Trump relance habilement la question migratoire
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À quelques jours des élections qui renouvelleront la Chambre et une partie du Sénat, et après une semaine de tous les dangers, Trump se rétablit en relançant le débat constitutionnel sur le droit du sol automatique pour les immigrants illégaux.
Tout allait bien pour Trump il y a encore dix jours : les résultats économiques, l’impact de l’affaire Kavanaugh comme de celle de la caravane faisait remonter dans les sondages les républicains, dont les « faux-jetons » restaient sous contrôle. Puis survint l’affaire des colis piégés envoyés à George Soros ainsi qu’à une quinzaine d’élus et personnalités hostiles à Trump par un de ces « déplorables », partisan de Trump. La campagne médiatique prenait alors le relais, l’œil rivé sur le 25e amendement de la Constitution, présentant Trump comme un fou criminel indigne de gérer le pays.
Puis survint, au beau milieu de l’émoi général, l’affreux massacre de la synagogue de Pittsburgh, apparemment perpétré par un déçu du trumpisme passé de l’amour à la haine de Trump, comme de ses nombreux alliés juifs. Une autre campagne médiatique se lançait alors, présentant Trump l’antisémite encore une fois comme la cause de cet acte abject, au point que l’ambassadeur d’Israël ou le célèbre Pr Dershowitz durent intervenir pour mettre un bémol sur cet amalgame hâtif.
Ces deux événements ne sentaient pas bon pour Trump dans la mesure où sa diabolisation risquait de faire oublier aux « banlieues résidentielles » leur approbation des performances économiques de Trump, la propagande officielle demandant de « réagir » contre l’ignominie. C’est alors que Trump a ressorti un lapin du chapeau de sa campagne électorale. En annonçant de modifier par décret l’application du 14e amendement de la Constitution sur le droit du sol automatique, il a réalisé trois choses.
D'abord, il a relancé le débat sur l’immigration au moment même où les initiateurs de la « caravane » en provenance d’Amérique centrale semblaient « démasqués » par le gouvernement du Guatemala : le Venezuela ! Et, sans vergogne et dans la symbolique, il a décidé d’envoyer l’armée et d’héberger tous les intrus potentiels dans des campements provisoires, le temps de gérer leur statut (déportation ou asile), et ce, aux antipodes de la méthode actuelle de la passoire, celle du "catch and release" (on arrête les intrus, puis on les libère en espérant qu’ils répondront à la convocation du tribunal, ce qu’ils ne font que très rarement).
Ensuite, il a provoqué un débat constitutionnel profond, rappelant aux conservateurs durs et mous l’importance de conserver le pouvoir de nomination des juges en cas de débats existentiels pour le pays. De plus, se faisant dire par tous instruits-mais-pourtant-idiots qu’il n’avait aucun droit de procéder ainsi, ses juristes ont pu présenter des arguments intéressants et de bon sens « populaire ». Puis, se faisant dire que ce serait au Congrès de décider, il force la main aux élus, exigeant de l’action : Lindsey Graham s’engage déjà à déposer une proposition de loi en priorité.
Et, enfin, il lance un clin d’œil aux Afro-Américains en leur rappelant qu’il ne laissera pas continuer la dénaturation par la bureaucratie d’un 14e amendement qui avait été spécifiquement conçu pour accorder la citoyenneté aux esclaves et non pour leur créer de la concurrence sur le marché du travail.
Fort de cela, Trump a mis le turbo, quadrillant le territoire. À mardi prochain pour le résultat.
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