[Tribune] Qui est fou ?

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Il faudrait plus s’interroger sur la part de folie qui, depuis bien longtemps, a envahi l’oligarchie politique et médiatique occidentale que sur la supposée « paranoïa » de Vladimir Poutine. En 1991, le second totalitarisme du XXe siècle s’effondre en URSS. Le camp du bien a gagné, la démocratie universelle est en marche… sauf qu’elle doit sa victoire, non à sa séduction, mais à l’acharnement d’islamistes fanatiques en Afghanistan et à la résistance de la très catholique Pologne.

L’Empire éclaté, d’Hélène Carrère d’Encausse, éclate pour de bon, alors que pour sa plus grande part, il se pense encore russe et que d’importantes minorités russophones vivent encore dans la plupart des nouvelles républiques. La fin du communisme et l’irruption d’une libéralisation chaotique précipitent l’ensemble dans le marasme. Les tyrans locaux héritiers du système, les oligarques voraces s’emparent des dépouilles. Dix ans plus tard, Poutine entame un redressement spectaculaire de la Russie. C’est un patriote russe. Ce n’est plus un marxiste, mais plutôt un conservateur qui ne demande que du respect pour son pays de la part du vainqueur avec lequel il est tout prêt à s’entendre. La politique étrangère lors de son premier mandat est dans la continuité de la politique d'Eltsine. Il ira même plus loin : il proposera à l’Union européenne la création d’un marché économique unique et aux États-Unis l’entrée de la Russie dans l’OTAN. Les deux offres seront refusées. Elles étaient pourtant raisonnables : d’abord, l’Europe et la Russie sont complémentaires ; ensuite, l’OTAN n’a plus l’URSS comme ennemi, mais en a d’autres qui se révèlent alors : l’islamisme sous sa forme terroriste, notamment. Poutine soutiendra le président Bush après le 11 septembre.

La situation actuelle ne provient pas du délire d’un nouveau tsar, mais de la déception devant la réponse américaine, puis de la prise de conscience lucide de ce que veut l’Amérique. Il y avait eu l’éclatement de la Yougoslavie, essentiellement au détriment des Serbes proches des Russes, puis l’écrasement de l’Irak, un ancien allié, puis, pendant la présidence de Medvedev, la dislocation de la Libye, enfin, la tentative de renverser le régime baasiste de Syrie, partenaire de Moscou, et qui abrite des bases russes. Décidément, Washington, et surtout les démocrates de Washington, ne veulent pas du bien à la Russie. Celle-ci est encore trop puissante, et une éventuelle alliance avec l’Europe ferait de l’ensemble un redoutable rival. La politique dessinée par Brzeziński dans ses ouvrages, Le Grand Échiquier ou Le Vrai Choix, consistait à précipiter la division de la Russie, à empêcher l’indépendance de l’Europe et à maintenir la puissance américaine en Eurasie. Les événements actuels se situent dans le déploiement de cette stratégie : la poussée de l’OTAN vers l’Est, le soutien constant aux musulmans sunnites et notamment à la Turquie également membre de l’OTAN deviennent cohérents. Le soutien turc aux musulmans de Bosnie contre les Serbes, la présence turque en Syrie protégeant le réduit islamiste d’Idleb, l’appui turc à l’attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, demeurée fidèle à Moscou, l’abandon de l’Afghanistan aux talibans à la lisière des républiques musulmanes de l’ex-URSS dessinent une logique d’encerclement de la Russie dont témoignent également les « révolutions » suscitées dans les pays qui lui sont proches.

En somme, derrière la folie apparente, il y a des deux côtés une intention rationnelle qui est de tuer pour l’un, et de survivre pour l’autre. Reste que la prétention d’accomplir ce meurtre au nom de la démocratie et des droits de l’homme relève davantage de la démence que la volonté de se défendre en évitant absolument que dans une ancienne province russe à portée de Moscou ne s’installent des armes nucléaires : telle est la prétendue folie de M. Poutine !

 

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Merci C. Vanneste de rappeler ce que la presse univoque élude consciencieusement: que l’Ukraine n’est que le jouet crédule, mais malheureux, de l’impérialisme US, pour qui elle est le pion à agiter aujourd’hui pour parfaire une stratégie d’encerclement de la Russie, qui commet le crime de refuser ce qu’acceptent les pseudo-démocraties de l’UE: servir de tremplin aux intérêts des puissances financières US, et dans leurs valises, de quelques autres européennes, piètres alibis.

  2. Poutine est soutenu par de nombreux Ukrainiens, qu’on ne voit pas à la télé. J’ai des amis ukrainiens, à Odessa, et j’ai eu de leurs nouvelles. Ils ont peur, mais pas des Russes. Le gouvernement a distribué des armes à des gens qui attaquent des magasins et qui se tirent dessus entre eux. Zelensky veut vider les prisons et donner des armes aux criminels. Mes amis me disent que dans les zones où les Russes sont installés, c’est calme et en ordre, et les Russes sont accueillis avec des fleurs.

    • Enfin des nouvelles VRAIES. Zelensky n’est qu’un fanfaron corrompu à la solde des US. Les émeutes et massacres vont continuer dans les régions sous contrôle ukrainien et menés par des bandes organisées de voleurs, tueurs, armés par le gouvernement. On lève tout doucement le voile sur notre belle EUROPE!

  3. Il s’ agit encore d’ une histoire d’ argent et de corruption à plus haut niveau!
    Malheureusement ce sont encore les civils qui font les frais des luttes des oligarques qui n’ ont que faire du malheur du peuple!

  4. Les américains veulent plus que jamais être les maîtres du monde, mais ils ont un « petit » problème ; avec leurs folies woke, indigéniste, racialiste, LGBT et j’en passe, ils sont en train de pourrir de l’intérieur.

  5. Je pense qu’ il aurait été plus intelligent de conserver Poutine comma allié que comme adversaire qu risque de se tourner vers la Chine et tant pis pour nous ,malheureux Occidentaux!

  6. Merci monsieur de votre article qui rétablit la vérité des événements. Mais malheureusement je doute que tous nos charlots qui gouvernent l’Europe actuellement, et l’imposteur chez nous en premier, veuillent réfléchir et le comprendre d’autant que les média, libertaires atroces par intérêt personnel, intoxiquent une population peu au fait de toutes les subtilités du gouvernement des nations.

  7. Monsieur Vanneste votre article est d’une limpidité, que tout être humain doté d’une intelligence moyenne est capable de comprendre! C’est bien la preuve qu’à l’Elysée, à Washington, à Berlin… il n’y a pas d’intelligence moyenne, mais seulement des égos sur-dimenssionnés, qui aveuglent et empêchent toute réflexion!

  8. Bonne explication du problème La soumission de la France et de l’EU a l’impérialisme américain le nom respect du vote des Français contre cette Europe utopique et les accords de Minsk restés sans applications dont es gouvernements allemand et français étaient parties ont
    amené à cette guerre ultime solution lorsque toutes discussions est sans suite La responsabilité de l’Allemagne et de la France est bien sûr engagée et il leur appartient d’engager avec la Russie des discussions sans délai

  9. Article passionnant, qui inscrit ce qui ce passe actuellment dans la durée et non à la petite semaine comme le font nos médiats mainstream, Je ne peux plus brancher ma radio ou ma télé, merci de nous informer inetlligament,

    • Même CNews n’est plus objectif. Je ne vais plus regarder cette chaine. Le seul à avoir des remarques sensées est Ivan Rioufol qui est sans cesse interrompu et ridiculisé. Y aurait-il des menaces jupitériennes en l’air?

  10. Excellent article.
    Merci Monsieur Vanneste.
    Vous semblez être le seul homme politique à nous montrer les deux faces du miroir.

  11. Merci pour cet article. Mais affirmer « l’OTAN n’a plus l’URSS comme ennemi, mais en a d’autres… : l’islamisme sous sa forme terroriste… » n’est-il pas en contradiction avec le constat du « soutien constant aux musulmans sunnites et notamment à la Turquie également membre de l’OTAN  » ? Car ce sont bien les frères musulmans qui sont à l’origine de l’islamisme…Je pense que l’OTAN favorise au contraire tout ce qui peut diviser l’Europe, y compris l’islamisme et son terrorisme !

  12. « Il est fou » voilà ce qu’on entend ici ou là à propos de Poutine. Pourtant il n’y a rien de fou dans sa réaction comme vous le démontrez très bien. Et dire que l’occident est décadent n’est pas de la folie non plus, c’est la vérité.

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