[TRIBUNE] Cinq mesures urgentes pour sauver les paysans

La crise agricole a été invisibilisée par d'autres actualités, mais reste une urgence prioritaire.
Photo Pexels Seb
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Le psychodrame algérien dans lequel s’engluent l’Élysée et le gouvernement, l’endettement de la France qui s’accroît de l’incurie des mêmes et de leur incapacité à réformer l’État dépensier, eux qui s’apprêtent à solliciter à nouveau le contribuable plutôt qu’à réduire le train de vie de cet État, l’orgueil des sachants au pouvoir, sans expérience ni bon sens et qui nous récitent leurs cours de Sciences Po pour nous faire croire qu’ils maîtrisent leur sujet… toute cette panoplie d’irrésolutions et de gabegies, à laquelle s’ajoute la prédominance de la compétition électorale en prévision d’échéances espérées rapprochées, éloigne d’autant l’examen des problèmes de fond porteurs de redressement économique, social et politique.

Des mesures ciblées

Voilà qui chasse de l’actualité le déclin de l’agriculture française, en recul pour le plus grand profit de ses concurrents internationaux et européens. Le ministre a cru y répondre par une loi : il enfonce les portes ouvertes. Cette loi ne servira à rien. Aussi, puisqu’il semble que l’imagination lui fait défaut, marions l’efficacité à la simplicité pour lui proposer dans l’urgence un train de mesures ciblées.

À savoir :

1) faire voter une loi rectificative de suppression des 137 surtranspositions agricoles françaises du droit européen qui créent des distorsions de concurrence au détriment des agriculteurs français ; car ce que la France a fait, elle peut le défaire, n’en déplaise à Bruxelles ;

2) diviser par deux le nombre des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture, qui sont aujourd’hui 36.000 pour 300.000 agriculteurs alors qu’ils étaient, en 1990, 18.000 pour 1.200.000 paysans ;

3) intégrer les 3.000 agents de la mission biodiversité au sein des effectifs ci-dessus dans les directions agricoles départementales restaurées, ce qui les rendra plus sensibles au développement agricole et contribuera à la protection des terres cultivables, à l’inverse de leurs collègues de la direction des territoires, acteurs complaisants de l’artificialisation des sols ;

4) la profession agricole (8.000 salariés aux chambres d’agriculture) doit consentir au même effort. Elle ne peut exiger de l’État ce qu’elle ne veut pas faire elle-même. La technostructure des grands groupes coopératifs et du Crédit agricole doit privilégier le service aux agriculteurs à son appétit de puissance et en faire la démonstration maintenant par des aides conjoncturelles ;

5) supprimer les normes contraignantes dont le but est plus de donner des gages aux idéologues de l’écologie que de veiller à la conservation de territoires, et réprimer sans indulgence les atteintes aux biens et aux personnes dont sont victimes les agriculteurs, principalement les éleveurs.

Tout ce qui précède est immédiatement réalisable parce qu’il est de la seule responsabilité française. Après viendra le noyau dur, l’inévitable affrontement avec la Commission européenne pour mettre fin à son autoritarisme et à ses dérives. Une belle occasion que nous offre la remise en cause brutale du commerce international par le président des États-Unis Donald Trump.

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François Guillaume
Ancien ministre de l’Agriculture

Vos commentaires

30 commentaires

  1. L’incompétence de ces gens-là vient du fait qu’ils n’ont jamais travaillé en entreprise, qu’ils se font confiance et qu’il n’y a jamais de contrôles ni sur leur travail, ni sur leurs capacités. J’ai rendu services longtemps à une administration pour dépanner un ami, j’ai vu comment cela se passait, un jour ils décident de faire une action en faveur d’une catégorie professionnelle, qui coûtait une fortune, tel que c’était prévu, je n’étais pas concerné mais comme mon métier consistait à faire du conseil, je voyais qu’il était évident que c’était de l’argent dépensé pour rien. Effectivement ce fut un flop, j’étais là lorsque la secrétaire dit au responsable que le préfet demandait un retour sur cette expérience, le responsable répond au pif :  » dites lui que c’est un succès 85% des prévisions un peu élevées ont été réalisées », personne vérifie on fait confiance au responsable, et encore si le préfet n’a pas répondu au ministère on a eu 110% de réussite par rapport aux prévisions, allez savoir, ça marche comme ça, 45 ans de contact avec les administrations je pourrais écrire un livre. Puis à un certain niveau c’est un entre-soi, il n’y a qu’à voir les voeux du conseil général où des sommes faramineuses sont dépensées pour inviter les copains, on a tout compris.

  2. Tout ça est bien. Mais rien qui ne soit directement favorable aux exploitations familiales. On continuera à les voir disparaître, et les grosses sociétés agricoles se développer avec l’emprise de la « financiarisation » de l’agriculture. Tous salariés, tous esclaves !

  3. Les agriculteurs ne seraient-ils pas un peu niais, ils gobent les mouches, aussi volontiers que les paroles des politicards. Réveillez-vous, c’est urgent. Les chinois lorgnent sur vos terres. Et insiduisiemment par des sociétés écrans vous reduiront en cerfs. Méfiez-vous.

  4. À croire que le pouvoir est un frein pour la clairvoyance. Combien d’anciens ministres ou présidents trouvent des solutions aux problèmes (qu’ils ont souvent crées eux même) une fois débarrassés de leurs charges ? Le poids des responsabilités est peut-être néfaste à la sagacité.

  5. C’est quand ils ne sont plus « aux manettes » que les « sinistres » prétendent avoir « LA solution » ! …
    Ils crachent dans la soupe parce qu’ils sont sûrs qu’ils n’en croqueront plus ! …
    L’UE veut tuer la paysannerie française alors rien ne sera fait pour garantir la souveraineté alimentaire européenne et encore moins française ! …
    Quelle hypocrisie de tous ces guignols qui se gavent sur le dos du peuple …

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