[TRIBUNE] Le nouveau réacteur de Flamanville : illustration de la résilience française ?   

CENTRALE NUCLEAIRE

À l'image des lancements en grande pompe des paquebots, géants transatlantiques, inaugurerons-nous en grande pompe le nouveau réacteur de la centrale nucléaire de Flamanville, premier EPR (réacteur pressurisé dit « européen ») ? Dans un monde de sur-sécurité technique, sorti du syndrome de Fukushima, de politesse administrative devant la peur et les menaces de groupuscules et d’activistes, tout projet d’innovation technique subit les maux de notre temps, ceux des déconstructeurs, des chantres de la décroissance, de la même veine que les « woke », « genderistes » et autres « cancelistes ». Leurs souhaits ? Avoir une France végétalisée, improductive, non consommatrice… Un excès dont nous payons déjà le prix en dépendance et en aberration écologique, puisque l’on fait venir, par des navires gigantesques pollueurs, de la viande de Nouvelle-Zélande et du gaz de schiste des États-Unis !

Raccordement de Flamanville sur le réseau en milieu d'année

Mais les voitures électriques réclament leurs réacteurs ! Bref, le raccordement de Flamanville sur le réseau est maintenant prévu pour mi-2024. On a beaucoup glosé, depuis 2017, devant tant de retard accumulé et la dérive des coûts de plus des trois milliards initiaux aux treize milliards d’euros dépassés aujourd‘hui. Le rapport Folz (de 2019) rétablissait la vérité sur les difficultés et les enjeux initialement omis qui, en dehors des coûts de la sécurité, mettait bien le doigt sur la perte de compétence sur les nouvelles générations d’ingénieurs, techniciens, ouvriers, et l’inefficacité des relations entre les acteurs, les sociétés : complexités contractuelles mais surtout méthodologiques projets. C’est le défaut majeur, le mal du siècle : la sous-traitance, la surreprésentation des process, des chaînes de décisions molles, la prudence excessive. Quasi imposées de facto, les méthodes anglo-saxonnes d’apprentissage, d’évolution de carrière, de position dans l’entreprise, handicapent un mode de management et d’excellence française, éprouvée, efficace, ainsi abîmée par ces dogmes : ceux du mondialisme des standards et des normes. L’Union européenne en est le canal zélateur.

Rêvons d'un EDF fier

La France a recréé un pôle d’excellence dans le domaine de la soudure, en Normandie, pour se réindustrialiser et fournir en main-d’œuvre EDF et « notre » industrie navale. Actons ce sentiment de détente du sujet nucléaire par les gouvernements Macron, et ce, éloigné des injonctions et compromissions avec les Verts français, pour raisons électoralistes, ou de l’ingérence étrangère allemande qui a mené à la désastreuse fermeture de la centrale de Fessenheim. Rêvons d’un EDF fier, réinternalisant toute sa capacité de recherche et de développement, en indépendance maximum de ses sous-traitants, dans son rôle de vrai donneur d’ordre décomplexé et soutenu par le gouvernement. Qu’EDF réussisse l’exportation de son savoir-faire EPR par l’ouverture des réacteurs jumeaux d’Hinkley-Point, au Royaume-Uni. Rappelons qu’EDF s’était rendu seul développeur et maître d’ouvrage des EPR à la suite du retrait de l’allemand Siemens. Le Royaume-Uni, écartant les Chinois, va d’ailleurs faire confiance à la France pour un nouveau réacteur de ce type à Sizewell.

Espérons que les heures sombres et que les ténèbres vertes sont derrière nous pour revivre de notre savoir-faire et de notre grandeur industrielle française encore plus ou moins sabotée par un fédéralisme européen faussement égalitaire et à intérêts d’outre-Atlantique !

Lionel Mazurié
Lionel Mazurié
Vice-président de Debout La France, chargé du Numérique

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