Ukraine : « Je crains que la grande perdante de l’histoire soit l’Europe »

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Note de BV : L'organisme NewsGuard, qui vérifie la crédibilité des sites d'information, nous précise « il n’existe aucune preuve permettant de soutenir l'allégation selon laquelle la révolution Maïdan de 2014 en Ukraine, qui a conduit à la destitution de Viktor Ianoukovitch, alors président du pays, ait été un coup d'État orchestré par les États-Unis. En effet, elle présentait toutes les caractéristiques d'un soulèvement populaire, et non d'un coup d'État. En novembre 2013, des milliers d'Ukrainiens ont afflué sur la place de l'Indépendance de Kiev pour protester contre la décision du président de l'époque, Viktor Ianoukovitch, de suspendre les travaux préparatoires à la signature d'un accord d'association et de libre-échange avec l'Union européenne, prévue la semaine suivante. Au cours des mois qui ont suivi, les manifestations, souvent appelées “Euromaïdan” en référence à la place où elles se sont déroulées, ont pris de l'ampleur. Les négociations entre le gouvernement ukrainien et l'opposition pro-Union européenne, sous la médiation des ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et de la Pologne, ont abouti à un accord signé le 21 février 2014, donnant plus de pouvoir au parlement ukrainien et prévoyant une élection présidentielle avant la fin de l'année. Cependant, des manifestants en colère ont exigé la démission immédiate de Viktor Ianoukovitch, et des centaines de policiers surveillant les bâtiments gouvernementaux ont abandonné leurs postes. Viktor Ianoukovitch s'est enfui le jour de la signature de l'accord, et les manifestants ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments gouvernementaux le lendemain. Le Parlement ukrainien a alors voté à 328 voix contre 0 la destitution de Viktor Ianoukovitch et a programmé une élection présidentielle anticipée pour le mois de mai suivant, selon la BBC. Ces événements, souvent désignés collectivement comme la “révolution de Maïdan”, ont été largement couverts par des médias internationaux ayant des correspondants en Ukraine, notamment la BBC, l'Associated Press, le Wall Street Journal et le New York Times ».

Les deux impérialismes anglo-saxon et russe, le rôle déstabilisateur du Royaume-Uni dans la crise, la défaite terrible de l'Union européenne qui sera la première victime des sanctions lancées contre la Russie : alors que le président russe Vladimir Poutine lance l'offensive en Ukraine, l'eurodéputé (RN) et expert en géopolitique Hervé Juvin, grand connaisseur de la Russie, détaille, dans un entretien réalisé ce 23 février par Boulevard Voltaire, les grands enjeux de ce conflit majeur en Europe.

Vous êtes euro député et membre du groupe Identité et Démocratie. Vous êtes auteur, essayiste et vous avez écrit de nombreux ouvrages d’économie et de géopolitique. Je vous remercie d’accorder une interview à Boulevard Voltaire. Aujourd’hui, nous allons parler de l’Ukraine.

Que se passe-t-il en Ukraine ? Comment a-t-on pu arriver à un niveau de tension aussi élevé ?

C’est plus qu’un niveau de tension. Nous sommes face à des opérations militaires dont nous savons assez peu de choses sinon qu’elles sont intenses, qu’elles opposent des milices et des mercenaires côté ukrainien aux forces des Républiques autonomes du Donbass. Ces combats sont intenses. Certains parlent de combats de chars.  Il y a des victimes et une évacuation massive de civils. Plusieurs dizaines de milliers sont en train de quitter les régions de Donetsk et de Louhansk pour se réfugier vers la Russie. Nous sommes dans une situation qui tourne à la guerre et qui naturellement provoque l’inquiétude de toutes les grandes puissances.

Que s’est-il passé entre 2014 et 2022, alors que la guerre était « stabilisée » ?

Le front a toujours été chaud. On parle d’une dizaine de milliers de victimes depuis 2014 et depuis le coup d’État organisé à Kiev par les services américains, par l’argent américain et par Victoria Nuland qui se félicite d’ailleurs d’avoir dépensé un milliard de dollars pour réussir ce coup d’État.

Nous sommes dans une situation qui nous impose de revenir à l’histoire.

L’histoire interprétée très différemment selon qu’on soit à l’Est ou à l’Ouest est l’histoire du berceau de la Russie. À l’origine, la Russie c’est Kiev, c’est la conquête mongole, c’est l’éparpillement du royaume. Le coeur de la Russie a commencé à battre à Kiev et on ne peut pas l’oublier. Ce sont ensuite les vicissitudes d’une histoire qui font que l’Ukraine indépendante n’a pratiquement jamais existé. Il y a eu une Ukraine indépendante à peu près entre 1917, la Révolution russe et 1921. Ensuite, il y a eu une Ukraine indépendante dont l’indépendance doit tout à la décision de l’Union soviétique de dissoudre la fédération, dont les frontières doivent tout à des tracés assez aléatoires réalisés du temps de Khrouchtchev.

On a un État dont l’Ouest dit qu’il a tous les privilèges d’un État-nation souverain dont les Russes ont quelques raisons de penser que d’une manière ou d’une autre, il fait toujours partie de la communauté de vie et de la communauté politique russe.

J’ajouterais que la différence saute aux yeux. À l’ouest de l’Ukraine, la population est polonaise parce qu’elle a appartenu à la Pologne. Une partie de la population se sent très proche de la Hongrie et serait disposée à se retrouver hongroise. Je crois d’ailleurs que les passeports hongrois sont largement distribués à l’ouest de l’Ukraine.

Et puis, tout à l’Est, vous avez de même qu’en Crimée, une population à 80 % russophone dont tout l’attachement se fait du côté de Moscou et de la Russie. Elle représente à peu près 20 % de la population, ce qui n’est pas rien sur quelques-unes des terres riches notamment en charbon et riche en installation industrielle. Si je puis le dire ainsi, le visage actuel de l’Ukraine n’est pas le visage d’un État-nation unifié. Le visage de l’Ukraine est le visage d’un État composé de différentes régions qui, toutes pour des raisons historiques et pour des raisons religieuses, regardent vers d’autres pays. Les uns vers la Pologne et la Hongrie et les autres vers la Russie. En clair, l’État-nation ukrainien est une création extraordinairement récente, extraordinairement fragile et extraordinairement minée par des élites corrompues et par des dirigeants qui doivent beaucoup plus à la faveur occidentale qu’au suffrage universel et à la décision de leur peuple.

À vous entendre, c’est un pays très fragmenté.

Je dirais factice. Il n’y a pas de peuples ukrainiens, mais une population à l’Ouest qui manifestement est européenne. Elle est européenne par ses comportements, par son mode de vie et par ses souhaits de consommation. Elle parle assez massivement anglais. On voit bien qu’à l’ouest de l’Ukraine, il y a une population qui ne demande qu’à se lier à l’Ouest. Et on voit bien à l’inverse qu’à l’Est on a une population, certes minoritaire, qui se sent très profondément russe. L’une des raisons du conflit actuel c’est que le gouvernement ukrainien n’a jamais reconnu les accords de Minsk qui prévoyaient d’accorder une large autonomie au territoire de Donetsk et de Louhansk et notamment il demandait la reconnaissance de la langue russe et de l’enseignement russe. Or, Kiev interdit l’enseignement du russe, tente de limiter la pratique du Russe et en même temps de museler tous les médias en russe. C’est évidemment inacceptable pour une population qui est très majoritairement russophone. En Crimée, un référendum donnerait probablement aujourd’hui 80 % de voix en faveur du rattachement à la Russie. Le sentiment, en partie légitime de nos voisins russes, c’est que l’Ouest pratique le deux poids deux mesures. Quand il s’agit de démembrer la Yougoslavie, quand il s’agit de séparer le Kosovo de la Serbie, les peuples n’ont jamais été consultés. On a fait appel à des principes juridiques sans jamais tenir compte de la réalité de la volonté notamment des Serbes orthodoxes. C’est un peu la même chose qui sévit aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine où était mis en place un représentant doté de pouvoir absolument exorbitant. C’est un Allemand qui occupe le poste. Il fait la loi, peut révoquer des juges, peut changer à peu près tout ce qu’il veut en Bosnie-Herzégovine, sans aucun accord de la population et sans jamais le recours au suffrage universel.

On peut considérer que l’Ouest pratique deux poids deux mesures. Faites ce que je vous dis de faire et ne faites pas ce que je fais. Il y a une loi qui s’applique à mes ennemis, je m’applique à moi-même une loi différente. On peut comprendre que dans le cas de l’Ukraine comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres situations dans le monde, nos voisins russes ne sont pas très satisfaits qu’une règle internationale soit à ce point biaisée.

Il y a quand même un nationalisme ukrainien. Ne pensez-vous pas que les Ukrainiens soient prêts à mourir pour ce pays et pour ce qu’il a pu être en période où il existait en tant qu’État-nation ?

En 2014, nous avons vu de très nombreux Ukrainiens se rassembler et se battre.

Une grande partie de l’Ouest ukrainien se sent européen et regarde vers l’Ouest. Il est clair aussi que la propagande américaine massive joue un grand rôle dans ce mouvement.

Vous avez tout à fait raison, il y a aujourd’hui des milliers de jeunes ukrainiens qui cherchent à s’engager et qui rejoignent les milices qui se battent sur le front de l’Est. C’est une situation extrêmement dangereuse, notamment parce qu’elle fait dans certain cas, appel à ce que vous appelez le nationalisme ukrainien qui dans beaucoup de cas, emploie des symboles nazis ou le fameux bataillon Azov. D’autres forces sont tout ce qu’il reste en Europe de ce qui a été le nazisme et de ce qu’a été le suprémacisme et les formes les plus atroces que nous ayons connues. C’est toujours vivant en Ukraine. À cet égard, il y a une étonnante conjonction entre les États-Unis qui ont bien pris soin de retirer tout le personnel diplomatique et tous leurs conseillers militaires, mais qui poussent à la guerre celles et ceux qu’ils envoient au front de manière totalement irresponsable, opérant des livraisons d’armes massives que l’Allemagne a bien eu raison de refuser et opérant des livraisons d’armes massives pour des troupes peu contrôlées.

Le pire ce sont ces attaques qui peuvent être sous responsabilité russe comme elles peuvent être sous responsabilité ukrainienne, disons clairement britanniques et américaines. Il y a beaucoup de pousses aux crimes dans cette affaire, c’est ce qui me rend extrêmement prudent parce qu’il y a à tout moment des provocations, des actes qui dépasseraient la volonté de leurs auteurs pour provoquer une guerre aux conséquences incalculables.

Nous avons face à face des acteurs totalement rationnels. Je crois à la rationalité d’Antony Blinken, je crois à la rationalité de Vladimir Poutine et de Sergueï Lavrov, probablement le plus grand ministre des Affaires étrangères que l’on connaisse depuis dix à vingt ans. À cet égard, je le dis avec un grand sourire, il a probablement succédé à Henry Kissinger. Tous sont des adeptes de la Realpolitik. Ce sont des gens qui poursuivent leur intérêt national, ce sont des gens qui n’ont aucun intérêt à déclencher une guerre mondiale. Je pense que le conflit s’arrêtera sur cette proclamation et cette reconnaissance de l’indépendance des territoires du Donbass à l’initiative du président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Douma à Moscou. LaDouma a fait une proposition acceptée par le président Poutine qui signifie qu’en cas d’invasion de ces Républiques reconnues par la Russie, la Russie serait légitime à intervenir. Je pense que l’affaire devrait s’arrêter-là et que la communauté internationale va tout faire pour calmer les choses. Je vous dirais que le grand perdant de cette affaire risque d’être l’Union européenne. Le grand perdant risque d’être le concept d’autonomie stratégique mis en avant par le président Emmanuel Macron. L’Union européenne sort divisée, affaiblie et peut sortir soumise plus qu’avant aux intérêts américains.

Vous évoquiez les intérêts russes. J’aimerais comprendre, quels sont-ils ?

En rattachant cette partie de l’Ukraine à la Fédération de Russie, ils savent très bien qu’ils vont s’exposer à des sanctions économiques extrêmement fortes de la part de l’Occident.  Souffrent-ils de ces sanctions ?

L’auteur de l’excellent livre Prisoners of Geography, décrit très bien que s’il était Poutine il ne dormirait pas la nuit en pensant à l’immense espace qui s’étend à l’Ouest et qui ne protège la Russie contre aucune invasion. C’est l’obsession historique d’un empire russe. Quand on n’a pas de frontières naturelles, on est sans cesse conduit à étendre son territoire, car seule la distance le protège. Or, la propagande américaine nous montre sans arrêt des troupes russes manœuvrant sur leur territoire. Jusqu’où peut-on interdire à un État souverain de faire circuler ses propres troupes sur son territoire ? Les Américains oublient soigneusement de nous montrer la carte et l’encerclement de plus en plus étroit de la Russie par les bases militaires américaines et surtout par les batteries de missiles américains qui sont installés partout de la Pologne à la Géorgie en passant par la Roumanie et la Bulgarie et qui encerclent littéralement la Russie. La Russie ne peut pas l’accepter, car des engagements avaient été pris après la dissolution pacifique de l’Union soviétique, engagement vis-à-vis de Gorbatchev, à la fois par James Baker et par le dernier ambassadeur américain qu’à l’Union soviétique. Ils en ont témoigné. Lorsque l’Allemagne s’est réunifiée et que l’OTAN ne s’étendrait plus à l’Est, ces engagements n’ont pas été tenus. Les États-Unis et la Grande-Bretagne profitant de l’affaiblissement de la Russie ont étendu leur base militaire jusqu’aux frontières très proches de la Russie. Cet encerclement est inacceptable pour la Russie. C’est exactement la même chose que ce qui s’est passé lors de la crise des missiles de Cuba. Il faut accepter la notion de voisinage stratégique et il faut accepter la notion d’espace de sécurité. De la même manière que la France a soutenu l’action des États-Unis pour empêcher l’installation de bases de missiles nucléaires russes à Cuba qui menaçait directement les côtes de la Floride et le territoire américain, de la même manière nous devons reconnaître qu’il est inacceptable pour la Russie que des bases de missiles que l’on dit défensifs, mais qui peuvent être transformés en missile d’agression en quelques heures, soient installées aux frontières mêmes de la Russie. Il faut accepter la notion d’espace de sécurité.

La question que vous m’avez posée sur ce qui était en train de se dérouler, c’est un affaiblissement considérable de l’Union européenne. L’Union européenne a été divisée, va se voir contrainte d’acheter en masse du matériel américain et va devoir s’intégrer davantage au dispositif militaire américain. Je crains que la fin de l’histoire se calme assez vite entre la Russie, l’Ukraine et les États-Unis, mais je crains que la grande perdante de l’histoire ce soit toute notion d’indépendance européenne, d’autonomie stratégique européenne et il faut bien le dire, une soumission encore plus avancée à l’OTAN.

Cette histoire ukrainienne ne va-t-elle pas sonner le glas de la relation Europe Russie ? Une relation dans laquelle Poutine tenait ?

Il faut penser au grand jeu qui est en train de se dérouler. Les États-Unis souhaitent isoler la Chine et la Russie. Ils essaient de le faire aussi bien en mer de Chine que par l’alliance entre l’Australie, la Grande-Bretagne et le Canada. On voit l’agressivité du monde anglo-saxon se développer sur tous les fronts. La grande question est de savoir qui est le gagnant dans ce jeu et qui va l’emporter.

C’est ici que je serais très prudent. La puissance militaire américaine demeure sans égal. Je pense que le vrai sujet c’est que les États-Unis ne sont plus vus dans le monde comme une puissance de progrès. Leur démocratie est totalement confisquée au profit de quelques milliardaires. La démocratie américaine s’achète, on l’a bien vu lors de l’élection de Joe Biden. Les milliardaires américains entendent faire la loi, partout où leurs milliards peuvent leur acheter des voix. Ce sont les actions criminelles d’un certain nombre de fondations et d’OMG en Europe pour déstabiliser des gouvernements pourtant légitimement élus. Doit-elle accepter de se laisser inféoder aux États-Unis ou doit-elle tenter le monde multipolaire que l’on annonce ?

Cela veut dire être un pôle de puissance et donc de disposer d’une autonomie stratégique nouvelle. Cela veut dire, remettre clairement en cause notre appartenance à l’autre, non pas au traité de l’Atlantique Nord, mais au commandement intégré de l’OTAN qui est le moyen du complexe militaro-industriel américain. Je pense que c’est le grand jeu qui est en train de se livrer. Nous sommes en train de perdre une première manche dans cette partie. La conséquence la plus immédiate du conflit ukrainien c’est une soumission accrue de l’Europe, la fermeture de Nord Stream 2 et tout simplement le fait que l’Allemagne doit payer beaucoup plus cher du gaz naturel liquéfié produit dans des conditions écologiques catastrophiques, puisque c’est pour beaucoup du gaz de schiste en se privant du gaz naturel russe beaucoup moins cher et de meilleure qualité pour des raisons géopolitiques dont la maîtrise nous échappe totalement.

Il est évident l’Union européenne musèle la diplomatie de ses pays membres. En revanche, si on prend le cas du Royaume-Uni qui a quitté l’Union européenne depuis plusieurs années, il a été tout autant agressif avec le gouvernement russe puisque c’est le Royaume-Uni qui a armé principalement les forces ukrainiennes.

L’agressivité des Britanniques à l’égard de l’Union européenne suit le Brexit, à tort ou à raison. Je ne me prononcerais pas sur ce point. Les Britanniques ont le sentiment d’avoir été mal traités à l’occasion des négociations du Brexit. La Grande-Bretagne reprend sa politique de toujours qui a été de diviser le continent. Diviser, éviter tout rapprochement entre l’Europe de l’Ouest et la Russie ou les pays de l’Est, semer des foyer de trouble, notamment dans les Balkans ou à l'est, et éviter qu’il n’y ait jamais une alliance trop forte entre la France, l’Allemagne et les puissances continentales. On sait que c’est l’obsession traditionnelle de la diplomatie britannique. Elle est en train de fonctionner à plat.  La Grande-Bretagne a une responsabilité éminente dans l’hystérisation du débat, dans la manipulation de l’opinion, dans la propagande de masse que nous subissons depuis quelques semaines contre la Russie à propos de l’Ukraine.

La Grande-Bretagne aujourd’hui est le premier fauteur de trouble et de guerre en Europe.

Comme nous l’évoquions hier, Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des Républiques populaires du Donbass. Le président ukrainien, Zelensky a immédiatement appelé ses alliés à être encore plus fermes dans la réponse. Il a prévenu qu’une invasion russe serait probable.

Selon vous, comment cela va-t-il se passer ?

Personne ne peut prévoir ce qui se passe. Je crois que nous avons des auteurs rationnels. Je crois réellement que la Russie n’a aucun intérêt à s’attaquer à l’armée ukrainienne et n’a aucun intérêt à aller à Kiev. Qui a envie de se mettre sur les bras, un État faillit, corrompu et mafieux comme l’est aujourd’hui l’Ukraine ?

Si la situation ne s’apaise pas assez vite, je ne sais pas ce que vont donner les sanctions économiques. Le grand risque c’est que l’Ouest s’isole. Jusqu’ici les sanctions économiques n’ont pas posé beaucoup de problèmes à la Russie. Elles en ont posé beaucoup plus à l’Union européenne  qui est la grande perdante de cette affaire.

La grande inquiétude que je peux avoir c’est que personne ne contrôle ce qui se passe sur la ligne de front et personne ne peut contrôler l’usage d’armes livrées de manière extrêmement irresponsable aux milices et aux mercenaires ukrainiens. Dans ces conditions, un dérapage est possible à tout moment, ce qui justifierait une réponse militaire d’un côté ou de l’autre. Dans ce cas-là, personne ne peut exclure une escalade qui peut-être formidablement rapide et formidablement destructrice. C’est l’inquiétude que l’on peut avoir. On ne saurait que rappeler les acteurs de l’accord de Minsk. On ne saurait qu’inviter des parties prenantes à revenir à ce qu’était l’autonomie du Donetsk et de Louhansk dans le cadre de l’Ukraine. Je crains malheureusement que la page de retour aux accords de Minsk ne se retourne.

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/10/2023 à 18:59.

Vos commentaires

86 commentaires

  1. Distance Cuba-Washington : 1900 kms, distance Kiev-Moscou : 750 kms, avec des missiles qui volent aujourd’hui bien plus vite que du temps de la crise de Cuba, je comprends que cela puisse rendre les Russes nerveux. Une Ukraine militarisée avec des equipements de l’Otan tournés contre la Russie, c’est évidemment inacceptable pour les Russes. L’expansion de l’OTAN doit s’arrêter. La possible agression de l’Ukraine par les Russes cache une beaucoup plus dangereuse agression des Russes par les US !

    • Entièrement de votre avis
      Lire Bld Voltaire ce matin me rassure!
      Je ne suis pas seule à penser que ceci est une agression des Russes par les US.

  2. L’Ukraine est un territoire vaste et viable . . . sauf qu’il n’a pas de frontières naturelles . La frontière que l’on constate, c’est le Dnièpr. A l’est on est Russe; à l’ouest Européen . Le tout a servi de berceau aux premières Russ puis de colonie à la Pologne, la Turquie, aux Mongols, aux Russes d’URSS . Le seul motif d’unité historique est le génocide que Staline y a mené sous prétexte de résistance au Communisme . Ce n’est donc pas par hasard que des emblêmes fascistes ont pu être remarqués

  3. 2/ les Usa grâce à leur planche à billets corrompent et achètent tout. Leur toutou est la GB. Tous deux ont installé un pantin en Ukraine et ont dépensé 5 Mds à cet effet. Suivis par l’Ue. Zygbnew Brzezinski, en 1997, dans le grand Echiquier incitait à titiller la Russie. Les Usa ne pensent qu’à eux: le dollar est notre monnaie et VOTRE problème 1973.

  4. Comment Cnews hier soir peut-il mettre un bandeau en permanence posant la question : « Poutine est-il devenu fou? » C’est minable, lamentable, pas d’adjectif assez fort pour qualifier cette outrance. Et tous ces commentateurs baveux. Merci Poutine sauve nous.

    • Dans son discours, Poutine a déclaré  » lutter contre l’”Empire du mensonge ” qui étend son pouvoir sur tout l’Occident grâce à sa puissance financière et technologique.

    • À propos des bandeaux, j’ai lu (il y a un moment) que c’est l’AFP qui distribuait les dits bandeaux, souvent mal écrits, voire incompréhensibles…
      Toutefoiis sur LCI, Brunet, suite à un coup de fil, a fait changer le bandeau pour annoncer l’entrée d’une colonne russe en Ukraine : ce qui était une fausse information…

    • Depuis 2 jours, j’ai arrêté de regarder les chaines d’infos. Je suis pourtant une fidèle de CNEWS et j’ai été déçue par la tonalité des débats organisés sur leur plateau avec de soi-disant experts et personne pour les contredire. Personne pour dire que les accords de Minsk n’ont pas été respectés par la partie ukrainienne, personne pour rappeler les opérations agressives de l’OTAN sur la Serbie (sans mandat de l’ONU) en 1999. Les débats sont présentés à charge contre Poutine sans nuances!

  5. Nous en sommes arrivés là grâce à qui??n grâce aux américains qui ne sont bons qu’à foutre la pagaille partout ou ils passent et là dessus, le petit macron qui veut jouer le caïd, les gros bras alors preuve qu’il n’a pas encore compris qu’il ne fait pas le poids face à Poutine mis à part ses annonces ronflantes, contre Poutine, il ne brasse que du vent

    • « Nous en sommes arrivés là grâce à qui??n grâce aux américains qui ne sont bons qu’à foutre la pagaille partout ou ils passent ». Pas la pagaille, mais la guerre, pour le plus grand bénéfice du complexe militaro-industriel, le véritable maître du monde.

  6. 1/Toujours pertinent M. Juvin. Résumons l’attitude des amerloques: en 1964, ils suscitent un incident fictif dans la baie d’Along et commence la guerre du Vietnam, Puis le Golfe: couveuses, canon de Saddam Hussein, puis résurrection de Hitler, la fiole mortelle de Schwartzkopf à l’Onu, puis Ben Laden qu’ils combattent, soutiennent puis tuent.

    • Votre liste est loin d’être exhaustive. Il faut y ajouter, l’agression illégale de l’OTAN (sans mandat de l’ONU) sur la Serbie en 1999 avec son cortège de frappes aériennes causes de nombreux « dommages collatéraux » sur les populations civiles. Les Américains parlent d’alliés, mais ils n’ont que des vassaux (nous) et des intérêts. Les sanctions imposées sur la Russie vont impacter surtout les Européens, pas les U.S! Et on continue de leur cirer les bottes.

  7. Même si l’histoire a souvent fait disparaître l’Ukraine (comme la Pologne) elle existe néanmoins par son histoire, ses langues, sa religion catholique uniate. Mais les pantins de Kiev (notamment Porochenko) ont bloqué l’application des accords de Minsk qui statuaient sur les provinces russophones. Une fois le Donbass libéré, autonomisé et rattaché ou à une fédération ukrainienne qui autonomisera Galicie, Ruthènie etc, ou à la Russie (referendum) la paix reviendra. L’Ukraine devra être neutre.

  8. Merci monsieur Juvin de rétablir la complexité de l’histoire et de refuser le manichéisme simplificateur de Biden/Macron.
    L’Angleterre est la pire ennemie de lEurope et de la France sur cette question .
    Il est urgent pour nous de quitter l’OTAN et l’UE sans oublier qu’en Afrique et en Méditerrannée Poutine est un concurrent cynique et sans scrupule ….

    • Commençons par l’OTAN, je pense qu’il est plus rapide de quitter ce machin que de quitter l’Europe. Il faudrait savoir quels ont été les engagements pris par Nicolas Sarkozy quand il a fait la sottise de nous faire réintégrer l’Otan.

  9. Il y a beaucoup de vérités importantes dans cet article que l’on ne trouve nulle part ailleurs et surtout pas sur les plateaux télé pour qui connaît l’Ukraine. Poutine a parlé de nazis et il a raison : c’est pour cela qu’il s’en prend d’abord aux bataillons Azov une armée autonome néo nazie de plusieurs milliers d’hommes et sur équipée par la CIA (y compris de chars mais pas de jets)

  10. Excellent éclairage qui remet les pendules à l’heure .
    Écrasés de propagande le nouvel ordre n’est – il pas : «  En temps de conflit, tous derrière Macron » comme suggèrent nos médias.
    Il semblerait que si les sanctions punitives ne profitent pas à l’Europe , elles profitent à un Macron qui tarde à entrer dans la course et qui après avoir « vaincu le covid » sera le grand timonier dans la tempête…puisque selon la formule : on ne change pas les chevaux en milieu de course.

  11. Une évidence que ces fameux trains de mesures vont nous coûter cher, très cher !
    Histoire de tenir des postures, poussés par les USA, les européens ce jettent tête baissée dans les filets des intérêts américains quelque soit le domaine et quelqu’en soit le coût.
    Curieusement la longue liste des échecs de Macron n’affecterait pas sa quote de popularité… mais d’ici aux élections les français mesureront la chute brutale de leur pouvoir d’achat suite à ces fameuses mesures…

    • La flambée des cours du pétrole et du blé ne profitent qu’à quelques uns. Lorsque l’on voit les prix du gasoil (et non du diesel), du fuel et du gaz, lorsque l’on voit l’augmentation du prix du pain et que l’on ne sait quelles en seront les limites, les Français doivent bien réfléchir avant de reconduire Macron pour 5 ans. Il n’a pas les épaules face à Poutine ni Biden.

      • Pour réfléchir il faut s’informer, sans parti pris, des faits historiques et actuels : combien vont ils faire cet effort et tenter de comprendre?

    • peut être la preuve que, pour une majorité, « l’esprit français » reste invariablement abreuvé par l’insouciance et la non réflexion.

  12. Notre élyséen histrion promet des sanctions exemplaires contre la Russie.
    Mais c’est qu’il ferait peur, en plus.

    Apparemment, Poutine ne l’a pas encore assez humilié, pour qu’il imagine le faire ployer.

    C’est à la pompe que nous verrons à quel point nous avons à perdre, dans quelques semaines.

    Ceci étant, je n’ai aucune sympathie pour Poutine dont l’intervention n’est aucunement justifiée par une existence contestée d’une nation ukrainienne.
    Le peuple devait décider par référendum.

      • Comme j’ai écouté l’intervention de Poutine, je pense l’avoir comprise. Votre avis différent ne vous rend pas plus éclairé

        Que les aspirations de Poutine soient légitimes, je l’admets et comprends ses positions.
        Ça ne cautionne en rien le recours à la force.

        Ça ne fait que rappeler Budapest en 1956 et Prague en 1968.

    • Depuis le coup d’Etat pro-occidental de 2014, les referendums en Ukraine, c’est probablement comme les referendums en France …

  13. Pour résumer les américains et les anglais foutent le bordel ,provoquent la Russie et notre petit tyran a leur botte nous entraîne dans une guerre ou nous avons quoi qu il se passe tout à perdre, merci macron qui se prend maintenant pour Napoléon

  14. Un grand merci pour ce cadeau ! Quel éclairage ! « Milices, mercenaires » des mots terriblement efficaces.. Hervé Juvin, félicitations : la Vérité Historique est restituée, les craintes parfaitement évaluées.. Europe déficiente, on s’en doutait.. S’il vous plait, Bld Voltaire, pourriez-vous rendre accessible cette interview le plus longtemps possible, en page visible, afin de la divulguer nous-mêmes ?

    • Heureusement que des langues se délient pour nous éclairer d’une manière factuelle.
      En quelques heures des opinions divergentes émergent, une bonne chose pour notre compréhension des événements.
      À quand un sondage ?

    • Un rappel des faits, qui aurait pu remonter plus avant dans l’histoire, qui démontre et rappelle la main mise des USA et GB dans l’histoire de l’Europe. La grande Catherine doit en avoir les larmes aux yeux.

      • j’ignorai la duplicité et fourberie de l’Angleterre tant je suis « aveuglée » par sa reine courageuse.. Aïe !

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