Trump promulgue une loi en faveur de Hong Kong
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« Aujourd’hui (27 novembre 2019) j’ai promulgué comme loi […] l’acte |…] sur les droits de l'homme et la démocratie à Hong Kong » (communiqué officiel de la Maison-Blanche). Il y a une semaine, en effet, une résolution avait été votée à l'unanimité du Sénat et une écrasante majorité de la Chambre. Et Donald Trump en a fait une loi comme il en a le pouvoir constitutionnel. La loi prévoit des sanctions contre les fonctionnaires chinois et hongkongais en cas de non-respect des droits de l’homme. Il prévoit également un réexamen annuel du statut économique spécial accordé par Washington au territoire semi-automne. La loi édicte enfin un embargo sur la fourniture, à la police de Hong Kong, des gaz lacrymogènes et des canons à eau utilisés contre les manifestants.
Chacun a bien compris que Carrie Lang, la présidente de Hong Kong, n'est qu'une marionnette dont les ficelles sont à Pékin. Aussi n'est-il pas surprenant que son discours soit un écho venu de la capitale du communisto-capitalisme. Elle a « regretté » la décision du président américain, évoquant un « mauvais message » envoyé aux manifestants qui, sans doute, penseront le contraire, comme le rapporte Le HuffPost, ce 28 novembre.
Le ministère des Affaires étrangères pékinois dénonce même un « acte hégémonique flagrant » de l’Amérique et assure que son « complot » est « voué à l’échec ». Pékin a d'ailleurs annoncé avoir convoqué, la semaine dernière, l'ambassadeur américain pour lui dire sa façon de penser. « La loi est une ingérence grave dans les affaires intérieures de la Chine [on en oublie le statut spécial de Hong Kong] et viole gravement les principes fondamentaux du droit international. » La situation diplomatique est donc de plus en plus tendue sur fond de guerre commerciale intense, gagnante pour les USA, perdante pour la Chine.
Mme Lang – même si on comprend qu'elle n'avait guère le choix – commet une erreur de lecture politique : si Donald Trump a bien promulgué une loi, elle n'émane pas de lui mais du Congrès. Pensant jouer du « Trump bashing » délirant aux USA, elle va rassembler les indécis autour de leur président. Donald Trump réussit un coup quadruple : le voilà nimbé d'une aura de protecteur de la démocratie et des droits de l'homme, de défenseur de l'économie américaine ; il est en phase avec le Congrès et incarne l'unité de la nation ; il est placé en position de force dans son bras de fer avec la Chine. Car la Chine ne peut se permettre que l'étincelle hongkongaise (18 millions de citoyens) se propage au Guangdong voisin (120 millions), où l'on parle plus cantonais que mandarin, et qui est la partie industrielle et riche de l'empire. Une partie remuante de surcroît, et déjà touchée par les mesures protectionnistes américaines.
Les officiels chinois ont utilisé leur rhétorique habituelle, tel qu'on la trouve dans les livres des écoliers, sur la période humiliante des concessions occidentales. L'inconvénient de ce discours est double : d'abord, il ne passe pas dans le peuple de Hong Kong, inquiet de la régression de ses libertés et de la menace d’emprisonnement politique en Chine continentale. Dimanche dernier, les partisans de la démocratie ont remporté les élections dans 17 districts sur 18.
Et Hong Kong est la grande place financière de la Chine. Ensuite, le pouvoir chinois (très divisé) ne peut pas accepter un nouveau recul dans les dures négociations commerciales en cours sans perdre la face aux yeux de son opinion. Mais s'il se raidit trop, il mettra en danger le système d'économie exportatrice de la Chine, ses équilibres financiers et sociaux. Et, ainsi, tout son système politique.
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