[Tribune] Intervention d’Emmanuel Macron : un Président incertain et confus

macron

Le président de la République semble avoir pris goût à venir s’exprimer à la télévision. Les Français ne paraissent pas avoir pris goût à l’écouter. Ils étaient 5,38 millions, le 12 octobre, pour des thèmes de politique internationale, mais seulement 4,07 millions le 26 octobre. Une baisse notable, donc. Or, il s’agissait de traiter des sujets de politique intérieure, « les urgences françaises », supposées de plus d’intérêt pour nos concitoyens.

La péroraison se voulait pédagogique, elle fut surtout technocratique. Et étrangement vague, incertaine et même contradictoire, par moments. Le démarrage avec une avalanche de chiffres et de graphiques augurait mal de la suite pour susciter l’intérêt. Même si le Président a rappelé des vérités toujours bonnes à dire, et notamment que nous sommes le pays le plus taxé de l’Union européenne et même de l’OCDE (46,1 %), où la part de dépense publique par rapport au PIB est la plus forte (59,2 %) et que nous sommes également un des pays de l’UE où l’on travaille le moins. Ce qui vide de tout sérieux le discours de la gauche, et notamment de la NUPES, réclamant plus de taxation.

Mais faire des constats est bien, agir est mieux, et l’on est en droit de se demander où tout cet argent part ? L’État est de plus en plus incapable d’assurer ses fonctions régaliennes, la Justice manque de moyens, l’hôpital public est en déshérence, les policiers travaillent trop souvent dans des conditions lamentables, l’Éducation nationale ne cesse de baisser en qualité et nos armées manquent de moyens. La réponse est sans doute dans une fonction publique pléthorique. À titre de comparaison, la France compte 5,6 millions de fonctionnaires (ministère de la Transformation et de la Fonction publiques) pour 66 millions d’habitants et l’Allemagne 4,6 millions de fonctionnaires (Statistiches Bundesamt) pour 82 millions d’habitants ! Il convient aussi d’ajouter que notre pays a une politique d’aide sociale généreuse et largement ouverte au monde. En 2020, les prestations sociales ont représenté 872 milliards d’euros, sans compter les 46 milliards dus à la crise sanitaire, soit 35,4 % du PIB (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).

À propos de la réforme des retraites, sujet qui, de façon évidente, tient à cœur au Président, le propos fut assez peu clair avec des variations sur l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation. Il est notable qu’à aucun moment ne fut vraiment abordé le problème de fond. Un système de retraite par répartition a besoin, pour être équilibré, d’une démographie stable, donc d’une politique familiale forte et durable dans le temps. Or, non seulement la gauche n’a eu de cesse de la transformer en politique sociale et d’en éroder le caractère universel, mais encore la doxa de la majorité est ouvertement hostile à la famille et à la natalité.

À propos des questions d’insécurité, le propos présidentiel fut surtout incohérent. Après avoir fièrement déclaré qu’il ne ferait jamais « un lien existentiel entre l’immigration et l’insécurité », il finit par reconnaître qu’à Paris, l’immigration illégale « est très présente dans les faits de délinquance ». On chercherait en vain un lien logique entre la pétition de principe et les faits. S’il est évident que tous les immigrés ne sont pas tous des délinquants et que toute généralisation serait fausse et injuste, il est impossible de dissocier totalement immigration, et notamment immigration illégale, de la délinquance. Tous les chiffres le démentent. Selon le ministère de l’Intérieur, à Marseille, 55 % des délits sont commis par des étrangers, à Paris 48 % et à Lyon 39 %. Dans son étrange discours aux préfets du 15 septembre dernier, Emmanuel Macron avait relevé « un retour à la violence relativement inédit » et déjà incriminé les réseaux sociaux et la nécessité de simplifier les procédures. La pensée présidentielle n’a évidemment pas évolué en un si court laps de temps, mais elle est un peu courte. À aucun moment on ne perçoit la volonté de rechercher les causes profondes de cette violence : immigration incontrôlée, choc de civilisations, faillite éducative, culture de l’excuse pour les délinquants, Justice débordée et emprise idéologique chez certains magistrats, sanctions insuffisantes… Faut-il, dès lors, s’étonner que les citoyens en viennent à faire justice eux-mêmes ? L’Histoire nous enseigne que c’est toujours le cas lorsque l’État devient impuissant et que la société sombre dans le chaos.

On notera, enfin, qu’en ce qui concerne les « zones à faibles émissions » prévues dans les métropoles et qui risquent d’exclure 50 % des Français de l’accès à celles-ci, notamment les plus modestes, le Président s’est borné à dire : « On ne doit jamais laisser les Françaises et les Français sans solution. » Là encore, un peu court, jeune homme.

En fin de compte, le président de la République apparaît plus comme une sorte de haut technocrate que comme un homme d’État. Il tient les chiffres, les graphiques et les a priori idéologiques pour la réalité. Sa pensée paraît sèche et comme détachée du réel. En s’inspirant de la une célèbre d’un quotidien du soir, il semblerait que la France l’ennuie. C’est bien ennuyeux pour les Français !

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Lui comme d’autres n’a jamais osé dire ce qu’il voulait faire , dans les domaines de l’immigration (laisser faire) , de l’islam (laisser l’islam se propager sans entrave) , de l’insécurité (nier, minimiser, traiter en faits divers , psychiatriser ).
    La Fontaine La chauve souris et les deux belettes/

    Je suis oiseau, voyez mes ailes :
    Vive la gent qui fend l’air !

    Je suis souris, vivent les rats :
    Jupiter confonde les chats.

  2. La baisse d’audimat s’explique aisément, les Français sont lassés de ces « one man show » stériles, uniquement tournés à la gloire d’un incompétent notoire. Si encore il était constaté une amélioration dans notre vie de tous les jours! Même pas, bien au contraire. Augmentation importante des prix, immigration totalement débridée, santé, retraites à l’abandon. En revanche la violence, les taxes & impôts et l’endettement progressent. Il est même allé jusqu’à raconter que son budget 2023, qualité supérieur, comportait de nouveaux emprunts afin de rembourser la dette. Allez voir votre commercial en agence bancaire pour lui demander un prêt qui servira à rembourser un emprunt que vous n’arrivez pas à solder. Succès garantis.

  3. Il n’a pas la stature d’un président. C’est un homme de dossier mais pas un décisionnaire. Il manque d’esprit de synthèse d’où son « en même temps ». Gouverner c’est prévoir mais c’est aussi choisir et l’assumer comme De Gaulle l’a fait en 1969 en démissionnant suite à un référendum qui désavouait son choix pour la France. C’est cela aussi le courage en politique.

  4. Il ne parle que pour ne rien dire. Il n’y a que lui que ca intéresse et il y a belle lurette que je le zappe et je ne m’en porte pas plus mal. Vivement qu’il dégage.

  5. Pour moi un président très très incompétent qui est en train de tuer notre pays qui ne pourra pas s’en relever
    avant longtemps .

  6. Quand viendra t’il nous annoncer la réintégration de tous les exclus non vaccinés et le paiement des salaires perdus? C’est ce qui se passe actuellement au Canada, l’Etat de New York et d’autres pays. Il a été officiellement décrété que les « vaccins » covid n’empêchaient pas la transmission, ni d’être malade. Ça commence à bouger partout : les exclus sont réintégrés et reçoivent les salaires perdus. Aucun media n’en parle en France. Silence! Silence assourdissant aussi sur les poursuites judiciaires contre Ursula et les laboratoires pharmaceutiques. La marmite commence à déborder et va bientôt exploser. Il est temps que l’on ne nous prenne plus pour des imbéciles dociles, soumis et obéissant à des ordres débiles.

  7. Macron a donné suffisamment de preuves qu ‘ il n ‘ aime ni la France , ni les Français , il n ‘ aime que lui ;
    Technocrate : sans doute , mais bon , c ‘est moins sûr ;
    Pour lui ,sa fonction de président se résume à se pavaner partout lors des manifestations officielles , parmi « l ‘élite » , et à tenir des discours vides de sens , mais certainement pas de gouverner : il suffit de voir dans quel état il a mis le pays .

  8. Le coût économique et financier de l’immigration est monstrueux. Mais ce n’est pas le pire, même si cette charge pèse de façon catastrophique sur la protection sociale de Français qui en auraient besoin. Nous avons désormais 10 millions de pauvres dans le pays qui vivent avec moins de 1000 euros par moi. L’immigration massive, massivement irrégulière, massivement africaine et musulmane, induit une insécurité et une criminalité, participe à l’effondrement de l’école, et menace en définitive l’existence même du Pays, sa culture et ses valeurs.

  9. Macron, Hollande, Chirac, Mitterand, Giscard et même Pompidou, ils sont tous à mettre dans le même panier. Ils ont tous participé à la mise à bas de la France. Il faudrait surtout un Président de la République Française qui ait le courage de mettre fin au statut général des fonctionnaires (sauf pour certains postes régaliens, et encore puisqu’une grande partie des militaires sont sous contrat et soumis à l’obligation de résultats pour leur renouvellement ) et des entreprises publiques. Il y a suffisamment de demandeurs d’emplois et autres salariés qui pourraient aussi tenir les postes de la fonction publique nationale ou territoriale avec plus d’efficacité car ils seraient soumis à l’obligation de résultats et donc à l’obligation d’être efficaces et performants dans leur travail et en finir ainsi avec les carrières à vie des fonctionnaires et leur inefficacité pathologique entrainant un flot de dépenses et de dettes incommensurable.

  10. Existentiel ! Est-il seulement capable de se soucier de l’existence de la France ? de l’existence du Peuple Français ?

  11. Nous avons un Président qui ne sais plus ou il en est lui-même , il est incapable d’avoir une ligne dans ce qu’il fait , nous ne sommes plus gouvernés par l’Elysée mais par Bruxelles et Washington , si on y ajoute quelques associations du genre LGBT ou autre chacun peut voir dans quelle situation nous sommes arrivés .

  12. Ce n’est pas un chef d’État car il n’a ni mémoire, ni éducation, ni culture, ni jugeote, ni réflexion et ne fait d’obéir à ceux qui l’ont fait élire. En réalité, ce n’est qu’un affreux zombie, pur produit de la génération post-68 totalement déraciné et égoïste.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois