[Tribune] La Pologne et l’Italie veulent remettre la bureaucratie européenne à sa place : une nécessité !

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Dans un récent entretien à La Stampa, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki a affirmé que l’Italie et la Pologne en avaient « marre des diktats de la bureaucratie européenne » et voulaient « une vraie démocratie européenne ». Il a ajouté : « Meloni et moi changerons l’Europe : le pouvoir aux seuls pays forts, ça suffit. […] Nous ne croyons pas à un super État à 27 mais au retour de l’Union des patries. » Nul doute que cette déclaration aura été accueillie avec faveur par d’autres États membres. Souvenons-nous que le Royaume-Uni, inventeur de la démocratie parlementaire, las de batailler contre l’oligarchie européenne, a préféré quitter le navire.

Le Premier ministre polonais traduit un sentiment de plus en plus fort au sein de l’Union européenne. En effet, celle-ci ne possède qu’une compétence d’attribution, c'est-à-dire qu’elle n’a d’autres pouvoirs que ceux que les États membres ont accepté de lui déléguer. Or, de plus en plus, la Commission européenne, soutenue par la Cour de justice de l’Union européenne, donne une lecture extensive des pouvoirs conférés par les traités. Elle pratique de façon assumée une forme d’hypocrisie institutionnelle baptisée « ambiguïté constructive » qui consiste à ne pas avouer la finalité réelle des dispositions des traités et des textes dérivés. Objectif : accroître sans cesse les compétences d’un proto-État européen, mais en le dissimulant aux opinions publiques nationales. Trop souvent avec la complicité des oligarchies politico-administratives nationales. Ce qui correspond aux objectifs énoncés par le traité de Maastricht : « Parvenir à une Union sans cesse plus étroite » (art 1er).

Ainsi la Commission mène-t-elle une guerre institutionnelle sourde contre les souverainetés nationales et s’est-elle arrogée, au nom du respect de « l’État de droit », de contrôler les décisions politiques de gouvernements démocratiquement élus. Ainsi s’est-elle engagée dans un chantage financier indécent pour contraindre certains États membres à revenir sur des décisions approuvées par les Parlements nationaux ! Est-ce bien le rôle de l’Union européenne de se mêler de l’âge de la retraite des juges polonais ou des normes de fonctionnement de la Cour suprême et de la Cour constitutionnelle hongroises ? Cette invraisemblable ingérence, soutenue par la gauche du Parlement européen, a pour seule vraie raison d’interdire des choix politiques non conformes à l’idéologie libérale-libertaire mondialisée, même s’ils procèdent d’un processus parfaitement démocratique. Ainsi la démocratie n’est-elle plus définie comme l’expression de volonté du peuple mais comme l’adéquation à l’idéologie de l’oligarchie déracinée qui dirige cet empire de la norme qu’est devenue l’Union européenne.

Les critiques polonaises visaient également le poids de l’Allemagne et de la France dans l’Union européenne, même si qualifier la France de « pays fort » est excessif pour un pays profondément divisé. Un pays qui s’est surtout illustré par son suivisme en matière de politique européenne et dont la manifestation la plus flagrante fut la forfaiture de Sarkozy quand il fit adopter, par voie parlementaire, un traité rejeté par référendum ! Suivisme à l’égard de la bureaucratie bruxelloise, suivisme à l’égard de l’Allemagne au nom d’un « couple » franco-allemand devenu illusoire depuis des années.

La réaction conjuguée de la Pologne et de l’Italie est salutaire et il serait souhaitable qu’elle soit suivie par de nombreux États membres. Il est grand temps de remettre la bureaucratie européenne à sa place car il s’agit de sauver la démocratie en Europe. La dérive impériale de l’oligarchie européenne exaspère de plus en plus les peuples dont les choix démocratiques sont mis en cause. L’inflation réglementaire européenne accable les agents économiques. L’interprétation extensive des traités vide la démocratie nationale de réalité et les rodomontades guerrières d’Ursula von der Leyen frisent le ridicule alors que jamais l’Union européenne n’a été aussi inféodée aux États-Unis qui, eux, tirent tous les profits du feu de la guerre en Ukraine.

Jamais le fossé n’a été aussi grand entre l’Union européenne et les opinions publiques, alors que l’oligarchie européenne, en état de somnambulisme, poursuit avec obstination des politiques de plus en plus coupées du réel au nom d’un galimatias idéologique qui mêle idéologie libertaire, obsession climatique, mondialisme et volonté de créer un proto-État impérial. En 2024, les élections européennes doivent être l’occasion de mettre un coup d’arrêt à cette dérive folle. Pour le salut de la France et de l’Europe, ne ratons pas cette chance.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

60 commentaires

  1. La commission européenne est une commission des Etats unis d’Amérique. Toutes les décisions sont favorables aux intérêts des multinationales américaines. Le COVID l’a démontré de façon flagrante. La France dispose d’un moyen de pression très important : elle est contributrice nette à hauteur de 15 milliards d’euros !

    • Je suis totalement de votre avis.
      De fait, pour moi, le Frexit est nécessaire au plus tôt (je précise que j’avais voté oui à l’époque, pour l’UE)

  2. Les grandes gueules du pouvoir n’ont pas encore hurlé leur colère face à ces vilains petits canards qui osent critiquer nos destructeurs…
    Peut-être que ces multiples affaires de corruption (partie immergée d’un gigantesque iceberg) en font réfléchir certains quand ils regardent leurs poches…

  3. J’espère que vous m’excuserez pour la rectification, monsieur Buffetaut, mais l’honneur d’être le berceau de parlementarisme ce n’est pas l’Angleterre, mais l’Espagne. D’autre part, je dois lui dire que monsieur Rajoy lui-même, qui a été président du gouvernement espagnol, déjà fait la même erreur dans un article publié dans le journal « The Guardian ». Que le parlementarisme est né dans la ville de León en 1188 a été reconnu par l’Unesco dans l’année 2013.
    En faire un honneur, si on regarde les résultats, o une calamité, ce sera une autre affaire.
    Cordialement.

  4. Bravo l’Italie et bravo la Pologne! Et merci ! Enfin des gouvernants dignes de ce nom!
    L’Europe telle qu’elle est gérée est une escroquerie économique au bénéfice de l’Allemagne, laquelle est le pion au service des USA pour affaiblir la France et la souveraineté politique et économique puissante et respectée que De Gaulle avait su lui offrir.

    • Euh , la Pologne dans le cadre de la guerre provoquée par Merkel, l’OTAN et tous ceux qui n’ont pas respecté ou fait respecteé les traités de Minsk, n’est pas du côté des promoteurs de la Paix!

  5. Respect pour ces 2 pays qui prennent de la distance avec cette pompe à fric incapable et inutile. Laissons les pays se gérer eux mêmes. C’est déjà assez compliqué

  6. Cette Union Européenne ne nous a apporté que récession et isolement diplomatique. Vite, on part en claquant la porte !
    Voilà ce que l’on devrait faire si nous avions un gouvernement digne du mandat reçu des français.
    Je lis un classement IDH (Nations Unies) des pays offrant la meilleure qualité de vie, pas seulement financière, pour 2022.
    Voici, dans l’ordre, les 4 meilleurs : Norvège (pas EU), Irlande (EU), Suisse (pas EU), Islande (pas EU).
    Il me semble que c’est inutile de commenter…

  7. Enfin un sursaut salutaire, mais je souhaite bonne chance à ces deux grands pays de nous débarrasser des cloportes de Bruxelles. Ce ne sera pas chose aisée !

  8. Étant donné le résultat de nos dernières présidentielle, permettez moi d être pessimiste, même si j aimerais voir ce sursaut, j ai du mal à y croire… hélas…

  9. On a pas à dicter se que la Pologne ou l’Italie doivent faire. Ils ont raison de prendre de la distance avec l’UE. Si seulement la France pouvait en faire autant.

  10. Qui contrôle les effectifs et la masse salariale de la bureaucratie européenne ? Jamais de grèves dans ce monde merveilleux ! Certainement grassement rémunérés dans un confort coconnant. Pologne et Italie sont à soutenir. On ne peut pas compter sur Macron, un suiveur impuissant qui n’est que dans la posture insignifiante. L’U.E. doit revenir à ses fondamentaux, le développement d’un commerce commun donc d’une puissante industrie qui garantirait la souveraineté de chaque Etat. Il est possible d’être unis sans pour autant se lécher réciproquement ou se soumettre. Airbus en est un parfait exemple que nos politiques n’ont pas su renouveler, leur besoin de mondialisation décalée, soporifique, les privant de toute initiative heureuse. Nous sommes dirigés par des politiques sans envergure, sans imagination, sans vision à long terme. Ce sont des petits, dans leur petit confort. Ce qui risque de nous conduire dans une guerre européenne d’envergure.

    • Les grandes écoles n’apprennent pas à être chef, mais collaborateur zélé. Arrêtons de prendre nos élites dans les grandes écoles, fagocitées par des milliardaires mondialistes

  11. Rappelez moi une chose, la Pologne c’est bien ce pays qui engrange l’argent de la France (via l’UE) et qui ensuite va acheter des avions américains ? J’ai un ami polonais qui m’a dit que depuis que la Pologne était dans l’UE il y avait plein de nouvelles routes en Pologne, que c’était nettement mieux.
    Je crois que lorsque les conditions deviennent difficiles, et il semble que ce soit le cas, les gens vont au chacun pour soi. La France n’a aucun intérêt à continuer à financer les pays pauvres européens, vu qu’elle est en train de le devenir. Frexit au plus tôt, récupérer nos frontières, défendre notre culture.

    • Tout à fait d’accord, la Pologne qui se réarme en matériel militaire américain avec l’argent des européens est mal placé pour critiquer l’UE.
      De même l’Italie qui veut rester dans l’OTAN, qui est pro Ukraine … aura bien du mal à faire bouger les lignes européennes, d’autant plus que son économie dépend entièrement des subventions européennes et qu’elle s’est déjà fait menacer par UVDL de se faire couper les vivres (comme cela vient de se passer pour la Hongrie) avant l’élection de Meloni.
      L’étau se resserre de plus en plus sur nous avec le gouvernement non élu de l’europe, et les peuples se retrouvent tous pris au piège ; il n’y a plus de démocratie !!!
      La seule issue sera éventuellement les élections européennes de 2024, mais … et là encore l’UE serait encore capable de les annuler si les peuples décidaient enfin de reprendre leur souveraineté et leurs destins en main.

  12. Même pas la peine de lire :
    quand j’entend Pologne ,Italie, j’entends porte-avion de leur suzerain américain, donc désolé de vous le redire ils l’auront dans le baigneur.
    Quand on aura compris que cette UE est une création ricaine dans le seul but d’étendre leur hégémonie commerciale, guerrière, politique et sociétale.

  13. 2024, c’est loin et la France pourra t elle exister d’ici là, car, ne nous leurrons pas, tout se disloque et les Français vont maintenant mesurer leur erreur d’avoir reconduit un tel destructeur.

  14. Il faut supprimer TOUTE la bureaucratie bruxelloise et la remplacer par des groupes de travail administratifs transnationaux : ce sera alors, enfin, une vraie Europe confédérale.

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