[TRIBUNE] Tremblez, citoyens !

La peur semble être redevenue une méthode d’encadrement politique des peuples.
@Timon Studler_Unsplash
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Les petits-bourgeois barbus et bedonnants qui fondèrent la IIIe République avaient deux obsessions : bouffer du curé et reprendre l’Alsace et la Moselle perdues en 1870. C’est sans doute pour cette dernière raison qu’ils choisirent pour hymne le chant de l’armée du Rhin, dit Marseillaise, aux accents guerriers et terribles. Aujourd’hui, les paroles grandiloquentes de ce chant semblent totalement décalées, lorsque l’on considère la communication anxiogène de l’oligarchie élective que nous subissons. Nous sommes bien loin du « Aux armes, citoyens » et le mot d’ordre serait plutôt : « À l’abri, citoyens ! », avec vos « kits » de survie.

Ils nous ont brandi la peur de la pandémie Covid-19 présentée comme la grande peste noire médiévale qui avait fait disparaître près de 50 % de la population européenne. Depuis des années est distillée la crainte des aléas du climat qui créerait une « anxiété climatique » chez les jeunes générations. L’idée de mettre au monde des enfants est devenue une occasion de crainte et de tremblements. Le 5 mars dernier, Emmanuel Macron, ce grand européiste qui se moquait comme d’une guigne de la patrie, dans une déclaration solennelle qui semblait annoncer une déclaration de guerre à la Russie, a assené que la patrie avait besoin de nous et affolé une part de la population par l’évocation à peine voilée d’une Troisième Guerre mondiale ! Alors même que s’engageaient des pourparlers en vue d’un cessez-le-feu. Maintenant, voici le grand méchant Trump qui va précipiter le monde dans une crise économique comparable à celle de 1929.

Conditionnement des foules

Tout cela pourrait prêter à sourire si cela ne relevait pas d’une volonté de conditionnement des foules par la peur. Ce qui est autrement plus grave que la seule prétention du locataire de l’Élysée de se remettre en selle pour la fin d’un deuxième mandat encore plus catastrophique que le premier.

Quoi qu’il en soit, la peur semble être devenue une méthode d’encadrement politique des peuples. Ou plutôt redevenue. Car tous les systèmes totalitaires ont usé de la peur comme méthode de gouvernement. Il y eut la Terreur, mise à l’ordre du jour de la Convention par Robespierre et ses sbires, les décrets de la terreur rouge de Lénine suivis du goulag, des déportations et des exécutions de son héritier Staline, le système de terreur installé par Hitler et ses fonctionnaires zélés. Tout cela était brutal, sordide, sanguinaire et cruel. Le système actuel est plus subtil. Il joue sur la peur ou les peurs pour annihiler les facultés de jugement et la volonté de résistance.

Mais tous se liguent pour porter le même discours anxiogène : gouvernement, politiciens, ordres professionnels, journalistes… La peur est à l’ordre du jour ! Et chacun le sait, elle est mauvaise conseillère et peut pousser des « masses » affolées à se jeter dans les bras d’un meneur cynique et pervers, à s’entredéchirer, à désigner des boucs émissaires voués au pire destin, à justifier des atteintes aux libertés les plus essentielles. Souvenez-vous de la période Covid-19, des familles et des amis qui se déchiraient quant à l’efficacité et les dangers du vaccin expérimental, des personne privées d’emploi pour avoir refusé de se le faire injecter et désignées par le Président lui-même à la vindicte publique, de la liberté d’aller et venir et de la liberté du culte suspendues, du professeur Salomon, croque-mort national, qui venait distiller l’angoisse chaque soir dans les foyers français, des mesures administratives ubuesques annoncées par un improbable Premier ministre… Tout cela, nous l’avons subi et expérimenté. Puis oublié. Mais quel exemple de manipulation menée à l’échelle mondiale !

Tout comme l’épouvantail sans cesse agité d’un risque « fasciste » ou extrémiste, piège politique éculé, mais qui a encore fonctionné avec efficacité, l’an passé, alors même que prospèrent, en France, les vrais périls de l’islamo-gauchisme et de l’islamisme conquérant.

L’historiographie, le cinéma, les séries, la littérature présentent en exemple les jeunes résistants qui mettaient leur vie en péril pour combattre l’occupant allemand et relever l’honneur français à la suite du général de Gaulle. Or, les enquêtes d’opinion ne cessent de nous décrire une jeunesse, apeurée, inquiète de l’avenir, reculant devant l’idée de s’engager. Ce n’est pas le fruit du hasard mais celui du travail délétère d’une oligarchie sans scrupule et morbide qui n’aime ni la vie, ni le courage, ni l’honneur, mais cherche simplement à se maintenir en place. Qui osera dire, comme Murat, « Foutez-moi tout ce monde-là dehors » et osera le faire ?

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

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