venir en aide au brave M. le Goff, qui avait tant trimé pour s’insérer sur le marché du travail.

Gilbert Meurice
Gilbert Meurice
Consultant immobilier, juridique et fiscal

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois