[TRIBUNE] Quand R. Glucksmann et F.-X. Bellamy s’expriment en anglais

Le 11 mars, séance plénière du Parlement européen devant près de 700 députés, Raphaël Glucksmann prend la parole… en anglais ! De nationalité française, élu par le peuple français, il s’adresse à ses pairs dans une langue qui n’est pas la sienne, en dépit de la parfaite traduction simultanée des débats dans les 27 langues de l’Union qui rend parfaitement inutile ce choix guère innocent.
Le 13 mars, dans les mêmes circonstances, c’est au tour de François-Xavier Bellamy, au nom du Groupe PPE, de s’exprimer longuement dans cette langue qui n’est ni la sienne ni celle d’aucun des 720 députés européens (les Irlandais ont choisi le gaélique).
Pour M. Glucksmann, cette faute n’est pas abondée par la surprise… Beaucoup n’ont pas oublié sa fameuse déclaration : « Quand je vais à New York ou à Berlin, je me sens plus chez moi culturellement que quand je me rends en Picardie. » Donc, M. Glucksmann qui dit de lui-même qu’il « fait partie des élites françaises » trouve tout naturel de parler la langue des maîtres plutôt que celle des gueux. Dont acte.
L’effet Bellamy fut, lui, sidérant. Voici un homme qui déclarait, naguère : « Les mots sont notre trésor et c’est un trésor fragile » et, remettant le Grand Prix de langue et culture françaises, il exhortait une jeunesse qui buvait ses paroles à être « les dépositaires émerveillés de notre langue ». C’était juste et bien dit.
Mais, alors, quel sortilège a frappé ce conservateur proclamé pour qu’il en vienne à trahir sa langue devant les représentants de toutes les nations de l’Europe ? Un frisson d’aise parcourut les échines fédéralistes, devant une recrue si inattendue.
Du respect de sa nation
Il ne s’agit pas d’ouvrir avec l’un ou l’autre une polémique mais de donner un sens au choix qui fut le leur. Parler dans sa langue lorsqu’on en a la possibilité, c’est respecter sa nation. Choisir l’anglais alors que c’est parfaitement inutile, c’est déclarer sa flamme à une Europe fédérale. Les institutions européennes sont une prodigieuse machine à broyer les nations. Depuis 2000, la devise de l’Union européenne est « Unie dans la diversité ».
L’objectif constant est pourtant de faire disparaître toute diversité.
Pour le cercle de la raison bruxellois, les nations appartiennent à l’Europe du passé et il faut, petit à petit, les dissoudre, en commençant par les symboles. On se donna donc un drapeau et une devise comme tous les États, puis une monnaie unique et, donc, bientôt, semble-t-il, une langue unique, tandis que l’armée et la diplomatie unique sont déjà dans le débat pour beaucoup. La souveraineté vacille, c’est le but poursuivi.
Rien ne symbolise mieux une nation que sa langue. La remplacer par une autre sans la moindre nécessité pratique, c’est préparer l’effacement de son pays. Il fallut du temps pour que naisse le français, s’extirpant du latin et des langues barbares ; pour que les langues d’oc et d’oïl s’unissent. À Villers-Cotterêts, François Ier impose le français pour les actes officiels. Un siècle plus tard, Richelieu en confie la garde à l’Académie française qu’il vient de créer.
C’est en français que l’on fit savoir aux Anglais que la garde meurt mais ne se rend pas ; en français que des Bretons, des Picards et des Charentais se faisaient passer les ordres et de maigres rations dans les tranchées de 14. Si la beauté de cette langue n’est pas sensible à l’âme de tous nos députés, puissent-ils au moins comprendre son sens politique.
Les Français attendent d’eux qu’ils parlent la langue de leurs électeurs, celle de leurs aïeux, pas qu’ils se pavanent en psalmodiant la langue internationale des puissants. L’Europe que nous voulons est plurielle ; elle respecte les nations, la diversité de leurs usages, le génie propre de chacune et la manière de l’exprimer : la langue. Nous n’avons pas pour projet de faire de la France un mausolée, mais l’avenir se bâtira en additionnant des compétences, pas en effaçant des différences. Prenons garde, si le français devient inutile aux yeux des représentants de la France, c’est la France elle-même qui sera demain oubliée.

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35 commentaires
Je pense que c’est une bonne chose que des acteurs politiques français puissent s’exprimer correctement en plusieurs langues.
Preuve d’ouverture d’esprit et opportunité d’envoyer un message en direct aux non francophones.
» C’est en français que l’on fit savoir aux Anglais que la garde meurt mais ne se rend pas ; en français que des Bretons, des Picards et des Charentais se faisaient passer les ordres et de maigres rations dans les tranchées de 14. ».. Vous oubliez de dire que c’est aussi en francais que Cambronne a expliqué sa manière de voir aux Anglais…
Dans cette logique vraie, ici clairement exposée, il reste donc à promouvoir le Frexit, pour laisser derrière la France tout ce cirque américano-européiste déployé de longue date et suivre là au moins les Anglais.
Nous avions pour partie « fait » les anglais, avec le duc Guillaume. Ils nous l’ont bien rendu depuis…mais, n’en déplaise à nos beaux parleurs, nous ne sommes pas tout à fait morts !
Lorsque j’étais en opération en Cote d’ivoire dans un village baoulé ou nous intervenons suite a des exactions notre entretien avec le chef du village se fit pour lui en dialecte baoulé et moi en français avec un traducteur du village. Invité chez lui pour l’apéro je constatais qu’il parlait parfaitement le français. Lui demandant pourquoi il n’avait utilisé notre langue lors de l’entretien il me répondis que c’était pour assoir sa position de chef de village face a l’étranger. A méditer.
Il n’y a pas de maladie de la langue, il n’y a que des gens malades d’y-celle !
Permettez moi d’user de la langue de Cambronne, et dire merde à l’Union Européenne !
Deux pingouins sans consistance.
J’appelle ces gens là des demeurés, pour ne pas dire autres paroles. Croient-ils être plus intelligents ou ont-ils honte de leur langue maternelle. Je suis pas doué pour les langues, mais avec un instrument grand comme un portable, je peux m’exprimer en 112 langues, même du mandarin.
Ce sont les tares de la République, mais hélas ils ne sont pas seuls des irresponsables reste que « Si le français devient inutile aux yeux des représentants de la France, c’est la France qui sera demain INUTILE. Mais quelque part ne l’est-elle pas déjà ? Le parfumé a déjà fait son oeuvre pour cela.
Ils sont atteints par le syndrome Macron…mais veulent montrer que eux aussi parlent la langue de la « perfide albion ». Et si possible mieux que lui ( pas bien difficile)…
Ridicule et anti france..
Le respect de son pays ne commence-t-il pas par le respect de sa langue ?
bellamy vire bobo plouc , il est a contre courant du peuple de France ce tocard et devenu macroniste
il en sera remercie a grands coups de pompes dans le dreche
Pourquoi s’étonner venant de Bellamy. C’est un européiste convaincu. Il parle de la France, mais dans l’Europe…
Concernant M. Glucksmann : who cares?
Concernant M. Bellamy, c’est gênant. Et même d’autant plus gênant qu’il se met à pratiquer le « en même temps ».
La langue française est belle, certes, mais abandonnons-la au peuple.
Pour nous, les zélites, il est plus chic, plus valorisant, de parler (parfois baragouiner) en anglais.
de baragouiner le globish…
Votre dernière phrase est exactement le reflet de la réalité, même les cadres d’entreprise parce qu’ils travaillent à l’international aiment montrer qu’ils maitrisent l’anglais, c’est une forme de snobisme et une manière de montrer qu’on est quelqu’un. Bellamy ce n’est qu’un philosophe, quelle est son expérience en entreprise, dans le vrai monde et quelles sont ses connaissances en économie, en droit social, on a besoin de connaitre à minima tout ça pour comprendre comment ça marche, tous les dirigeants d’entreprise en ont un minimum de connaissances. C’est pour ça qu’au gouvernement ça marche si bien par exemple madame Pannier-Runacher elle, elle n’a jamais vu un pauvre c’est pareil, elle est enfermée dans son microcosme.