[TRIBUNE] Éducation nationale : reconstruire pour assurer l’avenir

Affirmer que notre système éducatif va mal est devenu un truisme. À l’instar d’autres services publics, l’école connaît une sorte de lent affaissement dont chacun connaît les indices : effondrement du niveau de maîtrise des connaissances fondamentales, échec de l’intégration par l’école, inculture de nos futures élites, trop peu de doctorants, trop peu d’ingénieurs.
Comme souvent, dans la longue histoire de notre nation, dont le général de Gaulle disait qu’elle avait été « créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires », il semble que nous succombions peu à peu au vertige du vide et du renoncement et l’état de notre école n’en n’est qu’un des tristes symptômes.
À gauche comme au centre, la cause est entendue : le modèle français d'Éducation nationale est forclos, obsolète, dépassé.
La gauche, dans des publications récentes, estime que l’avenir du système éducatif réside dans son ouverture tous azimuts à la société : interventions des associations et « mouvements pédagogiques » en classe, omniprésence des parents d’élèves, « éducation » à toutes les questions « sociétales », enfin, pilotage de l’éducation par les « cites éducatives » et les collectivités territoriales. En un mot, an II de la déconstruction, fin de l’Éducation nationale.
Le « bloc central », quant à lui, a toujours professé, pour la question éducative, une forme d’embarras teintée d’incompétence. Au fond, la fuite des classes moyennes et supérieures vers le privé, sorte d’avatar de la « main invisible du marché », fait bien l’affaire de ceux qui n’ont jamais pris la peine de réfléchir sérieusement aux enjeux, pour la nation, d’une école performante.
Notre position est toute différente.
Système éducatif rénové
Nous sommes certes parfaitement au fait des causes de l’effondrement de notre système éducatif et de ses effets dévastateurs et nous estimons que ce modèle doit être réinventé. Mais nous considérons aussi qu’il est d’intérêt général de doter notre pays d’un système éducatif rénové, modernisé, conçu et piloté par la puissance publique.
Seule celle-ci, selon nous, est en mesure de produire une analyse prospective des nombreux défis que notre pays devra affronter dans les cinquante prochaines années : défis économiques, écologiques, sécuritaires, géopolitiques, informationnels. Il appartient à l’État de déterminer, avec les institutions de la République et la contribution de la société civile, ce que doivent être les missions, les objectifs, l’organisation de l’action éducatrice au XXIe siècle.
Au sein des « Horaces » nous élaborons donc un projet de reconstruction de notre système éducatif susceptible de répondre à la question suivante : de quel appareil éducatif notre pays a-t-il besoin pour relever les défis de notre siècle ?
Notre projet de reconstruction de l’école de France repose sur trois principes :
- Restaurer l’efficacité de l’école en la recentrant sur sa mission de transmission des connaissances et des valeurs. Pour cela, procéder à une remise à plat des programmes, des cursus et des examens. Revoir, aussi, la formation des professeurs qui devra être assurée par l’employeur et non plus par l’Université. L’idée est de retrouver un bon niveau, chez les professeurs, et, donc, chez les élèves. L’élévation du niveau permettra de rétablir l’ascenseur social : le principe méritocratique, fondement de l’ambition républicaine de mobilité sociale, sera restauré et les politiques dites de « discrimination positive », supprimées.
Publier les résultats de chaque établissement
- Restaurer l’autorité, sanctuariser l’institution scolaire en réprimant toute atteinte portée à l’institution scolaire. Les débats sociétaux n’y auront pas leur place, pas plus que les tentatives d’emprise islamistes ou politiques. Le statut du corps enseignant devra évoluer sensiblement pour l’adapter aux objectifs du système éducatif et permettre la revalorisation salariale des professeurs.
- Ériger en méthode de gouvernance la liberté et la responsabilité pédagogiques : les établissements disposeront des marges d’autonomie permettant le recrutement de personnels, l’aménagement des programmes et des horaires, des expérimentations pédagogiques, dans le cadre de contrats d’objectifs et de moyens à la manière des charter schools. Les résultats de chaque établissement seront rendus publics tous les ans afin de mesurer l’efficacité de leur action éducative.
Ces principes, déclinés en mesures législatives et réglementaires, seront présentés aux Français dans le cadre des rendez-vous électoraux majeurs à venir. La crise de l’école n’est pas une fatalité. Nous devons, nous pouvons redresser cette institution essentielle à la France. Il ne s’agit pas d’un simple enjeu éducatif : c’est un défi civilisationnel.
Le combat pour l’école est un combat pour la France.
Contribution, pour Les Horaces, de Roger Chudeau, député de Loir-et-Cher, inspecteur général de l’Éducation nationale honoraire, ancien directeur de l’encadrement du ministère de l'Éducation nationale, ancien conseiller « Éducation » du Premier ministre François Fillon.

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2 commentaires
Le gauchisme a gangrené l’école…. Ça va être dur de l’éradiquer… je n’ai d’ailleurs jamais compris comment des gens qui avaient fait des études, avaient des connaissances culturelles importantes et, normalement, la capacités à analyser, pouvaient être aussi obtus et de gauche de surcroît….
Il n’y a plus rien à attendre de ce mammouth gauchiste à plus de 80% baptisée à tort « Éducation nationale ».
Nous pourrions toujours nous réjouir si, dans quelques années, les établissements privés hors contrat
continuaient à subsister malgré tout.