[TRIBUNE] Police et gendarmerie : l’union fait la force

Bien que peu reprise par les médias, et encore moins par les politiques qui devraient pourtant s’en préoccuper, la question des démissions dans la police et la gendarmerie est un puissant révélateur du malaise profond qui touche notre société, nos institutions les plus solides et, d’une manière plus générale, notre pays.
Phénomène nouveau et inquiétant, les nombreux départs spontanés, hors mises à la retraite, qui touchent nos policiers et nos gendarmes (on évoque les chiffres de 10.840 pour la police et 15.078 pour la gendarmerie depuis 2020) relèvent de plusieurs raisons. Ainsi, conditions de travail très dégradées, salaires insuffisants, notamment pour le bas de la chaîne hiérarchique pourtant le plus exposé, politique sociale insuffisante, en particulier révélée par des taux de suicides considérablement élevés, et la liste ne s’arrête pas là ! Car à tout cela, on peut ajouter toutes les réformes survenues au cours de ces dernières années. Loin d’adapter nos institutions sécuritaires aux enjeux du même nom, elles n’ont fait, au contraire, que les fragiliser. Pour preuve, cette dernière réforme de la police judiciaire et des DDPN, qui n’a fait que désarmer davantage nos policiers face au spectre haut de la criminalité tout en ne résolvant en rien la sécurité du quotidien.
Une vaste réforme de nos forces de sécurité
Compte tenu de l’évolution de l’insécurité dans notre pays, qui voit émerger des tueurs à gages de 14 ans, des règlements de comptes sur fond de trafic de drogue et des égorgements toujours plus nombreux, une vaste réforme de nos forces de sécurité s’impose cependant. Une réforme qui prendrait enfin en compte la réalité du crime dans notre pays, les légitimes attentes de nos concitoyens qui n’en peuvent plus de subir la loi du « milieu » mais aussi, et peut-être surtout, le souhait ardent de nos policiers et gendarmes de pouvoir enfin exercer leurs fonctions sans craindre d’être tués par le premier OQTF venu. Ou bien d’être, à l’occasion d’une intervention, cloués au pilori par une gent et une presse bien-pensantes mais totalement déconnectées des réalités du quotidien.
Pour cela, je préconise une refonte globale et totale de nos forces de l’ordre. Une fusion entre la police nationale et la gendarmerie nationale qui donnerait naissance à une « police républicaine » totalement civile. Une nouvelle force de sécurité intérieure qui fonctionnerait par filières métiers autonomes, même si coordonnées aux niveaux national, régional et local. En résumé, une force nationale de sécurité publique qui plongerait ses racines au cœur de nos populations pour en être véritablement l’émanation et la représentation.
J’ai bien conscience qu’une telle proposition va faire hurler. D’abord, les « chapeaux à plumes » de ces deux institutions vénérables et séculaires que sont la gendarmerie et la police sont désireux avant tout de préserver leurs prés carrés : ils n’y verront que l’idée d’un « illuminé ». Puis, les politiques de tous bords qui ont été jusqu’à présent incapables de présenter d’autres réformes de nos forces de l’ordre que celles susceptibles de servir leur avenir et leur intérêt personnels. Enfin, les spécialistes des plateaux télé. Habiles à enfoncer le plus souvent des portes ouvertes en matière de sécurité, ils ont bien été incapables de proposer des solutions concrètes et efficaces aux maux dont souffrent les Français.
Bien sûr, une telle ambition nécessite un travail de fond et une réflexion approfondie en amont. Elle suppose que l’on se pose les bonnes questions et que l’on soit prêt à y consacrer des moyens importants. Mais elle est la seule issue possible pour sortir d’une impasse qui nous conduit inexorablement au chaos sécuritaire qui se profile désormais.
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24 commentaires
Je ne suis pas DU TOUT d’accord avec cette proposition pour les raisons suivantes:
Il y a une propension très jacobine en France à tout fusionner par principe sans jamais démontrer à l’avance que ce serait mieux (voir la création de la DGSI et ses maigres performances par rapport aux RG d’autrefois). Mettre la gendarmerie à l’Intérieur était déjà une bêtise, fusionner comme l’ont fait les Belges revient tout simplement à supprimer la gendarmerie.
Or toute l’histoire de cette institution montre deux choses:
1. Que face à une délinquance qui se militarise on a justement besoin d’une police à statut militaire (la Maréchaussée fut créée pour lutter contre les « grandes compagnies » qui étaient des soldats démobilisés devenus pillards)
2. Que chaque fois que l’efficacité de la gendarmerie a baissé, on l’a restaurée en la re-militarisant. La fusionner avec la Police couperait définitivement le lien de la gendarmerie avec les armées sans possibilité de retour.
A l’heure où la délinquance manie plus volontiers la kalash que le 7,65, une gendarmerie forte et très militaire est de plus en plus indispensable.
Le vieux rêve des syndicats de police et leurs grands chefs. Une seule police nationale au détriment de la gendarmerie nationale (et de la police municipale) qu’ils souhaitent voir disparaitre depuis bien longtemps et plus particulièrement depuis l’époque Sarkozy.
Les militaires de la gendarmerie ont leur particularité et un savoir faire inégalé sur bien des points. Certains de nos politiques et élus le savent très bien, notamment en période de crise grave ou de crise de très haute intensité où ils peuvent faire confiance à ces militaires. Les jeunes gendarmes qui souhaitent la fusion n’ont plus les mêmes valeurs qu’autrefois et se sont « fonctionnariser » au point de perdre leur propre identité et s’identifier aux civils et donc aux policiers. On le voit aujourd’hui dans les mentalités et leur comportement.
Il faut juste redistribuer les missions et rester complémentaire selon les besoins et la situation.
C’est un vieux rêve gouvernemental : Tout contrôler par une seule « police ». La gendarmerie dérange les gouvernements par une certaine rigueur, qui n’appartenait qu’à elle, et qui n’est plus supportable. Je parle en tant qu’ancien juge d’instruction.
Police et Gendarmerie ont leur spécificité. Elles ne sont aucunement en opposition. Elles travaillent ensemble, un peu différemment, sur des territoires différents, mais sans aucune opposition, au maintien d’un ordre minimal. Les réunir en une seule administration ? Pour le profit de qui ? Certainement pas des peuples. Du gouvernement en place. C’est le même projet que la mondialisation : Tous Unis, sous une sorte de Dictature bien centralisée mais « Démocratique » évidemment. Depuis des décennies que les Réformes n’aboutissent qu’à des stupidités….Il faudrait faire une pause.
Démarche ambitieuse mais on pourrait y adjoindre la Douane, qui végète malheureusement malgré des atouts considérables.
Il faudrait surtout remettre toutes ces forces au travail sur le terrain et non calfeutrés dans leurs commissariats ou brigades à remplir de la paperasse à longueur de journée, dèsyndicaliser la Police en la militarisant et enfin réguler les règles de tir en les simplifiant et en les unifiant entre les deux forces. Et contrairement à ce que peuvent penser ou faire certains des « chapeaux-a-plumes » évoqués remettre tout ce beau monde hors de leurs bureaux douillets et bien sécurisés en les obligeant à porter leur uniforme sans se cacher.
Si les forces de l’ordre sont « calfeutrées dans leurs bureaux »,c’est dû à la complexité et la lourdeur des règles de procédure amoncelées depuis des décennies.Rien qu’une simple vérification téléphonique implique que la teneur de cette vérification soit transcrite par PV. Notez qu’on peut toujours rêver de simplifier la procédure en créant des imprimés avec cases à cocher,qu’il s’agisse de crimes,délits ou exécutions très paperassières de commisssions rogatoires des juges d’nstruction et autres instructions de parquet,voire simples prises de plainte avec les suites qui vont avec.Ce sont souvent plusieurs centaines de dossiers qui s’amoncellent ainsi sur chaque bureau .
Votre solution présuppose qu’en premier chef, on annihile tous les conseils machin nuisibles au rétablissement de l’ordre dans le Pays parce que trop politisés : droits humains, constitutionnel, d’état etc… Ceux-là vont à l’encontre des besoins et souhaits des Français. Préalable sine qu’à non.
Si les juges faisaient leur travail correctement, il n’y aurait pas autant de démission. A quoi sert le travail des policiers et des gendarmes quand les juges ne punissent pas les malfaiteurs?
Évidemment ! Cela tombe sur le sens .Nous avons à l’échelle de l’état les mêmes cas de figure que se qui se passent sur le terrain.
Un ministre de l’intérieur dont la bonne volonté est immédiatement annihilée par un ministre de la justice guidé par sa seule idéologie faisant fi de la réalité de terrain .
Les policiers et gendarmes en ont marre de ce petit jeu.
C’est usant de voir que tous les efforts consentis peuvent être annulés par un vice de procédure dont certains avocats se sont fait la spécialité.
Sans parler des juges dédiés aussi seuls condamnés .
Quant aux victimes , elles n’existent pas ,cela passe en perte et profit .
Les honnêtes gens aiment leur police, ceux qui la dénigrent sont-ils malhonnêtes? la question se pose cruellement aujourd’hui.
Non, il faut conserver cette vénérable institution de la Gendarmerie qui a des compétences spécifiques en zone rurale…
Policier moi même, j’ai la même analyse que vous Monsieur. Il y a longtemps que je prône cette fusion. Des amis gendarmes ont la même vision. Malheureusement , comme vous le dénoncez si bien certains freineront des quatre fers …
Il n’y a pas que les zones d’emploi qui différencient Police et Gendarmerie . J’ai connu l’époque où on envoyait les Gardes pour forcer les Policiers à reprendre le travail . Le Gendarme est Officier de Police Judiciaire et titulaire du permis de port d’arme par nature. La coopération entre ces deux Corps n’a jamais coulé de source. Modifier leurs Ministère d’attache ne suffit pas à les unifier.
heu! non,tous les gendarmes ne sont pas opj,il faut passer un concours pour etre opj quand au ministère de tutelle c’est le ministere de l’interieur pour les 2 entités depuis 2009.
Oui bonne proposition
Force qui ne sert pas à grand chose, puisque leur action est annulée par les positions de la « justice », du conseil constitutionnel et des différentes associations.
Sur ce sujet si Barnier fait la même politique que « les autres »et qu’il ne renverse pas la table ,il va sauter
On parle de milices qui se constituent, de quartiers vigilants etc. Pourquoi pas une garde nationale sous le contrôle de l’intérieur composée de volontaires sur recrutement drastique n’ayant jamais été condamnés, apte à se présenter des que les besoins se font ressentir et pouvant renforcer les FDO. Les sondages montrent que plus de 80% des français veulent un rétablissement de l’ordre cette création serait sûrement bienvenue et implantée partout en France.
Une Garde Nationale…Elle existe aux USA mais c’est une sorte d’armée. Certains pays n’ont plus de gendarmeries, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, d’autres y tiennent et gardent ces corps prestigieux comme en Italie ou Espagne. Il y avait dans le temps en Belgique, une Garde Civique… A étudier.