[Tribune] USA : Kamalamania

Capture d'écran © AfricaNews
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Comment passer, en quelques jours, du statut de vice-présidente impopulaire à celui de candidate démocrate battant Donald Trump le 5 novembre, selon des sondages ?

Avec le retrait de Joe Biden, la machine démocrate relayée par les médias mainstream, dont on aurait tort de surestimer la perte d'influence, s'est mise en mouvement pour promouvoir la candidature de Kamala Harris. Les portraits dithyrambiques qui, contre toute l'évidence de sa carrière, tentent de la faire apparaître comme une centriste se succèdent. Les critiques sont vite assimilées à du racisme et du sexisme.

On passera sous silence sa responsabilité dans l'explosion de la criminalité en Californie, conséquence de propositions législatives qu'elle a soutenues comme procureur général de cet État. Son soutien au mouvement Black Lives Matter à travers sa contribution financière et surtout morale, en associant son nom à un fonds de défense des personnes incarcérées dans le cadre des émeutes qui ont causé la mort d'au moins 25 personnes après la mort de George Floyd, sera minimisé. Son échec total sur le seul dossier qui lui a été confié par le président, celui de la frontière sud, avec plus de dix millions d'entrées illégales, sera occulté.

Pas autant de bourdes que Biden, mais...

Ses phrases sans aucun sens (« la signification du passage du temps », « libéré de ce qui a été » - unburdened by what has been), mais répétées sentencieusement comme des vérités profondes, ne seront pas reprises en boucle, contrairement au moindre propos estimé choquant de Donald Trump. Sans parler de ses innombrables gaffes : confondre les deux Corées ou éclater de rire lors d'une conférence de presse sur l'Ukraine en Pologne, parmi d'autres. Même en cherchant bien, on ne trouve pas grand-chose à mettre à son actif. Sa campagne pour les primaires de 2020 a été un échec cinglant et Joe Biden l'a choisie comme vice-présidente parce que femme et noire.

Pascal Praud, qui a souvent raison, se trompe lorsqu'il écrit que « Trump ou Harris, il n'est pas certain que cela change grand-chose pour les Français » (JDD du 28/7). Les grandes tendances culturelles de ce monde naissent souvent aux États-unis puis se diffusent à tout l'Occident.

Joe Biden n'était que le vieux mâle blanc rassurant que l'appareil démocrate a mis en avant afin de faire passer son programme radical (sur l'immigration comme sur le wokisme) auprès d'une population américaine rétive à ces changements mais lasse des outrances de Donald Trump.

La parfaite panoplie woke

Avec Kamala Harris, nous aurions un spécimen authentique, adhérant à toute la panoplie du wokisme, au pouvoir à la Maison-Blanche. Les politiques de Diversity Equity Inclusion qui, dans les entreprises, relèguent le mérite individuel au second plan des critères de sélection. La théorie critique des races (critical race theory) qui réintroduit et justifie le racisme dans la vie quotidienne au nom des « oppressions séculaires ». Les théories du genre qui nous font croire que des hommes peuvent être enceints et allaiter. Les soins d'affirmation du genre (gender affirmation care) qui autorisent des « traitements médicaux » mutilant à vie des enfants et des adolescents. L'idéologie décoloniale qui « déconstruit » le passé et exige des « réparations ».

Combattues par Donald Trump et les conservateurs, toutes ces théories fumeuses qui veulent imposer une nouvelle norme des représentations communes connaîtraient, avec Kamala Harris, un nouveau souffle aux États-Unis comme en Europe. LFI signe des deux mains.

Alain Destexhe
Alain Destexhe
Médecin, essayiste et sénateur honoraire belge. Auteur de L'Occident commence en Terre sainte (Texquis, 2023) et de Rwanda 94, le carnage (Texquis, 2024)

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Mr Trump semble avoir des goûts et comportements particulièrement vulgaires et je doute qu’il apprécie bien la France.
    Il a déjà été au pouvoir aux USA et cela a t’il été bénéfique pour la France ?
    Penser que la France ira mieux avec une élection de Trump plutôt qu’un candidat démocrate me semble une grande illusion.
    Les excès du wokisme aux USA peuvent servir de repoussoir aux Français. Les migrants qui ne pourraient aller aux USA du fait d’une politique migratoire restrictive de Trump seraient davantage enclin à venir en Europe et en France en particulier…
    Ce n’est sûrement pas Trump qui sauvera la France.

  2. Dans l’article, je lis « choisie comme vice-présidente parce que femme et noire. »
    Mais non, elle est métis de père afro-jamaïcain et d’une mère indienne.
    Les médias nous font le même coup qu’avec Obama qui lui aussi est métis. Son père noire et sa mère blanche.

    • On nous a assez bassiné avec Obama qu’il était noir. Il était métis noir et blanc. Quand j’entendais dire noir, moi je disais blanc. Il était moitié- moitié.

  3. Y’a le choix entre un procureur et un repris de justice. Et curieusement ceux qui soutiennent la loi et l’ordre ne sont en faveur du second. Contradiction ?

  4. Comment peut t on aussi respectueux d’un Président et d’une femme pour écrire « Joe Biden l’a choisie comme vice-présidente parce que femme et noire ». Penser ainsi que les gens soient aussi bêtes. Comment l’auteur peut il écrite cela? Et pourquoi ?

    • Ce n’est peut-être pas « bidon » qui l’a choisie mais les critères sont bels et bien ceux là ! …
      Le wokisme est la pire des idéologies qui transforme toutes civilisations qui la voient arriver ! …
      On voit ce que cela donne lors d’une « cérémonie » même dans le « SPORT » …

  5. Se prévaloir de sa couleur de peau en guise de programme politique constitue le degré zéro de l’intelligence. Il existe des personnes formidables et des abrutis congénitaux de toutes couleurs !

  6. « Comment passer, en quelques jours, du statut de vice-présidente impopulaire à celui de candidate démocrate battant Donald Trump le 5 novembre, selon des sondages ? » La réponse se situe dans les trois derniers mots.

  7. Derrière les outrances de Trump il y a une population qui en a assez des chantres du vivre ensemble selon les biens pensants qui veulent régir nos choix de vie . Cela devient insupportable quand de surcroît ceux qui ne veulent pas d’alternance utilisent l’histoire et on des moyens artificiels pour rendre nos votes caduques .

  8. Ca va tricher, comme pas possible. les 10 000 mules vont réapparaître. La France a imité ce modèle. Au législatives, 3 millions de procurations, soit 6% de votant, et ça n’a dérangé personne.

  9. De toutes façons on a tendance en Rurope et en France à suivre une Amérique qui ne pense qu’à elle même ..et c’est logique , il n’y a pas d’amis il n’y a que des concurrents.
    Trump n’est pas fiable Harris est un pis – aller. Que ce soit l’un ou l’autre mieux vaut ne pas avoir d’illusions et cesser de copier leurs lubies.

    • Je ne renverrais pas l’un à l’autre, dos à dos , parce que chez ces deux candidats, il y a le faux ami et l’ allié objectif du peuple français ; Je vous laisserais le loisir de classer chacun dans sa case . L’un est contraint d’expliquer son programme qui est la refondation de son pays dans l’esprit de « make america great again « , quand l’autre se suffit à elle même en symbole de plusieurs minorités à la fois , elle se fera élire sur la forme, mais le fond est déjà connu et usité dans plusieurs pays, dont la France . Les ambitions de l’un concernent la restauration des fondations de son pays , quand celles de l’autre l’autre dépassent largement le cadre des frontières des EU pour s’imposer à la terre entière avec le concours de ses comparses des pays concernés par le mondialisme , et le dictat des minorités .
      Si je devais prendre un modèle, je choisirais celui qui serait le moins intrusif, parce que l’un peut nous inspirer, quand l’autre veut nous asservir .

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