Trump : un discours sur l’état de l’Union effacé par « l’affaire du Mémo »
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Ce 30 janvier, les élus démocrates étaient si tendus pendant le discours de Trump qu’ils n’écoutaient pas. Parce qu’ils savaient que la Maison-Blanche devait diffuser dans les jours qui suivraient un mémo de quatre pages rédigé par le fermier-viticulteur californien Devin Nunes, président du House Permanent Select Committee on Intelligence [ndlr : organe parlementaire qui supervise les services de renseignement]. Un mémo, assis sur des milliers de pages de témoignages, qui démontrerait une coalition entre l’État profond, le ministère de la Justice, la campagne Clinton et l’administration Obama elle-même, en vue d’éliminer un adversaire politique et, ainsi, renverser le résultat d’une élection jugée illégitime.
Ce mémo, qui attaque nommément des hauts responsables de l’administration, du FBI et, dit-on, de la CIA, aurait un double impact : la mise à mort de la cabale (qui serait en grande part illégale) montée contre Trump sur la collusion russe (rendant derechef le procureur Mueller « illégitime ») et, surtout, le lancement d’un Watergate au centuple centré sur ni plus ni moins une sédition. Avec, à la clé, des têtes qui tomberaient, ainsi qu’une reprise en main totale du ministère de la Justice par son ministre Jeff Sessions, encore aujourd’hui réduit à se comporter comme l’employé d’un « ministère Obama ».
Et les démocrates, Pelosi en tête, de réaliser dans cette affaire russe qu’ils avaient tiré les marrons du feu pour le compte d’un « adversaire » républicain qui a embrassé Trump comme l’ours embrasse sa proie. Sans compter que le ministère de la Justice qu’ils croyaient contrôler poursuit son enquête sur le rôle du FBI dans l’affaire Clinton, au point que le numéro deux du FBI (un démocrate) vient de se faire mettre à la porte. Démoralisant…
Trump est bien passé dans les sondages instantanés. Ceux de CNN et de CBS, en particulier, qui montrent que trois quarts des téléspectateurs ont bien perçu un texte qui aurait aussi bien pu être lu par George W. Bush. Ils ont aussi noté le comportement bipartisan de Trump, promouvant une politique de grands travaux à travers le pays, et une baisse du prix des produits pharmaceutiques (qui coûtent pratiquement le double de ce que payent les Européens).
Le discours de Trump a également confirmé que la Chine et la Russie sont des entraves au rayonnement démocratique mondial de l’Amérique, que la Corée du Nord est le nouvel Irak, que le « terrorisme » (il ne parle plus de djihadisme islamiste) mérite toujours son Guantánamo, et qu’il souhaite la nationalisation de deux millions d’immigrants nés de parents entrés illégalement sur le territoire. Bref, il est rentré dans le rang. Mais il s’accroche tout de même à une réforme de l’immigration et de la protection des frontières qui sera condamnée à passer en force (si les républicains y consentent).
Les discours ne vivent que ce que vivent les cycles médiatiques, centrés aujourd’hui sur le mémo et l’inouïe tentative du FBI et des services de renseignement de museler leurs patrons : le président, le gouvernement et le Congrès. Le mémo sortira-t-il avec ses annexes confidentielles ? Sera-t-il censuré au point d’être nul et non avenu ? Sera-t-il bloqué au nom de la « sécurité nationale » ? À Trump de décider. Il en a le pouvoir constitutionnel… sur le papier.
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