[Tribune] L’Europe au pas de l’oie ?

VON DER LEYEN

Malgré un bilan jugé contestable et peut-être un procès en conflit d’intérêts, l’Allemande Ursula von der Leyen est reconduite à la présidence de la Commission européenne. Elle était soutenue par l’Allemagne, évidemment, mais aussi, étrangement, par le Président Macron. Disposant de ces soutiens majeurs, son élection par le Parlement européen était probable, à moins d’un rebondissement de l’affaire du Pfizergate qui la met en cause. Il lui est, en effet, reproché d’avoir négocié seule, et en direct, avec le patron de Pfizer, numéro un mondial des laboratoires pharmaceutiques, et sous la foi d’un échange de SMS (qui, comme par hasard, auraient disparu), l’acquisition de gré à gré de 1,8 milliard de doses de vaccin Covid-19 au prix unitaire de 15,50 €, révisé ultérieurement à 19,50 € sans qu’on ne sache pourquoi. Apparemment, elle n’en tremble pas, estimant que son nouveau mandat la protégera de toute poursuite judiciaire. C’est pourquoi elle s’est employée à l’obtenir.
Partout, elle s’impose, et d’autant plus facilement qu’on la sollicite, tel Emmanuel Macron qu’elle accompagne en Chine pour une visite entre chefs d’État. Souhaiterait-il s’en faire une alliée ? Et dans quelle intention ? Celle de briguer la présidence du Conseil européen à l’issue de son mandat actuel qui coïncide à peu près avec la fin de celui de Charles Michel, détenteur de la présidence à Bruxelles depuis 2019 ? Pour y parvenir, il estime qu’il lui faut faire démonstration de sa foi européenne, quitte à sacrifier les intérêts de la France.

Le risque d'effacement de la France

Mais attention, Ursula est allemande ; on aurait tort de l’oublier et d’ignorer que l’élargissement de l’UE à 27 États membres a fait basculer à l’Est son centre de gravité géographique, industriel et politique ; que la soumission de l’Allemagne aux États-Unis est sans faille : elle s’étend à l’Europe tout entière au fur et à mesure qu’en son sein progresse, à petits pas, le fédéralisme dont Macron est un chaud partisan - brevet européen oblige.

La prochaine étape de la supranationalité est en gestation depuis Jean Monnet : donner à la Commission européenne le statut et les pouvoirs d’un gouvernement. Cette ambition n’est donc pas nouvelle. Elle s’est manifestée dès la fondation de l’Europe des six par le premier président de la Commission, l’allemand Walter Hallstein, à son arrivée en fonction en 1958. Aurait-il été choisi à la suggestion de Robert Schumann parce que, éminent juriste, il avait préparé un projet de Constitution européenne pour la « Neue Europa », évidemment germanique et aryenne, qu’Hitler voulait créer, une fois tout notre continent asservi ? Nommé en 1958, mais avant le retour au pouvoir du général de Gaulle, Hallstein a vite compris après la crise de « la politique de la chaise vide » qu’il était inutile d’insister. Sans prévoir, cependant, que la querelle pourrait rebondir, soixante ans plus tard, avec de sérieuses chances d’aboutir. Une éventualité qui prend corps et qu’il faut combattre, sous peine d’effacement de la France.

Note de BV. Les juges de la Cour de justice de l’UE ont estimé, ce 17 juillet, que « la Commission n’a pas donné au public un accès suffisamment large aux contrats d’achat de vaccins contre le Covid-19 ». Selon Euronews, « parmi les "irrégularités" pointées par le Tribunal européen, figure notamment le refus "partiel" de divulguer les déclarations d'absence de conflit d'intérêts des fonctionnaires de l'exécutif européen chargés de négocier ces achats avec les laboratoires pharmaceutiques ».

François Guillaume
François Guillaume
Ancien ministre de l’Agriculture

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Deux jours avant sa « réélection » un média mainstream disait que l’affaire Pfizer venait  » juste avant sa réélection »….

  2. Comment aimer une UE dont la présidence est phagocytée au profit d’un pays : l’Allemagne, même au prix des plus basses oeuvres. Cela devient insupportable ! Comment sortir de ce capharnaüm politique ? Heureux Anglais qui ont eu ce courage. Dussent-ils souffrir financièrement, ils ont choisi la liberté de disposer d’eux-mêmes de leur avenir !

    • D’autant que l’UK connaît une meilleure croissance économique que nous et à le pouvoir de maîtrise de son invasion…

  3. l’allemagne est au pouvoir grâce au complot américain d’après guerre en installant des nazis repentis à la tête de l’amérique européenne

    • On savait depuis toujours que l’Europe était allemande sous tutelle américaine , seul de Gaulle avait vu juste . Ses successeurs ont bradé l’héritage en donnant plus de pouvoir a cette Europe mortifère. Est il déjà trop tard ?

  4. Eh oui..tout ça pour ça..l’europe est allemande,et cette fois sans combattre,juste en utilisant des gouvernants traitres et corrompus…

  5. Plus ces gens là on de casseroles et plus ils ont de chances d’être réélus. Mais où les électeurs ont-ils la tête ?

  6. Van der Leyen n’est pas Bismarck – loin s’en faut – et comme toute l’Europe ne parle pas Allemand, la notion même de fédération est une hérésie ou alors il faut adopter l’anglais comme langue commune, avouez que ce serait un comble.

  7. Macron n’a pas besoin d’un Gouvernement choisi. Seule compte pour lui l’intégration à une Europe fédérale avec un gouvernement centralisé, en l’espèce la Commission Européenne non élue. Macron est prêt à toutes les forfaitures pour son projet européiste. La France et les français n’ont aucune valeur à ses yeux.

  8. Il me semble que l’époux d’Ursula est employé dans une société qui appartient au même groupe que Pfizer, ce qui constituerait un conflit d’intérêt majeur.
    Le pas de l’oie ? Pas de la dinde, je dirais.

  9. Effectivement sidérant que VDL soit reconduite dans ses fonctions.
    Il faut croire que du point de vue de sa hiérarchie, elle fait de la belle ouvrage…

  10. Malheureusement, il ne faut pas compter sur le RN pour mener ce combat, dont la seule obsession, aujourd’hui, et d’être irréprochable et ne parlons pas des LR….Bref, le rêve de Walter et des USA est à nos portes.

    • Oui, il n’y a rien à attendre du RN qui n’en fini pas de montrer patte blanche pour ….devenir comme LR, larem ou le PS. On est 2% à avoir voté la sortie de l’UE et de l’euro. Le système se marre. Il joue sur du velours car si tout le monde le conteste, tout le monde vote pour lui. L’UE sera bientôt un pays, vassal des USA. Les gens devant leur télé prennent la pilule rouge (cf Matrix) du résistant mais dans la vrai vie ils prennent la bleue, celle de la réalité fabriquée à laquelle ils se sont asservis volontairement.

      • Mais voyons , l’UE c’est la paix.
        Bon , l’UE c’est l’OTAN , l’OTAN c’est Washington , Washington c’est la guerre toujours et partout.
        Mais l’UE c’est la paix , puisqu’on vous le dit .

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