Turquie : après Sainte-Sophie, Saint-Sauveur-in-Chora à son tour reconvertie en mosquée
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Dans un décret présidentiel? publié le vendredi 21 août au Journal officiel turc, un mois après la basilique Sainte-Sophie, le chef d'État turc Recep Tayyip Erdoğan a ordonné l'ouverture au culte musulman de l'église Saint-Sauveur-in-Chora à Istanbul, s'appuyant sur une décision du Conseil d'État rendue en 2019 stipulant sa reconversion.
Haut lieu touristique de la ville et joyau de l'époque byzantine dont les vestiges actuels datent du XIe siècle, saint-Sauveur-in-Chora remonte au Ve siècle et fut, jusqu'au XVe siècle, un monastère orthodoxe, avant d'être convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. Désacralisé, le lieu devint un musée en 1958.
Crainte pour les mosaïques
Outre son histoire millénaire, « l’église byzantine de la Chora est surtout connue pour ses magnifiques mosaïques et fresques datant du XIVe siècle, dont une monumentale composition du Jugement dernier », explique Le Monde.
Ces mosaïques byzantines sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, elles avaient été recouvertes de chaux pendant la période ottomane.
L’annonce de cette reconversion en mosquée a suscité des craintes pour la survie des mosaïques et fresques de l’édifice car l’islam interdit les représentations figuratives. Zeynep Turkyilmaz, historienne de l’Empire ottoman, estime qu'il sera impossible de les dissimuler temporairement lors des heures de prière (comme à Sainte-Sophie) car elles décorent l’ensemble des parois : « C’est l’équivalent d’une destruction, car il est impossible de transformer cette architecture intérieure en la préservant », s’inquiète-t-elle.
Une volonté d’effacer les traces de la civilisation grecque et chrétienne
Ce geste politique des autorités turques, fort de symboles, pourrait provoquer de nouvelles tensions, en particulier avec l'Église orthodoxe et la Grèce voisine, qui a aussitôt dénoncé la reconversion de l’église de la Chora, y voyant « une autre provocation envers les croyants et la communauté internationale ».
« Il y a une volonté d’effacer les traces de la civilisation grecque et chrétienne », estime Zeynep Turkyilmaz, dans Le Monde. « En mettant la main sur un lieu appartenant à la civilisation grecque, on rappelle aussi à la Grèce sa place d’ancien membre de l’empire que les Turcs dominaient. »
Cette décision, qui, selon Connaissance des arts, « vise à contenter l’électorat islamiste et ultra-nationaliste du président turc », risque de provoquer « une nouvelle vague d’émotions dans le monde chrétien comme auprès de tous les tenants de la laïcité ».
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