[TRIBUNE] Refus d’obtempérer: pour les policiers, c’est l’hôpital ou la prison

@Rama/Wikimedia Commons
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Ce mercredi 18 septembre, au Chesnay dans les Yvelines, un policier municipal a été très violemment percuté suite à un refus d’obtempérer. Il y a quelques semaines, percuté lui aussi par un chauffard après un refus d’obtempérer, Eric Comyn est mort, laissant derrière lui une femme et deux enfants. Cette affaire du Chesnay a lieu le même jour que la publication dans le JDNews d’une analyse de l’enquête judiciaire sur la mort de Nahel Merzouk. C’est un hasard de l’actualité (presque inévitable vu la quantité pléthorique d’affaires judiciaires scandaleuses) puisque l’affaire Nahel était précisément un refus d’obtempérer.

À la différence de ce qui s'est passé au Chesnay cependant, le policier qui a ouvert le feu sur Nahel Merzouk a échappé à l’hôpital (en plus d’éviter bien des potentielles victimes). Mais, suite à une manipulation politique et médiatique d’ampleur transformant l’affaire Nahel en débat politique puis en quasi-guerre civile, le policier a pourtant été envoyé en détention provisoire, quelques heures après la qualification du tir, au mépris de tout principe de précaution, d’ « inexcusable » par le Président de la République lui-même.

Cette détention provisoire était, à l’époque, une décision qualifiée de « rarissime », décidée par le juge des libertés et de la détention, puis confirmée par la chambre de l’instruction en appel, qui la justifiait notamment par le risque de nouvelles émeutes. On a connu justice plus sereine et indépendante.

70 refus d'obtempérer chaque jour en France

À la lecture de la presse ce mercredi 18 septembre, un policier peut donc penser qu’il a deux choix face à un refus d’obtempérer : l’hôpital ou la prison. À raison de 26.000 refus d’obtempérer par an, le choix cornélien risque de trotter sérieusement dans la tête de toutes les forces de l’ordre.

Et si l’on ajoute à cela la terrifiante industrialisation du laxisme mise en place à l’égard des criminels et des délinquants, dont 41% des condamnés à des peines de prison ferme ne mettent même pas les pieds en prison, on retombe une fois de plus dans le même risque : la perte dramatique du sens de leur métier pour les forces de l’ordre.

La dernière digue entre l’immense masse délinquante et les citoyens va-t-elle sauter ?

Pierre-Marie Sève
Pierre-Marie Sève
Directeur de l'Institut pour la Justice

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