[Tribune] Agriculture : l’hypocrisie des eurodéputés macronistes
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Depuis quelques jours, les élus et porte-parole de tous les horizons politiques se livrent à un bal des hypocrites où le niveau de mensonges et de désinformations atteint des sommets. Les manifestations légitimes des agriculteurs qui secouent l’Europe entière suscitent une vague de soutien populaire qui provoque aussi de nombreuses tentatives de récupération. Et pourtant, le Rassemblement national est bien le seul parti qui travaille et qui alerte depuis des décennies sur les difficultés que subissent les agriculteurs.
Premier rappel essentiel : le groupe majoritaire au Parlement est le PPE, où siègent les députés LR et dont est issue Mme von der Leyen. Lorsque M. Bellamy et ses collègues critiquent la Commission européenne, ils occultent leur propre proximité politique.
Les normes étouffantes du Pacte vert
Les éleveurs et les agriculteurs étouffent sous le poids des normes européennes. Depuis son arrivée à la tête de la Commission européenne en 2019, Mme von der Leyen a poussé le Pacte vert (ou Green Deal), un ensemble de politiques environnementales qui vise à réguler de nombreux secteurs de nos sociétés, souvent au détriment du bon sens. Des stratégies comme celle « de la ferme à la fourchette » contiennent des objectifs qu'il faut atteindre dès 2030. Et pour cela, c'est à grands coups d'obligations et de normes coercitives que la cadence est donnée : diminution de 10 % des surfaces cultivées sur le continent, baisse de moitié des usages de pesticides et d’antibiotiques vétérinaires ou encore baisse de 20 % des épandages d’engrais.
Selon les propres services de la Commission européenne, cette décroissance de l’agriculture européenne entraînerait une baisse de la production de 14 % pour la viande (-17,5 % pour la viande bovine, -15 % pour le porc et la volaille), de 15 % pour les céréales et les oléagineux ou encore 13 % des fruits et légumes. Ce texte a été pourtant adopté en 2021 au Parlement européen avec les voix des macronistes, des socialistes, des Verts et de LFI.
Le poids de la concurrence extra-européenne
Attaqués de l’intérieur par les normes européennes, les agriculteurs font également face à la concurrence extra-européenne. Les nombreux accords de libre-échange signés avec le monde entier mettent à mal les produits européens. C’est le cas, par exemple, de l’accord signé entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, catastrophique pour les éleveurs européens. Il prévoit, en effet, l'importation de 10.000 tonnes de viande bovine, de 38.000 tonnes de viande ovine, de 25.000 tonnes de fromage ou encore de 36.000 tonnes de beurre. Soulignons, aussi, la catastrophe écologique de faire venir ces produits d’un pays distant de 18.000 kilomètres au moment où l’UE souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le vote final sur ce texte a eu lieu le 22 novembre 2023 au Parlement. Les macronistes ont voté pour, les LR ne s’y sont pas opposés et se sont « timidement » abstenus (alors que la majorité du PPE a voté pour). Bien sûr, nous avons voté contre.
L'Ukraine sature le marché
Autre sujet sensible : le libre accès des céréales et volailles ukrainiennes au marché européen. Depuis le début du conflit russo-ukrainien, les institutions européennes ont cédé sur tout aux demandes ukrainiennes. Tant pis pour nos agriculteurs ! Même les plus fervents soutiens de l’Ukraine, comme la Pologne, ont dû réinstaurer des barrières à l’entrée des céréales ukrainiennes, face à la concurrence mortelle que cela engendrait pour leurs agriculteurs. En 2018, l’Ukraine était le cinquième producteur mondial de maïs et le huitième producteur de blé. On mesure la menace pour nos producteurs. L’importation des denrées alimentaires ukrainiennes, censées transiter en Europe pour être exportées dans le monde entier, cause d'énormes difficultés à de nombreux secteurs français. Des millions de poulets ukrainiens ne respectant pas nos normes se sont retrouvés dans la grande distribution, entraînant des prix cassés, fatals à nos propres produits de qualité. Le RN est le seul parti politique français à s’être opposé à cette libéralisation des échanges avec l’Ukraine. Les macronistes, les Insoumis, les Républicains... tous ont voté pour.
Enfin, dernier événement en date, le vote en commission, mercredi 23 janvier, d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Chili. Au moment même où les agriculteurs protestaient à l’entrée du Parlement contre ce type de texte, une majorité d’eurodéputés, macronistes en tête, a voté pour l’accord, qui permettra ainsi l’importation de 18.000 tonnes de volailles et de 9.000 tonnes de viande porcine. On aimerait connaître ce qu'en pense vraiment M. Attal...
Ce sont bien les groupes politiques de Mme von der Leyen, de MM. Macron-Attal et de M. Bellamy qui mènent la danse à Bruxelles et à Strasbourg et qui plombent notre agriculture. Alors, que M. Attal et M. Macron nous disent ce qu'ils vont faire, plutôt que de raconter tout et son contraire. C'est en examinant les votes de leurs députés que tout s'éclaire, raison pour laquelle cette petite mise au point me semblait nécessaire !
[Jean-Paul Garraud est président de la délégation RN au Parlement européen.]
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40 commentaires
Mm erci pour cet article. Il faut espérer que pour les élections européennes les français se réveillent enfin.