[TRIBUNE] Acte II du choc des savoirs : Perseverare diabolicum…
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Mme Genetet, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé « l’acte II » du « choc des savoirs ». On ne sait plus si l’on doit rire ou pleurer devant ces formules aussi martiales qu’elles sont creuses.
Pour élever le niveau de notre École, la ministre de l'Éducation nationale @AGenetet a présenté ce matin l'acte II du Choc des savoirs.
Découvrez les principales mesures et leur calendrier de mise en œuvre— Ministère Éducation nationale (@education_gouv) November 12, 2024
Cette annonce intervient au moment même où l’Assemblée nationale vient de rejeter la partie recettes du projet de loi de finances pour 2025, rendant donc impossible l’examen de la partie dépenses, où le budget de la mission enseignement scolaire – 88 milliards d’euros – tient une place centrale.
Une fois encore, la représentation nationale sera privée d’un débat pourtant fondamental, puisqu’il concerne l’avenir de nos enfants et, bien sûr, l’avenir de la nation.
La concomitance de ces deux événements n’est pas sans signification symbolique : 88 milliards, plus de 6,8 % du produit intérieur brut de la nation et pas un mot, pas une phrase d’explication, pas de contestation possible dans l’enceinte sacrée de l’Hémicycle. Il y aurait pourtant tant à dire ! Un budget considérable, en augmentation continue depuis des années. Mais des résultats médiocres, voire misérables aux évaluations internationales, une fracture scolaire de nature sociale et culturelle, un baccalauréat sans aucune valeur académique, des étudiants de première année qui échouent pour 50 % d’entre eux, des élèves classes prépa dont l’inculture désole leurs professeurs… Ne serait-il pas venu le temps de la réflexion, de l’analyse, de l’introspection, de la projection vers l’avenir ? « France, qu’as-tu fait des promesses de ton école ? », serait-on tenté d’oser dire.
Éléments de langage ministériels
Mais non, nous aurons un « acte II d’un choc des savoirs » qui n’a jamais existé que dans les éléments de langage ministériels. De quoi s’agit-il ? D’une collection de mesures anciennes et recyclées et de quelques nouveautés organisationnelles glanées çà et là, y compris dans le programme du RN !
On y trouve, pêle-mêle, le maintien des évaluations dans le primaire et au collège, la labellisation des manuels, la rénovation des programmes, le maintien des groupes de besoin en 6e et 5e et un nouveau dispositif - fort complexe, comme il se doit – de soutien en 4e et 3e, une réforme du brevet, une nouvelle épreuve anticipée de mathématique au baccalauréat… Ouf !
Que les groupes de besoins n’aient été installés que dans 40 % à peine des collèges par suite de la réticence des syndicats de professeurs et de personnels de direction, que l’inspection générale n’ait pas encore eu le loisir d’évaluer les résultats que produisent les groupes de besoins, qu’importe ! Avançons, avançons, car ainsi le veut le président de la République et, bien sûr, Gabriel Attal, qui a reniflé avec la question éducative le brouet de belles campagnes d’opinion.
Qu’à force de cours de soutien à tous les étages le collège ressemble plus à un grand blessé couvert de pansements qu’à un athlète olympique, nul ne s’en soucie. Pourtant, le modèle du collège unique est mort depuis longtemps et il convient urgemment d’en inventer un autre.
Que le baccalauréat se voie réformé pour la dixième fois depuis son bouleversement par Jean-Michel Blanquer et qu’une épreuve de mathématiques en première ne rendra pas cet enseignement plus efficace ni plus attractif pour les élèves, peu nous chaut ! Où est la promesse d’une conférence nationale des mathématiques qui interroge enfin sérieusement l’enseignement de celles-ci à tous niveaux de l’école ?
Et tout est à l’avenant. Nous sommes en présence d’une nouvelle mouture de gouvernement performatif. Des mots, des phrases, des formules sans effet sur un réel que nos élites ministérielles sont bien incapables d’appréhender et d’affronter.
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18 commentaires
Le plus simple serait que le ministère de l’éducation nationale ( formatage du régime républicain) de transforme en ministère de l’enseignement public .
Ça plane pour elle… lunaire.