UE : Prendre en charge des dépenses à la place des USA. On aura tout vu !

L'eurodéputé RN Julien Sanchez étrille ceux qui verraient bien l’UE compenser le gel par Donald Trump des fonds USAID.
Capture d'écran X
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Le 23 mars, en commission des budgets de l’Union européenne, les échanges se sont subitement tendus. La discussion tournant autour de « l’impact de la suspension de USAID sur le budget de l'Union européenne », plusieurs intervenants, à commencer par Maciej Popowski, directeur général de la Protection civile européenne et d'Opérations mondiales humanitaires, ont demandé une compensation, par les fonds européens, des fonds américains gelés, prenant ainsi le relais d’un appel très idéologique de Michael O’Flaherty, commissaire aux droits de l’homme au sein du Conseil de l’Europe, le 20 février.

« J'ai l'impression d'être en plein dans le film Le Dîner de cons »

Or, Lenka Filipkova, directrice générale du budget, a alors fait remarquer que les fonds disponibles pour l'aide au développement se limitent à « 1,1 milliard sur trois ans. Pour l'aide humanitaire, il n'y a que la réserve d'aide d'urgence. Il n'y a plus rien. » Rebondissant sur ce propos, et constatant que « le budget européen, en plus d'être très mal géré, est dans le rouge », le député français Julien Sanchez (RN, groupe Patriotes pour l’Europe) s’est alors étonné d’une telle proposition, pensant « avoir tout vu en matière de gaspillage », puisqu’en plus « de ne pas surveiller les dépenses, ici, certains veulent prendre le relais des mauvaises dépenses des autres ». Faisant allusion aux scènes hilarantes d’absurdité du film Le Dîner de cons, il a voulu rappeler de quoi l’on parle exactement, s’agissant des fonds USAID supprimés, citant quelques exemples de financements USAID figurant dans le communiqué de la Maison-Blanche du 3 février : « Pendant des décennies, l'agence des États-Unis USAID n'a pas rendu de comptes aux contribuables, car elle achemine d'énormes sommes d'argent vers des projets ridicules […] 1,5 million de dollars pour promouvoir l'équité et l'inclusion en matière de diversité sur les lieux de travail et dans les milieux d'affaires serbes […] des centaines de millions de dollars pour financer des canaux d'irrigation du matériel agricole pour soutenir la culture sans précédent du pavot et la production d'héroïne en Afghanistan ».

Créer un « DOGE européen »

Or, pour le député français, « il faut être un cerveau sacrément malade pour proposer de prendre en charge les dépenses à la place des USA ». En réalité, « les citoyens ne veulent pas financer cela, ils veulent au contraire la création d'un "DOGE* européen" et il y a maintenant à faire le ménage ici », conclut Julien Sanchez, demandant à ses collègues de ne pas être « de mauvais gestionnaires, de mauvais élus ni des traîtres à nos peuples ».

Autant dire que la tentative d’humour français de l’élu RN n’a pas passé les Ardennes, la subtilité des dialogues entre Thierry Lhermitte et Jacques Villeret échappant, à l’évidence, au président de séance, le député belge Johan Van Overtveldt. Mais après plusieurs autres interventions de députés, avant tout préoccupés à diaboliser Donald Trump et à vouloir continuer à Bruxelles une politique désavouée à Washington, Julien Sanchez a trouvé un soutien en la personne d’un député hongrois. Faisant remarquer au président de séance que son collègue irlandais Barry Andrews méritait au moins autant une remarque que Julien Sanchez pour avoir « parlé de folie en décrivant l'administration américaine », Tamás Deutsch a ajouté : « Un jour, je vous expliquerai la différence entre con et fou. » Il a enchaîné en rappelant que « pour ce qui est de USAID, la question n'est pas liée à l'aide humanitaire ». Évoquant l'aide humanitaire en Ukraine, il a ensuite constaté « qu'on finançait aussi des célébrités hollywoodiennes à hauteur de millions de dollars pour qu'elles se rendent en Ukraine. Ça, ce n'est pas de l'aide humanitaire, c'est de la corruption politique. » Et « pourquoi perdons-nous notre temps à évaluer, à critiquer les mesures adoptées par l'administration américaine ? », s’est-il interrogé, estimant que si « les États-Unis mettent un terme à ce financement corrompu du militantisme de gauche, nous devrions faire la même chose ». Le prochain vote du budget nous en apprendra plus sur la « ligne » politique finalement retenue par les parlementaires de Strasbourg.

 

* DOGE : Department of Government Efficiency (ministère de l'Efficacité gouvernementale)

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