Trump réélu : Patrick Cohen a trouvé le coupable, Elon Musk !

elon musk

« You are the media, now » : le mot est signé Elon Musk. Il s’adresse aux utilisateurs de son réseau social X et il n’a pas plu mais alors pas du tout au chroniqueur de C à vous sur France 5, Patrick Cohen. Désormais élu, Trump aura tous les pouvoirs, y compris celui des réseaux sociaux via « son nouvel ami Elon Musk », accuse Patrick Cohen. « Traduction, poursuit-il : oubliez les journalistes et les médias traditionnels, c’est ici que se fait l’information. Les réseaux sociaux sont devenus le quatrième pouvoir (celui de la presse, ndlr) mais comme le quatrième est dans la main du premier (le pouvoir exécutif, ndlr), autant dire qu’il n’y a plus ou presque plus de contre-pouvoirs ». Pour le chroniqueur, les Etats-Unis basculent donc avec Trump dans une dictature, car c’est la définition d’un pouvoir sans contre-pouvoir.

L'âge d'or de la pensée unique

Après un scrutin qui a mobilisé plus de 140 millions d’Américains et qui n’est remis en cause par personne, il fallait oser ! On pourrait faire remarquer à Patrick Cohen, avec tout le respect dû à son rang, qu’Elon Musk ne possède pas tous les médias américains (très majoritairement défavorables à Trump, Fox News mis à part), qu’il ne détient pas non plus tous les réseaux sociaux, que X n’est pas le premier d’entre eux et qu’enfin, X n'est en rien le terrain de jeu exclusif de la droite. En France, une Sandrine Rousseau ou un Antoine Léaument, député LFI, en font même un usage intensif pour développer des idées qui ne sont pas tout à fait celles d’Elon Musk !

On pourrait aussi évoquer les décennies écoulées, lorsque la France ne comptait que cinq chaînes et quelques radios généralistes, toutes parfaitement alignées et conforme au politiquement correct. Patrick Cohen lui-même officia durant cet âge d’or de la pensée unique de 1994 à 2017 à RTL et France Inter. Dans les années 1990, pour trouver un discours de droite, il fallait lire certaines pages du Figaro, Valeurs actuelles ou Présent ou écouter Radio Courtoisie. C’est à peu près tout. Il n’est jamais venu à l’esprit de Patrick Cohen de lancer alors : « Il n’y a plus ou presque plus de contre-pouvoirs ».

Effectivement, le paysage médiatique a un peu changé. Et si l’État finance toujours avec les impôts des Français de droite la ligne très à gauche des médias publics, le grand public dispose de quelques (petits) médias privés qui usent d’une fragile liberté éditoriale pour faire autre-chose.

Ces médias risquent de jouer longtemps les boucs émissaires de la faillite des gauches américaine ou française. Derrière la philippique de Patrick Cohen, il y a cette idée : si la gauche échoue, c’est à cause des réseaux sociaux et de Fox News aux États-Unis. A cause de CNews, de C8 et d’Europe 1 en France ! Coupables aussi, les milliardaires : Musk aux Etats-Unis, Bolloré en France.

Trahison de classe

Ces anathèmes faciles dispensent de toute introspection. La gauche pourrait cependant s’interroger sur des mutations qui ne doivent pas grand chose aux médias : comment a-t-elle perdu les classes populaires ? Le virage pris sur les conseils du Think tank socialiste Terra Nova était-il le bon ? En 2011, Terra Nova fait le constat de la perte du vote populaire, qu’elle estime définitive pour la gauche. Le think-tank propose dans un texte de 88 pages de reporter les efforts vers les « minorités », les jeunes, les femmes, les groupes éthiques et les diplômés. Cette stratégie électoraliste pur sucre, expression pure de trahison de classe, ne vaut pas seulement pour la France.

En bondissant chez les hispaniques et les Noirs, le vote des Américains en faveur de Trump signe le naufrage de cette stratégie. Il ne reste à cette gauche que la perspective d’un vote minoritaire au sein des minorités... La mort au bout du chemin. Reste la colère, tardive, contre… les médias ! Si les Américains (et les Français) leur tournent le dos, c’est qu’on les trompe. « La défaite de la gauche est considérable, confirme le politologue Arnaud Benedetti. La bataille va désormais porter sur le contrôle des médias ». Elle est ouverte à Bruxelles qui multiplie les procès contre le réseau X d’Elon Musk, entre autres. Dernière question : que vaut une politique qui ne tient que grâce au verrouillage des médias ? Nostalgie quand tu nous tiens ! Il faut prévenir Patrick Cohen que le temps où la gauche régnait en maître sur toutes les antennes ne reviendra pas...

 

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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