[Tribune] : La France ne doit pas servir de larbin des Américains contre les Russes

La Russie est depuis longtemps une préoccupation majeure des Américains qui ne veulent pas voir l’émergence d’une puissance majeure qui échapperait à leur contrôle sur le continent eurasiatique. Il est utile de rappeler que pour Zbigniew Brzeziński, un des principaux architectes de la politique étrangère états-unienne contemporaine, l’Europe de l’Ouest, est un « protectorat américain ». Moscou ayant refusé de faire partie de la colonie, les faucons américains ont sorti leurs griffes.

Au fur et à mesure que la Russie est redevenue une puissance de tout premier plan, la réaction de Washington s’est durcie. Chaque fois que Russes et d’autres pays européens lancent des projets en commun, Washington intervient frénétiquement pour les faire capoter. Que cela soit la lutte contre l’islamisme, l’acheminement d’hydrocarbures, la vaccination, le commerce… Washington s’assure qu’il y ait le moins d’échanges possibles entre son « protectorat » et la Russie, dont le seul crime est de vouloir être un pays souverain non soumis à l’Oncle Sam.

Contre le Kremlin, les Américains ont déclenché de nombreuses sanctions économiques et mené des exercices militaires avec l’OTAN sur la frontière russe qui ne produisent clairement pas les effets escomptés. L’économie russe résiste bien aux sanctions, à en croire le Financial Times (« The limits of Western sanctions on Russia », Financial Times, 2 février 2022), et l’armée russe a montré récemment qu’elle ne craignait pas les manœuvres militaires de l’OTAN. Cette stratégie d’intimidation et de coercition ne fonctionne pas et produit l’effet inverse de celui recherché. Non seulement la Russie ne se laisse pas impressionner par la gesticulation et les menaces atlantistes, mais elle se rapproche de plus en plus de la Chine, qui est amenée à dépasser l’économie américaine dans les années à venir.

Vendredi dernier, le président chinois Xi Jinping a déroulé le tapis rouge pour accueillir le président Poutine à Pékin en amont des Jeux olympiques d’hiver. Les deux pays ont dénoncé l’élargissement de l’OTAN et la création de la nouvelle alliance anglo-saxonne AUKUS entre la Grande-Bretagne, les USA et l’Australie (qui a coûté à la France un contrat de sous-marins de plusieurs milliards d’euros). Contre l’avancée des troupes atlantistes, la Chine et la Russie ont initié, à leur tour, des exercices militaires ; les deux partenaires ont conclu un contrat de trente ans portant sur l’acheminement de gaz russe vers la Chine et poursuivent leur développement commercial dédollarisé. Pendant ce temps, nous jouons aux troufions de l’Oncle Sam et notre économie bat de l’aile.

La stratégie américaine imposée à la France est un échec total qui castre notre propre politique étrangère, affaiblit notre potentiel économique et risque de nous entraîner dans un conflit avec une puissance nucléaire qui possède des missiles hypersoniques. La Russie est une puissance européenne, les États-Unis non. La France doit se libérer du joug américain et redéfinir une politique européenne qui réponde à la défense de ses intérêts. La Russie et la Chine ne sont pas nos ennemis mais pourraient vite le devenir si nous suivions la trajectoire suicidaire que Washington nous impose.

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Nikola Mirkovic
Responsable d’une association humanitaire

Vos commentaires

44 commentaires

  1. La France n’a aucun intéret à soutenir le « parti russe » ou le « parti américain ».
    Rappelons nous avec quel mépris cynique les USA/ L Australie /la GB ont balancés par dessus bord nos contrats des sous marins avec l’Australie sans prévenir et sans la moindre excuse . Il faut toute la veulerie de l’ado de l’Elysée pour rester encore dans l’OTAN !
    Notre politique peut retrouver de l’efficacité de l’honneur et de l’indépendance . Mais nous devons dabord élire un vrai chef d’état!

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