[TRIBUNE] Affaire Nahel : policier et meurtrier, le scandaleux amalgame

Plusieurs éléments expliquent certainement la décision du procureur de la République de Nanterre.
Nahel Nanterre

Ce mercredi 5 mars en matinée, de nombreux policiers manifestaient leur colère et leur incompréhension devant leurs commissariats, face à la décision du parquet de Nanterre de renvoyer le policier Florian M. en cour d’assises, du chef de « meurtre » dans le cadre de « l’affaire Nahel ». Entre tristesse, désabusement et colère, tous les policiers présents ne manquaient pas de souligner le caractère intolérable d’une telle décision. Comment comprendre, répétaient-ils, que l’on puisse laisser entendre qu’un policier peut froidement attenter à la vie de l’un de ses concitoyens alors que nous sommes justement là pour les protéger ? Au moment où la police nationale connaît une véritable crise des vocations et que les démissions n’ont jamais été aussi nombreuses, il y a fort à parier que cette décision aura bien du mal à passer, parmi les forces de l’ordre, et aura de graves conséquences.

« L’affaire Nahel », il est vrai, a pris dès le départ un tour polémique dont il était évident qu’elle aurait du mal à se départir. Le président de la République, en procédant dès les premières heures à une atteinte directe à la présomption d’innocence due au policier mis en cause, n’a fait qu’envenimer une situation déjà difficile. Chacun se rappelle les jours et nuits d’émeutes qui suivirent, confirmant, si nécessaire, qu’aucune concession démagogique à des délinquants disposés à en découdre avec l’État ne pouvait constituer un élément susceptible de maintenir la paix sociale.

Le syndrome « Rémi Fraisse » ?

Plusieurs éléments expliquent certainement la décision du procureur de la République de Nanterre. Et sans doute la volonté de ne pas raviver de vieilles plaies a-t-elle joué pleinement. À cet égard, nous verrons si ce calcul est juste, en particulier au moment du prononcé du jugement. Mais il est sans doute une autre raison. La France, très récemment, a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme dans le cadre de « l’affaire Rémi Fraisse », ce manifestant décédé suite au jet d’une grenade par un gendarme en 2014. Il y a ainsi fort à parier que le parquet de Nanterre n’ait pas voulu exposer notre pays à une possible nouvelle condamnation à venir de la part de la même CEDH. C’est la triste conséquence de la soumission de notre droit national au droit international.

Vers la trahison d'une vocation

Il ressort de ces faits que les incertitudes juridiques qui pèsent de plus en plus sur nos forces de l’ordre finiront par devenir de véritables obstacles à l’exercice du métier de policier. Déjà souvent empêtrés dans un Code de procédure pénale qui ne cesse de faire le jeu des délinquants sous prétexte de protection des libertés individuelles, s’ajoutent de manière désormais prégnante les possibles censures de juridictions internationales qui, à défaut de se faire les protectrices des honnêtes gens, se posent en garantes des droits des criminels.

Face à ce qui relève désormais d’une réalité quotidienne pour nos forces de l’ordre, celles-ci doivent dorénavant composer avec le risque bien réel de mourir en service sous les coups de criminels qui ne reculent plus devant rien. De faire l’objet de poursuites disciplinaires et pénales parce qu’ils auront voulu coûte que coûte faire leur devoir. Ou bien refuser de prendre des risques inconsidérés pour eux-mêmes et leurs familles, quitte à trahir leur vocation et le pacte sacré qui les unit à la nation.

Sans un sursaut salvateur dont il n'est nullement question aujourd’hui, l’avenir sécuritaire de notre pays paraît bien compromis. Mais, finalement, qui s’en soucie ?

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Seuls les juges sont incapables de comprendre que lorsque vous tenez un pistolet pointé vers le bas, et que la voiture contre laquelle vous êtes appuyé démarre brutalement, vous avez un brusque mouvement de recul qui vous fait vous renverser en arrière, avec une crispation réflexe qui fait partir le coup bien involontairement. Mais évidemment si on demande aux juges de comprendre l’évidence……! Déjà Macron ne l’avait pas comprise….mais c’est pardonnable de sa part car notre Chef des Armées n’a jamais fait la différence entre un pistolet et un arc à flèches.

  2. C’est désolant de voir les policiers descendre dans la rue et on les comprend. Le jour où l’on verra les magistrats gavés à la harangue Baudot y descendre à leur tour pour manifester leur mécontentement, c’est que nous auront enfin élu quelqu’un capable de revoir complètement les lois qui leur permettre de délivrer des jugements contre l’avis de la majorité du peuple.

  3. J’ajoute que vu ce renvoi et son motif, on a pas fini d’avoir des émeutes chaque fois qu’un policier fait son boulot. Ca va faire des émules, plus besoin de juges, la justice ça sera la loi de la rue

  4. moi si j’étais policier je regarde ailleurs chaque fois que je vois un délit…. les gens votent pour ce laxisme vis à vis de ceux qui défient les lois, qu’il en assument des conséquences jusqu’au bout. Espèrons seulement que ce policier bénéficiera d’un acquittement, maigre consolation pour une famille brisée en ayant juste fait son métier

  5. Si NAHEL avait été issu de la communauté Russes , il y a longtemps que le « brave policier » serait tranquille !!Mais voila ce n’est pas le cas et il ne faut pas provoquer les banlieues par peur de revivre ce que l’on a connu !! Mais ne vous inquiétez pas Messieurs les dirigeants ,cela risque de revenir tôt ou tard malgré votre couardise !!

  6. En cas de condamnation, je vous garantis que la question de la grâce présidentielle pour ce policier sera un argument de campagne !

  7. Avec le régime actuel, les crapules sont des héros innocents et les vrais innocents et honnêtes gens doivent être punis. C’est le monde à l’envers, mais quand on sait que le « chef des armées » n’a même pas fait son service militaire, il ne faut pas s’étonner d’un manque de jugement de valeur. IL FAUT LIBÉRER CE POLICIER IMMEDIATEMENT et mettre les vrais bandits et crapules en prison.

    • L’inversion des valeurs est un des piliers de « 1984 », tragédie de notre état réel.

  8. Si la raison de la qualification de meurtre réside dans la peur qu’ont les magistrates à l’égard de la CEDH, alors soit on cède et on dissous la magistrature française qui devient inutile et dispendieuse,après tout, Macron a bien supprimé le corps diplomatique et le corps prefectoral, soit on relève la tête et l’on quitte cette officine islamo-gauchiste qu’est devenue la CEDH.

  9. Je ne vois pas comment un juge peut sur simple photo ou vidéo prendre une décision de meurtre envers le policier cette personne n’était pas sur place condamné des gens qui ont tué et non des personnes qui défende votre loi tout les jours et ce jeune qui est dcd je regrette mais il avait fait quoi exactement refus de s’arrêter il ne valait pas sa mort mais les risques il les a pris voilé le résultat

  10. « Je fais confiance à la justice de mon pays « !! Phrase à prohiber en fonction de la peur des banlieues !!

  11. On ne peut qu’adhérer à la colère compréhensive de nos forces de l’ordre, comment dans ce cas ne pas donner des motifs de désobéissance à la délinquance. Cet épiphénomène a donné lieu à assez de dégâts dans nos villes , sans attiser les braises , une justice qui nous laisse chaque jour dubitatifs.

  12. Les juges sont sous la coupe de l' »Europe » pour le haut et sous la coupe de la « rue » pour le bas. A part çà, ils sont indépendants !

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