[TRIBUNAL] Insulté par Hanouna, Boyard, « dépositaire de l’autorité publique »

Se plaçant en victime, venu sur le plateau pour parler politique, ses propos avaient tout d'une provocation.
Capture d’écran © BFMTV
Capture d’écran © BFMTV

Ce mardi 17 décembre se tenait le procès de Cyril Hanouna, poursuivi par le député Louis Boyard pour injure publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique, au tribunal correctionnel de Paris, après un renvoi le 18 novembre. L’affaire remonte au 10 novembre 2022, sur le plateau de Touche pas à mon poste !, où Boyard était invité à commenter la prise en charge de réfugiés par l’Ocean Viking. Dans cette séquence, Boyard avait vertement critiqué Bolloré pour ses actions en Afrique, ce qui lui avait valu d’être insulté copieusement par l’animateur vedette.

À l’audience, les accusés Cyril Hanouna, présentateur de l’émission Touche pas à mon poste !, et Maxime Saada, président-directeur général de Canal+, sont absents. Me Stéphane Hasbanian et Me Olivier Chappuis les représentent respectivement. La séquence vidéo de la passe d’armes est projetée : « Espèce d’abruti » ; « T’es un abruti » ; « Tocard, va » ; « Bouffon, va » ; « Toi, t’es une merde ». Tel est le florilège d’insultes lancées par Cyril Hanouna à l’égard de son ancien protégé Louis Boyard, au cours d’une séquence intense de neuf minutes. Les injures citées, retenues par le tribunal, sont proférées, selon M. Boyard, en sa qualité de député, tandis que la partie adverse explique qu’elles le désignent comme ancien chroniqueur. Le député dénonce, également, une tentative de censure de la part de l’animateur vedette pour avoir critiqué Vincent Bolloré, le propriétaire de la chaîne C8. Quant aux avocats des prévenus, ils pointent une provocation de la part de Louis Boyard.

Les intentions pures de Louis Boyard 

Pourtant connu pour ses nombreuses provocations, le député explique qu’il n’est pas venu pour faire un clash. Il rappelle qu'il intervient sur les plateaux pour faire de la politique. Selon le bandeau en bas d'écran, il est bien là en tant que député. Revêtu du costume de la vertu, le député rappelle que le programme politique de LFI dénonce la concentration des médias et défend la cause de l'immigration, et que c’est dans cette démarche qu’il intervient.

Interrogé sur l’accueil des clandestins par l’Ocean Viking, il explique avoir d'abord insisté sur Patrick Pouyannet, président de Total, et son projet pétrolier en Ouganda, puis avoir parlé de l'implication de Bolloré, car Hanouna lui demandait de s'expliquer dessus, répétant ceci : « Bolloré est en procès contre 150 Camerounais qu’il a pillés en déforestant le Cameroun avec ses projets d’huile. » Une assertion hardie, majorant très fortement la responsabilité du groupe Bolloré qui « ne possède que 9,35 % du capital de cette plantation camerounaise, alors que l'État camerounais est actionnaire, lui, à 27 % », expliquait à l’AFP l’avocat du groupe Bolloré, Me Olivier Baratelli, ajoutant que Socfin (la holding luxembourgeoise détenue à 38,75 % par Bolloré, NDLR), « n'exerce aucun contrôle opérationnel sur ses plantations ».

Me Chappuis, l’avocat de Maxime Saadé, récuse la justification de Louis Boyard : « Quel est le rapport entre l'Ocean Viking et la déforestation de Bolloré ? Il faut arrêter de nous faire avaler des couleuvres. »

Hanouna tombe dans le piège

Me Chappuis, l’avocat de M. Saada, va plus loin sur les intentions du jeune député, puisqu’il affirme que la provocation était préméditée. C’est ce qu’auraient souligné des membres de LFI, selon lui. À la question de savoir si Boyard avait préparé son coup, l’ex-députée Raquel Garrido aurait répondu favorablement. « Cette séquence s'est passée exactement comme il aurait pu l'espérer, un rêve pour Boyard. Il a bu du petit-lait en voyant à quel point Hanouna était sorti de ses gonds », déclare, non sans humour, l’avocat de Saadé. Il explique même que la plainte pour injure avait pour objectif d’éluder la question de la provocation.

Par ailleurs, l’avocat tempère la portée des qualificatifs employés par Hanouna : « [Le qualificatif de] "mon chéri" montre bien qu'il ne faut pas prendre le lexique d'Hanouna à la lettre, au même titre que quand il emploie le terme de "merde" : il ne le considère pas comme une matière fécale. » Il fait même remarquer que le député n’a pas la réaction de quelqu’un qui se sent insulté. « Boyard est un professionnel de l'agitation politique et il explique qu'il était stupéfait par la réaction d'Hanouna », remarque Me Chappuis. Boyard connaissait les éléments de langage de ce programme auquel il participait avec l’emploi de mots comme « déconner » et « merde », lors de précédentes éditions, pointe l’avocat de l’animateur, Me Hasbanian. Il va encore plus loin pour dénoncer une malhonnêteté intellectuelle : « Manon Aubry utilisait aussi le qualificatif de "tocard" envers Bruno Le Maire. Il faut une cohérence. On ne va pas maintenant pleurer d'être traité de tocard, en ratant un jour à l'Assemblée aux frais du contribuable que nous sommes. »

L’avocate de Louis Boyard réclame une condamnation de 10.000 euros contre Cyril Hanouna. Délibéré le 20 février 2025.

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Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

48 commentaires

  1. En fait d’autorité publique, c’est plutôt un anarchiste et un agent de l’étranger, en l’occurrence de la Palestine et du Hamas. Il devrait être poursuivi pour intelligence avec l’ennemi.

  2. LUI ??? … Dépositaire de l’Autorité Publique alors qu’il brandit avec ses complices le drapeau de la Palestine PLUTÔT que NOTRE drapeau National ???… Qui s’introduit dans les Universités pour semer la révolte alors que Normalement pour se faire respecté qu’il devrait faire en sorte de trouver des solutions pour sortir NOTRE Pays du bourbier MACRON-LE MAIRE !!!…

  3. Le vrai scandale c’est l’élection à la députation de cet ancien dealer qui passe son temps à rabaisser le respect qu’on doit à l’institution de l’AN

  4. Cyrille Hanouna a le « langage rude des hommes d’actions ». Quand on est une chaisière effarouchée on ne vient pas dans ses émissions. La justice est instrumentalisée dans ce combat politique. Si ils tombent sur un juge du syndicat de la magistrature, le verdict sera sans surprise, complices de l’arcom.

  5. Ce Boyard ne doit pas nous faire oublier qu’il avait en face de lui un Cyrille Hanouna. La Démocratie défendue par ces gens-là, waouh !

  6. Un « dépositaire de l’autorité publique » se doit en effet d’être respecté… Encore faut-il qu’il soit respectable. L’attitude de nos « nouveaux » élus ne correspond hélas plus très bien avec les critères de respectabilité qu’on nous a enseigné. Alors, faut-il qu’on modifie nos critères ou que les élus modifient leur attitude ? C’est vous qui voyez !

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