[TRIBUNE] Écran noir pour C8 : écran noir pour la liberté d’expression

fin C8

Tout a été dit, ou presque, sur la décision de priver C8 et NRJ 12 de leur autorisation d’émettre. Mais le plus insupportable, dans cette guerre contre la liberté d’expression, doublée d’une chasse à l’homme contre Cyril Hanouna et Vincent Bolloré, réside dans la tartufferie juridique qui entoure cette décision de censure idéologique digne des « temps bénis » de l’Union soviétique. Qui, de surcroît, jette au chômage plus de 400 personnes dans l’indifférence générale de la gauche bien-pensante comme de la Macronie.

Monsieur le président de la République a affirmé, devant les veaux du Salon de l’agriculture - symbole gaullien, peut-être -, que la décision n’était pas politique. Elle était, en effet, autant idéologique que politique, ce qui la rend d’autant plus grave.

La ritournelle sur le caractère légal de la sanction prise par l’Arcom, autorité « indépendante », confirmée par le Conseil d’État, pourrait faire sourire si elle n’était si lourde de conséquences pour nos libertés. Il suffit de se reporter à l’art 4-I de la loi du 25 octobre 2021 créant l’Arcom pour comprendre de quelle « indépendance » il s’agit. Le président de l’Autorité est nommé par le président de la République, trois membres sont désignés par le président de l’Assemblée nationale et trois par le président du Sénat, après avis des commissions compétentes des assemblées. Qui pourrait croire, un instant, que tous ces politiciens n’ont aucune arrière-pensée politique dans le choix de leurs nominations ? Les deux membres restants sont choisis parmi les membres par le vice-président du Conseil d’État et le premier président de la Cour de cassation. Rappelons que le vice-président du Conseil d’État, grande institution très impliquée dans les rouages de l’État, est nommé par décret en Conseil des ministres par le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Là encore, peut-on imaginer que cette nomination, si importante pour le pouvoir exécutif, soit exempte de toute arrière-pensée politique ?

Toute cette mascarade barbouillée de juridisme fait revenir en mémoire les vers d’André Chénier avant que les Jacobins ne l’envoient à la guillotine, alors qu’il fustigeait « ces bourreaux barbouilleurs de lois,/Ces tyrans effrontés de la France asservie ». Ainsi donc, aujourd’hui, les « bourreaux barbouilleurs de lois » de la liberté d’expression ont « eu la peau » de C8. Et désormais, chacun, dans le paysage audiovisuel français, comme Chénier, se pose la question : « Peut-être est-ce bientôt mon tour » ? (André Chénier, « Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre »).

La question que l’on peut se poser légitimement est celle de l’utilité de l’Arcom ? Notre arsenal juridique est particulièrement fourni, en matière de protection des droits des personnes : interdiction de la diffamation, de l’incitation à la haine en raison de la race ou de l’origine, de l’apologie du terrorisme, de l’homophobie, du racisme, du négationnisme, de l’antisémitisme… Les voies de recours devant la Justice sont ouvertes et largement utilisées par une myriade d’associations dotées du droit d’ester en justice et nous n’avons nul besoin d’un organe de censure officiel qui pèse au trébuchet toutes les opinions exposées sur les chaînes de télévision ou de radio, à la recherche d’un équilibre arithmétique. D’autant que cette vigilance semble pouvoir être mise en défaut pour ce qui concerne les médias d’État, dits de service public, particulièrement monochromes en matière d’opinions et de commentaires exprimés.

Nous sommes hélas, en France et dans l’Union européenne, à mille lieues du 1er amendement de la Constitution des États-Unis qui stipule : « Le Congrès n’adoptera aucune loi pour limiter la liberté d’expression ou celle de la presse […] » Le vice-président américain J.D. Vance a pu déclarer à juste titre à Munich : « La liberté d’expression, j’en ai peur, est en retrait », en Europe, devant un parterre de chefs d’État et de gouvernement médusés, tant ces irresponsables politiques ne semblent même plus être conscients des conséquences de leurs actes et des législations qu’ils font adopter.

L’interdiction d’émettre de C8 est, évidemment, un acte de censure idéologique et politique, qui s’inscrit dans la même logique totalitaire que l’annulation de l’élection présidentielle roumaine dont Emmanuel Macron s’était réjoui lors de la conférence des ambassadrices et ambassadeurs. L’oligarchie politico-médiatique européenne semble prise de panique devant l’effondrement annoncé de son système de déconstruction des peuples et tente, avec l’énergie du désespoir, d’étouffer la parole des dissidents. Elle n’y parviendra pas plus que le système soviétique n’y parvint. Cette victoire à la Pyrrhus juridique est l’erreur de trop. Ne baissons pas la garde, car pour ces tristes sires, c’est « le commencement de la fin ». Par nos voix, par nos écrits, par nos actes, par nos votes, hâtons-la !

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

Un commentaire

  1. L’Arcom ferait beaucoup mieux de fermer RTL pour vider Apathie qui accable nos ancêtres Français qui ont construit l’Algérie. Aujourd’hui C8 et NRJ12 me manquent beaucoup. Les Animaux ont été étranglés par l’Arcom.

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