Un attentat contre des églises déjoué : la France est-elle à l’abri du terrorisme islamiste ?

afghanistan terrorisme

Décidément, on ne louera jamais assez l’efficacité de nos services secrets qui, malgré des budgets en bouts de ficelles, parviennent à accomplir des miracles quotidiens sans que, le plus souvent, on n’en sache rien. Tandis que le citoyen dort, eux ont toujours l’œil en éveil.

Ainsi, le 5 mars dernier, un individu de 62 ans vient-il d’être interpellé par ces mêmes services alors qu’il s’apprêtait à s’en prendre à des édifices catholiques. « C’est le deuxième projet d’action violente déjoué par la DGSI en 2024 », nous dit Le Parisien du 20 mars. Sans oublier trois autres attentats, que nos services ont discrètement fait avorter l’année précédente, toujours selon la même source.

On notera que l’âge avancé du dernier prévenu ne cadre pas tout à fait avec celui des précédents terroristes mis hors d’état de nuire ; ces derniers étant autrement plus jeunes, tel ce Tchétchène de 20 ans, mis en examen en juillet 2023, pour avoir planifié l’assassinat d’un « influenceur chrétien » qui, par ailleurs, gagnait sa vie en tenant un commerce de CBD, ce cannabis qui n’en est pas un ; au même titre que la bière sans alcool, ces apprentis terroristes aux motivations des plus vagues.

Pour dire le sérieux de cette affaire, « Romain T. », le terroriste présumé, a été surpris par les enquêteurs, déguisé en ninja, tenue et cagoule noire y afférentes. Encore un qui a dû plus souvent regarder Dragon Ball Z à la télévision que les prêches énervés des imams islamistes des chaînes saoudiennes ou qataries. Ou alors les deux, dans des proportions demeurant à définir. Bref, voilà qui résume assez bien le changement de nature du terrorisme auquel la France est confrontée depuis des années.

Des apprentis terroristes de plus en plus jeunes…

Jean-François Ricard, procureur national antiterroriste, interrogé par Le Figaro de ce 8 mars, reconnaît : « Pour l’année 2023, nous avons été surpris par la montée en puissance des cas de mineurs, de très jeunes majeurs et de très jeunes mineurs impliqués dans des faits de projets d’action violente. […] Ils se repaissent tous de vidéos épouvantables, de décapitation, notamment. Cette radicalité a-t-elle à voir avec une génération qui n’a connu que le numérique. Ou est-ce la banalisation de la violence ? »

Les deux à la fois, peut-être. Ce qui pourrait aussi contribuer à donner corps à ce « djihadisme d’atmosphère », forgerie sémantique due à l’un de nos meilleurs spécialistes de la question, Gilles Kepel. En effet, depuis le démantèlement d’Al Qaïda et de Daech, l’islamisme de combat est devenu une hydre sans tête, mais dont ces dernières renaissent inlassablement sous d’autres formes.

Al Qaïda prônait un califat mondial, sorte de parousie aux contours les plus flous. Daech, lui, revendiquait une formule territorialement plus circonscrite à des frontières géographiquement déterminées. Les deux ont échoué ; l’une dans sa vision internationaliste et l’autre en son versant nationaliste.

Un « djihadisme d’atmosphère » qui peut faire craindre le pire…

Au final des courses, nous dit Gilles Kepel, « il n’y a plus de donneurs d’ordres. Ce "djihadisme d’atmosphère" se diffuse par bribes, par petits dosages et sans leader charismatique ou organisation derrière. » Et le même de poursuivre : « D’un côté, des "entrepreneurs de colère" qui vont désigner des cibles, par exemple le professeur Samuel Paty ou Charlie Hebdo, qu’ils ne vont pas eux-mêmes appeler à tuer. De l’autre, des personnes qui seront déjà radicalisées en ce sens, sur le Web ou à travers des sermons particulièrement virulents, qui vont décider de passer à l’action, sans appartenir à une organisation. »

En attendant, nos services secrets, même si agissant de la plus discrète des façons, tentent de nous protéger, vaille que vaille, du pire, tout en sachant bien que l’essentiel se niche ailleurs, puisque luttant contre des gens ne trouvant plus dans la mort qu’une raison de survivre dans l’au-delà. Tandis qu’ici, on se bat pour tuer les enfants à vivre tout en mettant tout en œuvre pour achever nos aînés.

Décidément, cette culture mortifère demeure des plus partagées.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Quand arrêterons de poser des questions pour lesquelles nous connaissons les réponses depuis des lustres.

  2. Malheureusement, la France est certainement le pays occidental le plus visé par le « terrorisme » islamiste. Il y en a eu, il y en aura d’autreS. Nous avons une cinquième colonne « intra-muros », qui est prête à agir sur ordres ou d’initiative. Toutes les gesticulations de nous politiques n’y changeront pas grand chose, ce n’est que de la com, malgré la grande valeur de nos services chargés de combattre ce fléau.

  3. Ils oublient de nous préciser quant l’identité de l’auteur est découvert que ce sont des Français, dommage ce serait rassurant et nous ferait oublier la catastrophe de la cathédrale Notre Dame de Paris.

    • vous voulez dire  » des Français qui ne se sentent pas Français » et qui revendiquent des racines que leurs propres parents ont largement délaissé pour avoir une vie  » meilleure en France » –

  4. Les fidèles doivent s’organiser ppour assurer surveillance et sécurité, sans attendre la hiérarchie cléricale. Cela existe aux Pénitents Bleus à Montpellier et en bien d’autres églises : le laïcat c’est le Peuple de Dieu. Donc un Peuple certes discipliné mais libre et donc il a le devoir de s’organiser. De préférence en intelligence avec les évêques ou les curés. Et , à défaut, s’ils sont en défaut, sans eux (la grande majorité des églises sont des bâtiments publics)

  5. Non, la France n’est pas à l’abri du terrorisme islamique.
    Au contraire, celui-ci ne fait qu’empirer.
    Il suffit pour cela de voir ce qui vient de ce passer hier pour plusieurs lycées et collèges de la région parisienne (que ce soit un canular ou non).

  6. Il serait peut-être temps d’arrêter « l’enrichissement », à un tel niveau on frise l’indécence.

  7. « La France est-elle à l’abri du terrorisme islamiste ? » Attentats de mohamed merah en 2012, Charlie Hebdo, Hyper Casher, attaque du Thalys, en 2015, Magnanville, Nice le 14 juillet, le Père Amel à Saint-Etienne-du-Rouvray, attentat manqué à Notre-Dame de Paris, en 2016, différentes attaques en 2017 et deux femmes égorgées à la gare Saint Charles à Marseille, en 2018, attaque du marché de Noël à Strasbourg, … et la liste est encore longue. Cela répond-il à la question ?

  8. L’organisation en califat de quartiers entiers existe en France , comme en Belgique , comme au Royaume Uni ou ailleurs en Occident . Mais on regarde ailleurs , on refuse de voir , on nie cette réalité . « djihadisme d’atmosphère » dans des « califats d’atmosphère » . Et tout cela est la conséquence du nombre de musulmans en augmentation croissante , le nombre toujours le nombre .

  9. La France est le pays de l’UE qui compte le plus de musulmans dans sa population .
    Plusieurs centaines de morts et de blessés ces dernières années dans des attentats islamistes en France.
    Une population musulmane qui a le plus fort taux de natalité .
    Une immigration de masse , non controlée , à très grande majorité musulmane .
    le risque de terrorisme islamiste ne peut qu’augmenter .

  10. La réponse est dans la question. Elle ne serait posée si nous étions à l’abri.

    C’est trop tard, depuis trop longtemps. Ça n’est que le début de ce qui se profile; nous le savons.

  11. Un attentat déjoué et combien de tombes , croix , sanctuaires ou églises saccagées mais surtout combien de chrétiens massacrés .Donc pas de quoi vraiment pavaner et se vanter . Merci quand même à nos services secrets qui eux ne restent pas inactifs contrairement à d’autres qui ne font rien pour mettre fin à ces agissements .

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