[Tribune] Un individu tente de braquer une armurerie et meurt sous les balles
4 minutes de lecture
Ce mardi 9 janvier, un groupe de malfrats de la banlieue de Rouen a braqué une armurerie. Vers 11 heures du matin, ils débarquent, tous les trois, dans le commerce préalablement repéré, dans une zone commerciale. Mais sur place, les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Le salarié qui tient la caisse ne se laisse pas faire. Bien entendu, il est armé et il ouvre le feu sur les malfrats. Le braquage tourne alors au désastre : un des braqueurs meurt sur-le-champ d’une « balle dans la tête ». Un deuxième est également gravement blessé, touché par le feu nourri de l’armurier. Enfin, le troisième malfrat ne demande alors pas son reste et prend la fuite.
L’employée d’une entreprise voisine, citée par France 3, déclare avoir entendu au moins « cinq coups de feu ». Le résultat du braquage est tout simplement catastrophique : un mort, un blessé et un fuyard.
L’auteur des coups de feu placé en garde à vue
La police arrive rapidement sur place, accompagnée par les pompiers. Elle interpelle rapidement le braqueur blessé, trop heureux, pour une fois, de voir la cavalerie débarquer et mettre fin à la fusillade. Il est assez gravement blessé à la jambe et est pris en charge par les pompiers. Un seul protagoniste s’en sort indemne, c’est le salarié de l’armurerie. Habitué des armes, il n’a pas hésité à tenir tête aux braqueurs, qui croyaient pouvoir lui voler ses armes et le contenu de sa caisse. Mais il y a mort d’homme et l’auteur des coups de feu, c’est lui, l’armurier. Le parquet de Rouen a donc annoncé, ce mardi, vers 17 heures, que deux enquêtes étaient ouvertes : la première pour tentative de vol (avortée pour les raisons que l’on connaît) et la deuxième « concernant les circonstances du décès ». Et dans le cadre de cette deuxième enquête, le salarié de l’armurerie a donc été placé en garde à vue.
La mesure peut paraître injuste au premier abord : pourquoi punir cet homme honnête qui a subi le traumatisme d’un braquage, sans avoir rien demandé, et qui a simplement eu le malheur d’avoir sauvé sa peau contre des malfrats probablement bien connus de la police ? En réalité, la mise en garde à vue est la procédure habituelle. Cette garde à vue, que l’on pourra imaginer assez libre, car les policiers sont compréhensifs, est procéduralement indispensable.
Selon le Code de procédure pénale, la garde à vue est bien une « mesure de contrainte », dont le but est de maintenir une personne, soupçonnée d’avoir commis un crime ou un délit grave (en l’occurrence un homicide), « à la disposition des enquêteurs ». Cette procédure, très dure à vivre pour les personnes s’étant simplement défendues, est donc malheureusement automatique dans ce genre de cas. Si cette garde à vue ne débouche pas sur une mise en examen, alors tout rentrera dans l’ordre, mais…
Ne vous défendez pas !
Le problème est que la Justice française recèle parfois des surprises.
Pensez à Jean-Louis Leroux : cet agriculteur de la Marne avait tiré sur un voleur de carburant, excédé après plus de 50 vols dans son exploitation, sans que jamais les auteurs ne soient appréhendés. Jean-Louis Leroux avait été placé en garde à vue, puis placé en prison ! Après deux semaines de détention provisoire, il avait été libéré sous pression des associations d’agriculteurs de la région. Jean-Louis Leroux vit, depuis quatre ans, sous contrôle judiciaire. Il a interdiction d’entrer dans le département de la Marne et a dû donner temporairement les rênes de sa ferme à son frère.
Pensez à cet autre agriculteur de Charente qui, en mars 2022, a tiré sur trois braqueurs qui tentaient d’entrer chez lui. Un des braqueurs est effectivement décédé, mais cela justifie-t-il que cet exploitant agricole soit désormais interdit de pénétrer dans son domicile ?
Pensez, enfin, à cet homme de 86 ans, près de Perpignan, qui a donné la mort, en se défendant, à un cambrioleur chevronné ayant pénétré chez lui la nuit. Le temps de l’enquête, à presque 90 ans, il a été interdit de domicile et a dû louer un petit appartement à quelques centaines de mètres de sa maison…
Alors, dans le cas de cet armurier rouennais, il faut espérer une chose : que la légitime défense soit retenue en amont et que la Justice mette en prison les braqueurs survivants…
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
92 commentaires
« Alors, dans le cas de cet armurier rouennais, il faut espérer une chose : que la légitime défense soit retenue en amont et que la Justice mette en prison les braqueurs survivants ». C’est de l’humour (noir)?
Il est à coup sûr moins dangereux de braquer une épicerie qu’une armurerie. Le code de procédure pénale et le code pénal, en l’état, ne donneront jamais raison qu’au cadavre de la victime qui a eu le réflexe civique d’offrir son tiroir-caisse à des mains avides, et sa poitrine aux balles (ou au poignard). Se défendre signifie ipso facto garde à vue, interdiction de séjour chez soi, dans sa ville, voire dans son département, et condamnation. Fut-elle de principe, il y a toujours condamnation, car la relaxe pure et simple serait la reconnaissance de l’injustice des mesures déjà prises. Pour faire court, se défendre, c’est accepter d’être puni. S’il y a une réforme indispensable, c’est bien celle des lois qui fondent cette scandaleuse injustice.
Il y a une question qu’on ne pose jamais … combien de vies innocentes sont épargnées grâce à l’intervention des policiers ou à de simples citoyens qui se défendent ? Quand un policier en légitime défense tue pour sauver sa vie, celle d’un collègue ou celle d’un citoyen anonyme, il intervient sur le fait. Mais combien de vies sont épargnées en abrégeant le parcours d’un criminel ? Il n’y a pas de réponse, mais on peut s’interroger et cela devrait peser dans la balance de la justice. Dans le cas présent, ces malfrats voulaient dérober des armes. Pour en faire quoi d’après vous ? Il serait peut-être bon que la justice évoque cette question. Le geste de cet employé a permis d’éviter que de nombreuses armes et munitions tombent entre les mains des criminels, et que demain, la police ou d’honnêtes gens, se retrouvent menacés ou tués par ces mêmes armes. C’est probablement la seule question qu’il faut se poser … et c’est probablement la seule que la justice va soigneusement éluder.
Faut moins s’offusquer, commenter, mais voter voter RN.
Le matériel vendu par cet armurier devrait donner satisfaction aux acheteurs. Le personnel semble très « professionnel » également.
Formidable la France… 3 individus armés viennent braquer une armurerie, menacent le commerçant qui se défend (LEGITIME défense)… Et qui met-on en garde à vue ? : l’agressé qui a refusé de se laisser « honnêtement » dépouiller par des malfrats… Continuons…
Formidable la France… 3 individus armés viennent braquer une armurerie, menacent le commerçant qui se défend (LEGITIME défense)… Et qui met-on en garde à vu ? : l’agressé qui a refusé de se laisser « honnêtement » dépouiller par des malfrats… Continuons…
De toute façon, tant qu’un édile quelconque ne subira pas le même sort, personne parmi les responsables ne voudra comprendre le problème et le résoudre, tant la vie d’un mafrat vaut mieux que celle d’une honnête personne. Ainsi va la France, désormais nid de toutes les mafias.
Nous ne pouvons que souhaiter bon courage à cet armurier…
Le tireur était en légitime défense pour lui et son patron. Il mérite la légion d’Honneur, car sa réaction épargnera plusieurs centaines de vies. Donc, je mentirai si je disais que je regrette la mort de cet individu. Ce sera intéressant de savoir à qui et à quoi devaient servir les armes. Ce n’est pas pour enfiler des perles que l’on attaque une armurie à 3.
Victorine31
Catastrophique ? C’est ironique j’espère !
Il faut décorer ce Monsieur pour son courage et les « malfrats » ont eu un accident du travail comme un tas de braves gens qui travaillent !!
A la fac de droit , en 1975 , en droit pénal , on apprenait que l ‘effraction de nuit du domicile bénéficiait de la présomption de légitime défense……les racailles étaient moins protégées que de nos jours !!
Comment ça « résultat catastrophique » ? excellente réaction de l’employé plutôt ! Ma seule inquiétude est pour cet employé, demain face à la justice, et mon seul souhait c’est que le malfrat blessé à la jambe courre désormais beaucoup moins vite. Marre de l’inversion des valeurs !