[TRIBUNE] 11 novembre : « Ils ont des droits sur nous »
4 minutes de lecture
Le 20 novembre 1917, Clemenceau, alors président du Conseil, prononça un discours devant la Chambre des députés qui est resté fameux en raison de cette phrase : « Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. » La commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 est l’occasion de réfléchir à ces mots.
Clemenceau, en publiant le 12 avril 1917 la correspondance de l’empereur et roi Charles de Habsbourg proposant une paix séparée à la France, avait ruiné les possibilités de succès de cette initiative qui aurait pu mettre fin à la guerre près de deux ans plus tôt. Il aurait épargné ainsi des millions de vies et sauvegardé l’existence de la double monarchie austro-hongroise, facteur d’équilibre européen. Mais sa haine de cet empire catholique était telle qu’il faisait bon marché de la vie des Français pour parvenir à sa destruction. Quels droits avaient donc ces Français jetés dans la bataille face à la haine idéologique de ce Vendéen « bouffeur de curés » ? Dans un discours célèbre du 29 janvier 1891, Clemenceau avait affirmé que « la Révolution française est un bloc dont on ne peut rien distraire » et poursuivi : « cette admirable Révolution par qui nous sommes n’est pas finie… Il faut donc que la lutte dure jusqu’à ce que la victoire soit définitive. » Détruire l’Empire austro-hongrois s’inscrivait dans cette logique idéologique. Au prix de millions de vies, au prix d’une déstabilisation de l’Europe centrale qui allait subir tour à tour le joug totalitaire nazi puis marxiste-léniniste. Encore des millions de morts innocents. Car l’idéologie révolutionnaire compte pour rien la vie de ceux qui ne « sont pas dans le sens de l’Histoire ».
Aujourd’hui encore, les enragés de LFI s’inscrivent dans cette logique folle et, avec eux, leurs alliés du Nouveau Front populaire, idiots utiles qui suivent comme des moutons de Panurge et seraient avisés de se pencher un peu sur l’histoire des révolutions française ou bolchevique pour voir le sort qui attend les « indulgents » ou les socio-démocrates.
Gâchis du sacrifice consenti par nos aïeux
Mais l’idéologie révolutionnaire rend aussi stupide. Ce que Louis XV et Talleyrand avaient compris, à savoir que l’Empire d’Autriche était facteur d’équilibre européen et que sa disparition encouragerait l’impérialisme allemand puis russe, Clemenceau, vraie-fausse gloire française, l’avait oublié plus d’un siècle plus tard. Entre 1914 et 1918, 1,5 million de Français sont morts pour préserver notre indépendance et notre liberté. Cette guerre était supposée être « la der des der ». Nous savons ce qu’il en a été. La IIIe République, après avoir mené la France à une « étrange défaite », selon le titre de l’ouvrage de Marc Bloch, l’a jetée dans les bras d’un vieil homme de 84 ans qui mena la honteuse politique que l’on sait.
La réalité est que la classe politique d’alors a gâché l’immense sacrifice consenti par nos aïeux, par sclérose bureaucratique, mépris du peuple, intérêt partisan et incapacité à rassembler un pays profondément désuni. Ce qui nous rappelle de façon amère certains aspects de notre présent.
De notre indépendance si chèrement préservée, que reste-t-il ? Soi-disant pour préserver la paix, nous avons abdiqué notre indépendance et notre liberté d’action entre les mains d’une nomenklatura européenne qui invente à notre place notre futur au nom d’un intérêt européen aussi technocratique qu’idéologique. Un système qui n’a rien ni de fédéral ni de confédéral, mais vise à instaurer une sorte de super-État unitaire et uniformisateur, qui prétend embrasser tous les aspects de la vie économique et sociale et réduit la France au rang de sous-préfecture d’un système mondialisé mercantile et technocratique.
Alors, oui, si nous devons préserver le « devoir de mémoire », pour reprendre l’horrible formulation politiquement correcte, c’est d’abord pour rendre hommage au courage et à l’esprit de sacrifice de nos aïeux, mais aussi apprendre aux Français d’aujourd’hui qu’il existe un bien commun supérieur à nos désirs personnels qui s’appelle la France. Et rappeler à ceux qui nous gouvernent ou aspirent à le faire les mots de Louis VI le Gros à son fils, sur son lit de mort : « Souvenez-vous mon fils, et ayez toujours devant les yeux que l’autorité royale n’est qu’une charge publique, dont vous rendrez un compte très exact après votre mort. » Mais ces gens dont l’avenir est borné par l’émotion de l’instant ou la prochaine échéance électorale peuvent-ils encore comprendre ces paroles où pointe l’éternité ?
Thématiques :
11-Novembre
19 commentaires
A lire l’histoire et la fin de Charles Ier et de la reine Zita. Ayant vu l’atrocité des combats celui-ci avait voulu mettre fin au conflit pour éviter des souffrances inutiles à son peuple. Dénoncé par Clemenceau l’accort avait capoté. Charles Ier a dû s’exiler comme un traitre à la nation et est mort aux Canaries. Son épouse est retournée bien des années plus tard en Autriche alors que la vérité historique avait été connue et fut accueillie comme une icône vivante pour avoir voulu soulager le peuple de ses souffrances inutiles imposées par cette guerre affreuses.
Nous Français l’école de la république nous présente Clemenceau comme un héro « le père la victoire ». Alors qu’il est responsable de milliers de morts et blessés supplémentaires à cause de son entêtement idéologique.
Le texte est excellent. Cependant : Nous vivons dans une société infectée par l’idéologie mondialiste; il n’était pas meilleur pour le peuple de France de vivre dans une société soumise à l’hyper-nationalisme. Quand on connait l’histoire vraie, dans les deux cas, c’est le Profit de quelques uns, restés bien à l’abri des risques, qui est à l’origine de tout. Ce qui a changé c’est seulement l’idéologie utilisée pour détruire les peuples, et la manière de le faire. Les responsables de ces désastres ne sont pas les mêmes, mais leurs pareils.
1) Le 28 Juin 1919 est signé à Versailles le Traité de Paix qui met réellement fin à l’état de guerre commencé le 28 Juillet 1914 par la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Ce Traité rédigé en anglais par Georges CLEMENCEAU qui le parlait couramment, avec sa traduction en français, sera généralement considéré comme une des causes de la guerre de 39-45. En anglais ! Horresco referens !
2) Si votre ancêtre en ligne directe est » mort pour la France » (mention MPLF sur l’acte de décès), la SNCF vous offre un billet annuel depuis votre domicile pour honorer sa tombe ( en 1ère classe pour 14-18 , en 2nde classe pour 39-45 ) . Voulez-vous les détails ?
Et malgré toutes ces commémorations, Macron n’a toujours pas compris qu’il est le président de la France et des Français. Je ne comprends même pas qu’il soit encore président de la république française : que fait-il, qu’a t’il donc fait de positif pour la France depuis 10 ans, voire plus puisqu’il était ministre en campagne électorale sur le budget de son ministère.
« il existe un bien commun supérieur à nos désirs personnels qui s’appelle la France ».
Oui, la FRANCE et non la république couverte du sang d’innocents Français (de1789 à nos jours). Une république qui devient de plus en plus la république des ripoux.
Merci de cet article qui remet les pendules à l’heure. ;
L’horreur de la première guerre mondiale a exacerbé l’idée pacifique. Le pis allé du traité de Versailles aurait pu éviter la deuxième si tous les moyens avaient été mis pour en contrôler l’application. Mais les dirigeants de l’époque, comme ceux d’aujourd’hui n’ont aucune vision à long terme et ne pense qu’à leur réélection. Napoléon premier avait compris que le pouvoir pour être efficace se doit d’être transmis à un héritier filial.
Clemenceau, la franc-maçonnerie dans ses oeuvres ! Lui qui plaisantait sur « les cimetières qui sont remplis de gens indispensables », ceux qu’il a envoyé au casse-pipe, vivait dans un château, ancien « bien national », acquis par ses ancêtres !!!
Merci de nous rappeler qui fut cet individu !
La réponse est non
Ils ont des droits sur nous !! Clemenceau voulait surement dire » Sur nous , les socialistes » !! Après tout , les socialistes , c’est 23 ans de guerre sans discontinuer de 1939 à 1962 !!
A M. Macron : les Français se sont battus pour la France et non pour l’Europe !
Clemenceau, en signant l’armistice et en humiliant les Allemands, il a préparé le terrain vingt ans plus tard d’une deuxième guerre mondiale plus féroce.
« Un peuple humilié est un peuple dangereux » disait À. Camus
Bon rappel de l’histoire , histoire qui se répètepourtant par la faute des dirigants de nombreux pays et ce sont les hommes , ,les femmes et les enfants qui en paient le prix .
Alors que dire de ce que fomente macron au niveau de l’UE concernant « une défense européenne » ? ! …
Parler de Clémenceau pour « passer » très vite sur les belligérances continuelles dans toute l’Europe des austro-hongrois est « un peu facile » ! …
L’Histoire est un éternel recommencement ? ! … Alors pourquoi avoir « tout fait » pour continuer à subir les manigances de l’Allemagne dans cette UE ? ! … A qui rapporte ce crime « démocratique » ? …
« Ca » a permis de créer une « usine à gaz » pour y caser des incapables nuisibles à souhait contre les pays européens ! ? …
er auto proclamer avec une impératrice qui nous considère comme quantité négligeable et nous avons pour notre malheur un président et un premier ministre ultra ue
Merci de nous rappeler ce fait majeur de l’histoire européenne et mondiale qu’à été la disparition de l’ empire austro-hongrois, qui a ouvert la porte aux totalitarismes meurtriers du vingtième siècle. Un bon exemple, toujours d’actualité, de ce qui advient lorsque les dirigeants sont les serviteurs d’une idéologie au lieu d’être ceux du peuple.
Brillant exposé. Merci M Buffetaut de nous rappeler quelques réalités historiques.