[TRIBUNE] Retailleau, au boulot !

Capture d'écran LCP
Capture d'écran LCP

Depuis quatre mois, Bruno Retailleau occupe le poste de ministre de l'Intérieur. Et il parle fort. Mais agit-il ? Bruno Retailleau s’est prononcé pour l’interdiction du voile islamique à l’université et dans les sorties scolaires. Fort bien, mais cela ne dépend pas de lui. En revanche, il a autorité sur les préfets, les gendarmes et les policiers. Que fait-il vraiment ?

Trouve-t-il normal que la sous-préfète de Montbéliard participe à une opération de promotion du voile islamique avec une CAF et une MJC ?

A-t-il pris des dispositions pour interdire aux préfets de remettre - comme c’est trop souvent le cas - des titres de nationalité à des femmes voilées, arrivant « bâchées » à des cérémonies officielles ?

Mieux : a-t-il envoyé des instructions aux préfets pour leur demander d’être plus vigilants dans l’instruction des décisions de naturalisation et la vérification d’une réelle assimilation, comme l’avait fait Claude Guéant en 2011 et 2012 ? Une mesure d’autant plus nécessaire que restreindre le nombre des naturalisations, c’est aussi diminuer le nombre d'entrées au titre du regroupement de familles de Français.

S’agissant des régularisations de clandestins - de l'ordre de 35.000 par an -, qu’attend Bruno Retailleau pour remplacer la circulaire Valls par une instruction plus restrictive ? À propos, va-t-il passer sous les fourches Caudines de Bouygues, du MEDEF, de l'UMIH et des plates-formes de livraison et accepter d’étendre, à la demande de ces lobbys, la liste des métiers en tension ? Au risque de déclencher une nouvelle vague de régularisation de clandestins déclenchant, comme les fois précédentes (1982, 1998, 2014), un nouvel appel d’air migratoire.

327.000 titres de séjour délivrés en 2023

À partir d’octobre 2024, c’est à Bruno Retailleau qu’il faudra demander des comptes si ce chiffre n’est pas infléchi à la baisse. À lui d’envoyer les instructions opérationnelles pour réduire le nombre de délivrances de titres de séjour pour le travail, l’humanitaire, les soins médicaux, le regroupement familial, les études. Sur ce dernier point, qu’attend Bruno Retailleau pour réduire le nombre des faux étudiants que des universités ou des écoles privées vont chercher en Afrique pour augmenter leur chiffre d’affaires ? Il y a, là aussi, des filières douteuses, sinon mafieuses, à démanteler.

On le sait, Bruno Retailleau a autorité sur les préfets. Ceux-ci sont responsables de la politique de la ville et des plans locaux de sécurité et de prévention de la délinquance : ces politiques ont échoué et il serait temps de supprimer un certain nombre de dépenses inutiles ou nuisibles, notamment en faveur d’associations islamistes ou immigrationnistes. Les rapports que le ministère de l’Intérieur entretient avec certains des grands délégataires de la gestion des migrations et de l’asile, comme le groupe Bonello, France terre d’asile ou la Cimade, mériteraient au moins d’être audités, sinon revus. Il y a sûrement du ménage à faire à la Direction générale des étrangers en France.

Bruno Retailleau a aussi autorité sur la gendarmerie et la police. Il pourrait utilement s’intéresser aux germes du virus woke qui prolifèrent dans leurs directions de la communication et de la formation : est-il vraiment prioritaire de sélectionner les élèves officiers de police sur des plans de lutte contre les discriminations contre les homosexuels dans un pays ravagé par le narcotrafic ?

Et avec l'Algérie ?

La France traverse une grave crise, avec l’Algérie. Les mesures de rétorsion possibles ne manquent pas : la remise en cause des accords de 1968, mais aussi la suppression des liaisons aériennes, l’arrêt de la délivrance de nouveaux titres de séjour (au titre des soins, par exemple), le blocage des transferts de fonds, la fermeture des comptes bancaires des ressortissants algériens (ou, du moins, des plus hostiles), la saisie de certains avoirs algériens. Et qu’on ne vienne pas dire que cela serait impossible, juridiquement : c’est ce qui a été fait pour les Russes en 2022. Et sur certaines de ces mesures, au moins, Retailleau a directement la main. Sans oublier la déchéance de la nationalité pour les binationaux hostiles, comme le prévoient les articles 25 et 27 du Code civil

Bien sûr, les profonds bouleversements nécessaires pour reprendre la maîtrise de l’immigration supposent une réforme de la Constitution pour permettre au peuple de reprendre - aux juges nationaux et internationaux - la souveraineté par le référendum ou le vote des parlementaires. Pour autant et sans attendre 2027, beaucoup d’actions sont possibles : assez de parlottes, plus de boulot ! Que Bruno Retailleau ne s’y trompe pas : il ne sera pas seulement jugé sur les (bonnes) paroles mais aussi sur les (vrais) actes.

Picture of Jean-Yves Le Gallou
Jean-Yves Le Gallou
Ancien député européen, essayiste - Président de Polémia.

Vos commentaires

43 commentaires

  1. La lutte contre toute forme de discrimination peut être – et doit être – parmi les priorités d’un fonctionnaire de police. la lutte contre une catégorie de personnes discriminées ne doit pas être montrée du doigt par l’organisateur d’un examen de sélection, car il s’agit bien de cela, ici. Pourquoi le personnes de petites taille, ou les bégayeurs ne seraient-t-ils pas choisis d’abord en exemple de cas à traiter? Non, l’égalité des droits des personnes LGBT, c’est là le discriminant essentiel des futurs officier de police!

  2. C’est vrai qu’on ne voit toujours rien venir . Aucune action ,même infime ,mais allant dans le bon sens . Je ne sais pas ce qu’il peut réellement faire . Mais j’aimerai qu’il cesse de nous faire espérer en vain . C’est trop cruel .

  3. Il ne faut pas en effet négliger le risque que Bouygues, le MEDEF, l’UMIH et les plates-formes de livraison qui cherchent à étendre la liste des métiers en tension, risquent ainsi de déclencher une nouvelle vague de régularisation de clandestins et donc un nouvel appel d’air migratoire. Cependant, il faut aussi essayer de faire cesser l’absurdité qui consiste à interdire toute forme de travail à de nombreux immigrés et à se plaindre de ce que ces derniers ne s’intègrent pas bien et se laissent prendre dans l’engrenage de la délinquance. C’est un cercle vicieux qu’il faut casser, tout en ne s’interdisant pas de réduire drastiquement, autant que faire se peut, de nouveaux flux migratoires.

  4. Pour qui roule Le Gallou en feignant de croire qu’en quelques mois Retailleau va amender un Ordre, une Institution, dont le laxisme est la règle depuis cinquante ans, de l’Ena à la Préfectorale en passant par l’Intérieur – emblématiquement représenté par les duplices Darmanin et Nunez. Retailleau sait que la voie est étroite, et qu’il a contre lui la pensée dominante… sans parler de Macron ! Dommage que Le Gallou fasse chorus…

  5. « Retailleau, au boulot ». en supposant qu’il le veuille ce qui n’est pas prouvé, il ne faut pas oublier que derrière lui il y a Macron. Bayrou servira-t-il de fusible.

  6. Je constate beaucoup de paroles chez Retailleau mais si celles ci ne sont pas suivies d’effet ça s’appelle du vent et j’ai bien peur qu’on ait hérité d’un Darmanin bis tous les deux de droiche .

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois