[TRIBUNE] JO Paris 2024 : ces « risques incontrôlables »
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Selon un sondage CSA pour Europe 1, CNews et le JDD, une courte majorité de Français pensent désormais que la France n’est pas prête pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques, cet été. Cent ans après les derniers Jeux à Paris, et après plusieurs candidatures échouées (1992, 2008, 2012), l’édition 2024 aurait dû susciter un grand enthousiasme, mais elle ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la population.
La faute, en grande partie, à des problématiques de sécurité, très sensibles dans l’opinion. La preuve avec un sondage qui donne près de deux tiers (65 %) des Français inquiets pour la sécurité durant la compétition.
Cette inquiétude est-elle justifiée ? C’est ce qu’a voulu savoir l’Institut pour la justice, que je dirige, dans un rapport décrivant la sécurisation hors normes de cet événement mais pointant surtout des « risques incontrôlables » dus à un contexte sécuritaire catastrophique.
Des décisions politiques déconnectées du bon sens
Bien sûr, la source du sujet revient à la première décision : fallait-il organiser ces Jeux ? Organiser ces Jeux était-il une bonne idée ? Outre l’indubitable prestige qui en découle, rappelons que les deux autres candidatures les plus sérieuses pour 2024, Boston et Hambourg, ont été abandonnées suite à des pressions des habitants. Organiser des Jeux est un effort pour la population, qui n’est pas sûr d’être rentabilisé…
Mais la volonté d’organiser les Jeux olympiques date des années 1980 et force est de constater que les gouvernants d’aujourd’hui ne sont pas responsables du choix effectué hier. Bref, la décision a été prise et il faut désormais sécuriser ces Jeux…
En revanche, une autre décision politique ne peut bénéficier de la même mansuétude : l’organisation de la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Une opération potentiellement grandiose, extrêmement ambitieuse… pour ne pas dire mégalomane.
En effet, initialement prévue dans le Stade de France, le Comité olympique annonçait, en décembre 2021, que cette cérémonie d’ouverture aurait finalement lieu sur la Seine. Les 10.500 athlètes et officiels parcourront donc six kilomètres à bateau, entre le quai d’Austerlitz et le Trocadéro. Toute la difficulté sera, naturellement, de sécuriser une zone immense, en pleine ville, et au bord de l’eau. Un choix qui interroge, d’autant que c’est une première. Même la Chine ultrasécurisée de 2008 n’avait pas osé.
Il n’est évidemment pas interdit d’avoir de l’ambition, mais dans le contexte sécuritaire de la France, un casse-tête tel que celui prévu est une prise de risque.
Un ministre qui met les grands moyens
Un bon moyen de mesurer les risques que posent ces choix politiques consiste à observer l’étendue de la préparation. Ainsi, Gérald Darmanin, consacré « chef suprême de la sécurité des Jeux olympiques » en tant que ministre de l’Intérieur, a à la fois lancé un plan très ambitieux, le plan « mobilisation 100 % », et revu les objectifs à la baisse.
Ainsi, lors de la cérémonie d’ouverture, ce ne sont plus 600.000 personnes qui sont attendues sur les quais, mais 326.000.
Par ailleurs, les services de l’État prennent les grands moyens. 45.000 agents des forces de sécurité intérieures seront mobilisées, sous la direction générale du préfet de Paris. « Même le gouverneur militaire de Paris, pourtant général quatre étoiles, travaillera en concours avec le préfet de police de Paris », selon le porte-parole du gouverneur militaire.
La mobilisation inédite de ces agents sera compensée par une impossibilité, pour ceux-ci, de prendre des vacances en juillet et août, et par un dégraissement des brigades dans le reste de la France. L’armée est également appelée à la rescousse, avec 15.000 militaires Sentinelle, dont une partie sera logée dans un camp géant en plein Paris, sur la pelouse de Reuilly.
Gérald Darmanin, qui joue son futur politique à quitte ou double, prend donc la mesure du problème. Mais certains risques restent incontrôlables…
Mais malgré toutes ces précautions, la France vit dans un contexte sécuritaire catastrophique qui rend incontrôlables certains risques : d’abord, le risque de l’insécurité du quotidien avec, par exemple, l’explosion des violences volontaires, multipliées par 4,5 en près de trente ans. La sur-mobilisation des forces de police entraînera certainement un effet de décompression, soit pendant les Jeux dans les zones les moins protégées, soit après les Jeux.
Autre risque : celui des émeutes. Suite à celles de 2023, il avait fallu 130.000 agents de police et de gendarmerie dans toute la France pour organiser le 14 Juillet. Si des émeutes devaient avoir lieu lors des Jeux olympiques, il serait impossible d’y mettre fin.
Enfin, le risque terroriste dans une France en alerte attentat est encore plus important qu’en temps normal. Ainsi, Gilles Kepel, géopolitologue, déclarait : « Tous les djihadistes du monde veulent qu’un attentat marque la faiblesse de l’Occident et d’autant plus de la France qu’ils considèrent comme leur ennemi laïc par excellence. »
Si ces Jeux olympiques et paralympiques se déroulent sans accroc, ce sera donc autant dû au travail efficace des services de l’État qu’à un « coup de chance ». Le succès de ces Jeux repose maintenant sur un immense pari…
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20 commentaires
On peut juste espérer que ce ne sont pas encore es innocents qui paieront les incompétences de ces politicards, politicards qui s’en fichent puisque sur-protégés, eux … Et qu’il y aura des responsables de cette organisation …
La boxe sera la seule discipline sportive qui aura vraiment sa place aux J.O……D’ailleurs Macron a donné l’exemple. Pour le reste ces jeux ne peuvent qu’être une catastrophe dans cette pétaudière qu’est devenue la France macronienne.