Trump paye le prix de ses positions en politique étrangère

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L’administration Obama s’était focalisée sur la révolution culturelle, avec une suite logique : l’élection de Mme Clinton, prêtresse du capitalisme financier international, donc de la religion des frontières ouvertes, économiques, humaines, anthropologiques. Arrive Donald Trump, constructeur qui veut annuler le chantier pour repartir de zéro et assécher le marécage (drain the swap !), donc éliminer les élites qui dirigent le pays.

Trump représente un danger « existentiel » pour ces décisionnaires occultes et provoque, depuis trois ans, une allergie viscérale au sein de l’État profond.

Pire encore : le macho chapardeur, jouant la carte de la croissance économique et du « America First » (hégémonisme économique brutal vis-à-vis du Canada, du Mexique, de l’Europe, du Japon et de la Chine), commençait à rallier une partie du vote noir, et une autre, plus importante, du vote hispanique.

Fort de ses acquis dans l’électorat ouvrier blanc comme dans celui des évangélistes de toutes ethnies, sa réélection était assurée. D’autant que les enquêtes du nouveau ministre de la Justice sur le « Spygate », la tentative de coup d'État orchestrée contre lui par les agences de renseignement, semblaient progresser (en dépit des blocages en coulisse de la bureaucratie), lui apportant un carburant de légitimité supplémentaire.

Trump vient de commettre un péché mortel : revenir à ses promesses de 2016 en politique étrangère. Il a provoqué directement le lobby de la guerre par son refus, à plusieurs reprises, de bombarder l’Iran, par le licenciement de John Bolton (son conseiller à la sécurité nationale) et par une première tentative de retrait de Syrie, avortée sous pression… mais relancée aujourd’hui.

D’où l’affaire ukrainienne, coup monté par l’entourage direct de Trump, un agent de la CIA, selon le New York Times, lié à Joe Biden et déguisé en lanceur d’alerte (whistleblower), ainsi que le chef démocrate du House Intelligence Committee, Adam Schiff (lui-même financé, selon Fox News, par un négociant américano-ukrainien en armements, Igor Pasternak), et le Speaker démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi. Car Trump veut non seulement tirer au clair l’utilisation de Porochenko par l’administration Obama autant que par la CIA dans le coup monté contre lui en 2016-17, mais aussi vérifier si les personnalités américaines, comme Biden et son fils, ont monnayé leur nom au profit de certains oligarques pétroliers, ou encore les ont protégés contre la Justice ukrainienne. En juillet, le nouveau président ukrainien, élu sur un programme anti-corruption, confirme à Trump qu’il va intervenir sur ces sujets.

Le piège est alors tendu en août au Congrès, secrètement, sans les élus républicains : Trump aurait commis le sacrilège de vouloir geler les aides militaires à l’Ukraine, sauf à obtenir des informations ukrainiennes sur Joe Biden.

Les médias lancent le feu d’artifice en septembre. Et, triturant la tradition constitutionnelle, Nancy Pelosi déclare de son propre chef le démarrage de l’enquête-impeachment… sans organiser de vote de la Chambre, contrairement aux précédents Nixon et Clinton ! Et dans le cadre de discussions secrètes, non contradictoires, où la défense est bâillonnée, contrairement encore aux mêmes précédents.

La Maison-Blanche annonce qu’elle ne va pas collaborer avec ce « tribunal croupion ». La guerre est ouverte : Romney pourra-t-il convaincre le Sénat (républicain, mais va-t-en-guerre) de révoquer Trump ? D’autres « affaires » vont-elles sortir à point nommé ? Mike Pompeo, Michel Bloomberg et Hillary Clinton vont-ils rentrer dans la course ? Tout est possible.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:52.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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