Trump veut punir Merkel : les raisons de la nouvelle politique américaine

Comme un éléphant dans un jeu de quilles ou un chien dans un magasin de porcelaine, Donald Trump entend désormais faire chuter Angela Merkel au profit de ces mouvements populistes européens qu’il assurait vouloir conforter durant sa campagne. À ce niveau de décision, ce n’est plus vraiment le fait d’un homme seul, mais d’un véritable mouvement de fond, sachant que de telles initiatives ne peuvent se prendre sans l’aval (au moins tacite) de l’administration américaine ; de son « État profond », dira-t-on.

Ainsi, dans Le Figaro Magazine de ce week-end dernier, Éric Zemmour note avec pertinence : « Longtemps, les Américains ont fait semblant de défendre le droit international et la conception multilatérale pour mieux assurer leurs intérêts nationaux. Trump déchire ce voile d’hypocrisie car il estime que cela s’est désormais retourné contre les intérêts des États-Unis. »

De fait, tout change pour que rien ne change, histoire de paraphraser une célèbre citation. Il y a les intérêts vitaux des USA… et ceux des autres nations, éventuellement pris en compte à la seule condition que cela ne dérange pas la Maison-Blanche.

La nouvelle ligne de Washington ? La perpétuation de la même politique, mais avec d’autres moyens, on le voit. En ce sens, Donald Trump a de la suite dans les idées, tel qu’en témoigne ce très long entretien accordé au mensuel Playboy, en mars 1990. Comparant son ego à celui du Christ et de Mère Teresa, il affirme alors : « L’ego, ce n’est pas une mauvaise chose. Les gens ont besoin d’ego, les nations entières ont besoin d’ego. Je pense que notre pays a de plus en plus besoin d’ego, vu la façon dont il se fait dépouiller par nos soi-disant alliés : le Japon, l’Allemagne de l’Ouest, l’Arabie saoudite, la Corée du Sud, etc. Ils ont surpassé notre pays en termes d’ego, parce qu’ils ont en main la plus grande machine à sous jamais construite, et ils se font de l’argent sur notre dos. Leurs produits sont meilleurs parce qu’ils ont énormément de subventions. Partout dans le monde, on se moque de nous, les Américains, parce qu’on perd 150 milliards de dollars année après année, parce qu’on défend des nations riches pour rien, des nations qui disparaîtraient de la surface de la planète en quinze minutes si nous n’étions pas là. Nos “alliés”, eux, se mettent des milliards dans les poches sur notre dos. » Globalement, tout y est.

Voilà qui explique mieux le récent accord passé avec la Corée du Nord, Trump ne voulant plus payer pour la protection de celle du Sud. Voilà, aussi, pourquoi il bouscule maintenant une Allemagne réunifiée qui, devenue économiquement trop puissante car faisant assurer sa protection militaire par l’OTAN, prétend de plus lui tenir tête sur le dossier iranien. Voilà, toujours, la raison de la récente remise au pas du régime saoudien dont la défense par les armées américaines lui coûte aussi de plus en plus cher, confort permettant à Riyad de financer un terrorisme islamique ayant, de plus, durement frappé l’Amérique du Nord. Voilà pourquoi,in fine, les récentes mesures protectionnistes prises par Donald Trump l’ont principalement été en direction de la Chine, le principal ennemi géostratégique à venir, tel que souvent rappelé en ces colonnes.

Pour mettre Angela Merkel en difficulté, il dispose aujourd’hui d’un levier de poids avec la question migratoire, sachant qu’en la matière, son cynisme n’a rien à envier à celui de la puissante chancelière. Elle a importé plus d’un million de réfugiés afin que ces derniers comblent le vide démographique allemand, payent les retraites d’un peuple vieillissant tout en assurant une main-d’œuvre qualifiée à une industrie de plus en plus hégémonique. Il retourne la chose comme un gant, à juste titre persuadé que, sur le sujet, les opinions occidentales sont en train de se retourner devant la déferlante en question, même s’il n’ignore évidemment pas que l’économie américaine ne saurait fonctionner sans l’immigration en provenance de l’Amérique latine, qu’on y inclue ou non les enfants…

En ce sens, cette personnalité éminemment foutraque vient de nous administrer une magistrale leçon de politique. Une de celles qu’on n’apprend pas dans les grandes écoles et encore moins à la banque Rothschild. Emmanuel Macron va devoir bientôt prendre d’intensifs cours de rattrapage.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 18:49.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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