[Tribune] Lutter contre le trafic de drogue : quand on veut, on peut !

police judiciaire

Lors d’une récente visite de la préfète de police des Bouches-du-Rhône dans le quartier de la Paternelle, au nord de Marseille, un habitant déclarait au sujet du trafic de drogue : « Je pensais qu’il n’y avait rien à faire et le miracle est arrivé. » Sauf qu’il ne s’agit bien évidemment pas d’un miracle. Mais bien du travail acharné des policiers marseillais qui, pendant deux ans, ont livré une lutte sans merci contre les trafiquants qui sévissaient depuis de nombreuses années dans ce quartier.

Ce résultat, encore fragile - rappelons que le dernier règlement de comptes ayant fait un mort remonte seulement au 27 juillet dernier -, montre néanmoins la voie à suivre si l’on veut combattre efficacement ce fléau, mère d’une grande partie de la criminalité que constitue le trafic de stupéfiants.

C’est en effet dans le temps long que ce trafic doit être combattu. Et il passe par trois phases successives. Tout d’abord, un travail minutieux de renseignement et d’identification. Réalisé dans le cadre d’enquêtes policières appropriées sous le contrôle des magistrats du parquet ou de l’instruction, ces constatations sont essentielles, puisqu’elles serviront de base juridique à toutes les actions qui seront menées ultérieurement. Cette mission, menée de préférence par les effectifs de la police judiciaire, peut et doit en réalité concerner tous les services de police et, si nécessaire, de gendarmerie.

En second lieu, viendra le temps des interpellations. Sur la base des éléments recueillis lors de la première phase, tous les individus concernés et identifiés seront interpellés et feront l’objet d’une procédure particulière. C’est le temps de la neutralisation et de la mise à l’écart des trafiquants et des fauteurs de troubles.

Enfin, une fois le quartier débarrassé de ces criminels, le temps d’une occupation pérenne du terrain sera venu. C’est à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, que pourra être rétabli durablement l’ordre républicain.

On comprendra, à l’instar de l’exemple du quartier de la Paternelle, que ce genre de mission demande énormément de temps et d’effectifs. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de prévoir, d’anticiper et de coordonner en amont ce type d’action.

La réussite indéniable observée dans ce quartier nord de Marseille ne doit cependant pas être l’arbre qui cache la forêt. La France connaît, actuellement, un très fort développement du trafic de stupéfiants. La demande n’a jamais été aussi grande et les profits générés aussi importants. Aujourd’hui, et depuis quelques années, le port du Havre est devenu un point d’entrée majeur de la cocaïne dans notre pays. De la même manière, la Guyane et les Antilles sont devenues des zones de rebonds importantes pour la cocaïne destinée à la France et à l’Europe. Ainsi, actuellement, entre 15 et 20 % des saisies annuelles de cocaïne proviennent de la Guadeloupe en provenance d’Amérique du sud.

Nous le constatons donc, si l’éradication du trafic de drogue et l’éloignement de dealers du quartier de la Paternelle à Marseille constituent bien une victoire, celle-ci est limitée et forcément anecdotique au regard de l’ampleur du phénomène. Mais ne boudons pas notre plaisir de voir qu’il est possible, en y mettant les moyens nécessaires, de porter des coups significatifs à une forme de délinquance qui n’en finit pas de pourrir la vie et la sécurité des Français.

Le combat contre le crime organisé, dont le trafic de stupéfiants est partie intégrante, doit être une priorité absolue. Nous savons qu’il génère des profits énormes et qu’il pervertit une partie de notre jeunesse. Nous savons aussi qu’il favorise la commission d’autres crimes et délits, notamment ceux liés à la petite et moyenne délinquance. S’attaquer à ce phénomène est aussi une façon de combattre la ghettoïsation de nombreux quartiers et que leur reconquête passe forcément par ce travail devenu aujourd’hui indispensable. Une fois encore, la balle est dans le camp du politique. C’est lui, en effet, qui fixe les moyens et les objectifs.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

18 commentaires

  1. « Le combat contre le crime organisé, dont le trafic de stupéfiants est partie intégrante, doit être une priorité absolue. » Apparemment, ça n’a pas l’air d’être le cas pour notre gouvernement. Parlez-lui du RN, ça oui, c’est une priorité prioritaire.

  2. Mais bien sûr que quand on veut, on peut. Si on met le paquet pour lutter, on finit par gagner. Mais on peut se poser la question: si il y’a des tonnes de drogues qui arrivent en France et qui sont consommées, est-ce qu’il y’a eu des études et des rapports qui disent qui sont les consommateurs ? parce que moi, autour de moi, à priori je ne connais personne qui en utilise, ni de près ni de loin. Alors où passent ces tonnes ? je répète, y’a t’il eu des études sur le sujet ?

  3. L’arrêt de l’immigration incontrôlée, serait également un rude coup porté à ce type de délinquance. Manifestement, ce n’est hélas pas au programme macron.

  4. On ne peut ignorer que l' »élite » est loin d’être la dernière à consommer. Comme pour la production de tous les biens qu’ils consomment et du retraitement des déchets qu’ils produisent, ces urbains de la « caste » supérieure ont besoin de la périphérie de leur ville comme source d’approvisionnement en substances illicites. Que les quartiers dans lesquels se déroulent ces trafics soient invivables pour la population « ordinaire », ça, l’élite s’en fout royalement.

  5. Et comment vivrons toutes ces familles sans l’apport de l’argent généré par la drogue ??? Des quartiers entiers « crèveraient » de faim !! Alors nous laissons faire !! Et continuons à laisser venir des « misérables » de tous les coins du globe !! C’est le « serpent qui se mord la queue »

  6. Et si les habitants jetaient des pierres depuis leurs fenêtres sur les clients qui viennent s’approvisionner ? Les racailles le font bien elles sur les policiers et les pompiers ?

  7. Le jour où le pouvoir acceptera vraiment de croiser revenus, train de vie et déclaration fiscale… quelques progrès auront lieu dans le domaine de trafic de drogue.

  8. Comme le reste du commerce, c’est la loi de l’offre et de la demande. Pas de demande pas d’offre et par effet pas de trafic. C’est tellement simple que çà leur échappe, il semble que beaucoup pensent comme moi.

  9. Oui quand on veut on peut ..je crains que souvent on ne veuille pas vraiment.
    Tant d’accros aux substances dans les hautes sphères..
    Attaquons nous aux consommateurs.

  10. la demande, tout simplement : pas de client, pas de vendeur ! mais vous semblez vouloir l’ignorer, alors que c’est le B A BA du marché, quel qu’il soit, drogue, cacahuètes, voitures, bouffe : allez vendre un peigne à un chauve !

  11. Oui quand on veut on peut mais hélàs nos élus ne veulent pas trop déranger ces racailles , par peur , manque de courage et lâcheté .

  12. Le vol direct Cayenne-Paris est très surveillé par les Douanes, qui traquent les mules qui peuvent être des femmes, et même des enfants (une mère et un enfant ça fait plus « gentil », mais la ruse est éventée). Aussi, un vol indirect, via Pointe-à-Pitre, est-il maintenant préféré.

  13. Le titre dit l’essentiel. Mais l’article, centré sur la méthode et les moyens de la lutte contre les trafiquants, ne reprend pas ce point essentiel : la volonté politique. Et cette volonté doit tout autant s’exprimer dans la répression de la consommation.

  14. Euh, M. DAMIEN, rien sur les pays producteurs ? Par ailleurs, selon la loi du marché, si la demande était si forte comme vous l’écrivez, les prix seraient élevés, or ils ne cessent de chuter, je pense que c’est plutôt l’inverse, c’est l’offre qui est élevée, pour attirer le consommateur !
    Quant au Havre, gageons que son maire, petit-fils de docker saura trouver les solutions ! ……………

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