Tuerie de masse aux USA : pour les médias français, c’est Trump le responsable !
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Suite à la dernière tuerie de masse (mass killing), survenue dans un lycée de Parkland en Floride, et qui a fait dix-sept morts, nombre de nos médias semblent plus intéressés aujourd'hui par "l'anti-sèche" utilisée par Donald Trump devant les familles des victimes que par la réelle portée de ce nouveau drame. Et de là à faire du très contesté président des États-Unis "le grand et unique responsable" de ces crimes, il n'y a qu'un pas. Pourtant, la situation est loin d'être aussi simple que certains de nos journalistes voudraient nous le faire croire.
En premier lieu, rappelons que la détention et l'usage d'armes par les citoyens américains sont protégés par leur "loi suprême". C'est, en effet, le deuxième amendement qui reconnaît, de manière tout à fait explicite, ce droit, droit d'ailleurs confirmé à plusieurs reprises par la Cour suprême américaine. Mais, en réalité, chacun des États de l'Union a une politique différente en matière de législation sur les armes. Ainsi distingue-t-on les États "Shall-Issue" qui délivrent un permis sous certaines conditions (âge, casier judiciaire vierge, participation à un cours de maniement d'armes, relevé d'empreintes digitales...), les États "May-Issue" dans lesquels un permis est nécessaire mais délivré de façon discrétionnaire par une autorité locale (shérif, police) et les États "No-Issue", comme l'Illinois ou le district de Columbia, qui délivrent très peu de permis.
L’État de Floride, lieu de ce nouveau drame, fait partie des États "Shall-Issue". Il est devenu, en 1987, le premier État à délivrer des permis autorisant l'achat et le port d'armes sous certaines conditions : être âgé de 21 ans, faire l'objet d'une recherche sur le casier judiciaire et observer un délai de trois jours entre l'achat de l'arme et sa prise de possession effective. En Floride, il n'est pas nécessaire de faire enregistrer son arme, ni même de déclarer sa perte ou son vol. Une fois acquise, l'arme ne doit cependant pas être visible. Et son utilisation sans motif légitime est sanctionnée par des peines de prison qui peuvent être lourdes, atteignant ainsi vingt ans d'emprisonnement pour un tir illégitime sur la voie publique. La Floride fait donc partie, en la matière, des États les plus permissifs.
En second lieu, l'arme à feu est culturellement solidement implantée outre-Atlantique. La fameuse NRA, National Rifle Association, ayant pour principal but la protection des droits civiques et la promotion des armes à feu, ainsi que la défense non restrictive du second amendement. Forte de plusieurs millions d'adhérents, elle constitue un lobby politique puissant qui bénéficie de nombreux soutiens au Congrès américain. Dans ce contexte, force est de constater que le nombre de tueries de masse n'a cessé d'augmenter au cours de ces dernières années. À tel point que le FBI a fixé à trois le nombre de victimes minimum pour que la qualification de "mass killing" puisse être retenue. Ce sont, par ailleurs, pas moins de 30.000 personnes qui décèdent chaque année du fait des armes à feu (tueries, assassinats, suicides...) et plusieurs dizaines de policiers qui sont tués ou blessés par balles. On le constate donc, le mal est profond. Même Barack Obama, le chouchou de nos médias, avait renoncé à renforcer la législation sur les armes après le massacre de l'école Sandy Hook de Newtown, en 2012 (26 morts, dont 20 enfants). Il n'y parvint pas d'avantage après la fusillade de l'Umpqua Community College (10 morts) en 2015.
Mais dans le contexte d'attentats terroristes que connaissent les États-Unis, il ne faut pas s'attendre à ce que les choses changent rapidement. La sécurité nationale aux États-Unis prenant toujours le pas sur le reste, fût-ce au prix de dizaines de morts.
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