Un an après, à Nice : « Le jour de l’attentat, j’avais prévu d’aller à la messe de 11 heures »
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Je suis paroissienne de la basilique Notre-Dame de Nice depuis presque dix ans. Nous nous sommes attachés à cette communauté et à ce lieu de culte, qui ne ressemble à aucun autre. Ce n’est pas Versailles, ça non !
La basilique draine les gens du centre-ville. C’est un quartier populaire, très divers dans la représentation de ses communautés. Tous ceux qui passent par l’avenue Jean-Médecin, avenue des boutiques menant à la promenade des Anglais, s’y arrêtent à un moment, pour voir l’édifice ou pour prier : touristes, personnes modestes, personnes âgées qui viennent prier avec leur Caddie™ après les courses, sans domicile fixe qui se reposent un temps pendant une célébration…. et c’est bien cela qui fait ce caractère si attachant : c’est une communauté à l’image de la vie, des gens, de leur grandeur, de leur misère et de leur pauvreté. Cette sociologie brassée a aussi ses limites. La basilique Notre-Dame de Nice se situe dans un quartier fortement islamisé où vit une grande partie de la communauté musulmane du centre-ville et la salle de prière. Ce cocktail peut paraître à certains moments explosif, et malheureusement, cette réalité est venue nous fouetter brutalement, le 29 octobre dernier.
Nous avions, ainsi que ma famille, bien connu Vincent Loquès, le sacristain. Celui-ci nous accueillait avec un sourire discret, mais lumineux, le dimanche. Passant derrière nous lorsqu’il faisait son tour de « ronde » pendant la messe, il se débrouillait toujours pour glisser un bonbon dans la main de notre fils de 7 ans, souvent un lapin ou des pièces en chocolat. Notre fils était aux anges. Il s’est beaucoup attaché à lui. Le jour de l’attentat, j’avais prévu d’aller à la messe de 11 h. Ce n’est que vers 9 h 30 que nous avons appris par une amie qu’un événement très grave s’était produit « à Notre Dame » et que le quartier était bouclé - mais dans mon esprit, il s’agissait de Notre-Dame de Paris.
Pourtant, le réel a fini par s’imposer à nous, et au fil des heures, les rumeurs se précisaient sur le nombre de morts, sur le terroriste et sur l’identité des victimes. Un véritable traumatisme. Vincent faisait partie de ces personnes tellement intégrées à notre vie que nous ne pouvons pas imaginer notre quotidien sans eux. Notre fils s’est enfermé dans sa chambre, il a pleuré une heure environ. Ensuite, il a eu l’idée de confectionner un bracelet, bracelet qu’il ne pourrait jamais lui donner, mais qu’il a posé sur son coin prière. C’était son offrande et ses larmes, celles d’un enfant de 8 ans confronté pour la première fois à la barbarie et à l’inconcevable. Depuis cet attentat, la vie a repris mais il n’est absolument pas possible de venir prier à la basilique sans se sentir imprégné du sang des trois victimes. Leur sang est là, partout, sur le sol, dans l’air qu’on respire, dans les bougies qu’on dépose. C’est, bien sûr, aussi leur vie et leur souvenir qu’on ne peut pas oublier. Une tâche indélébile sera toujours associée à ce lieu, celle de ce jour où trois innocents ont été assassinés parce qu’ils étaient chrétiens.
La foi n’est pas ébranlée par ce qui s’est passé, parce que la seule réponse à apporter est bien évidemment de continuer à aller prier dans ce lieu, de ne jamais renoncer, de ne jamais céder, de ne jamais désespérer. Sinon, à quoi servirait la foi ? Et, donc, nous continuons à aller dans la basilique. Mais nous avons aussi conscience que les problèmes ne sont pas résolus, que le cocktail peut à tout moment exploser de nouveau. Depuis la gare, le seul lieu de culte accessible et visible est la basilique Notre-Dame. Les agressions se sont multipliées, depuis un an, dans ce même lieu, avec des immigrés clandestins radicalisés arrivés d'Italie, venus cracher leur haine de la France et, pour certains, faire l’apologie du terrorisme. Quels moyens réels sont mis en place pour protéger nos lieux de culte ?
À Nice, nous vivons chaque jour avec la pensée de ce risque et nous devons apprendre à l’intégrer à nos vies.
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Attentat à Nice