Un cadeau de la mairie de Paris : vos pochettes d’ordinateur récup

Grande annonce, lors du dernier Conseil de Paris, ce mercredi 7 juin. C’est Colombe Brossel, l’adjointe en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets, de l'assainissement, du recyclage et du réemploi, qui s’en charge.

Échevelée par l’enthousiasme, verte jusqu’au fond de nos poubelles, elle clame dans son micro : « Vous trouverez bientôt – attention, cadeau à venir ! – dans la boutique de l’hôtel de ville Paris Rendez-vous, de magnifique pochettes d’ordinateur faites à partir des tenues des égoutiers. » Brouhaha dans la salle. Elle poursuit, toute « gaite » comme disait Coluche : « Oui, on est comme ça, on est comme ça à la mairie de Paris ! Donc, je vous engage à réserver vos magnifiques pochettes. Tout cela pour vous dire que nous donnons une deuxième vie aux tenues professionnelles et je m’en réjouis. »

La mairie de Paris va commercialiser des pochettes d'ordinateur confectionnées à partir des vêtements professionnels usagés des égoutiers. pic.twitter.com/46Abk9Limu

— Enzo Morel (@mtwit75) June 7, 2023

Ah, recycler les tenues usagées des égoutiers… on en rêvait, la mairie l’a fait. Et, donc, au 29, rue de Rivoli, à côté du thé bio, des mugs, des carnets à spirale et des ateliers « d’upcycling » (recyclage, c’est vieux jeu), on trouvera maintenant des pochettes d’ordinateur faites dans des tenues d’égoutier.

Comme dit le slogan de Paris-Rendez-vous, c’est « la plus élégante des marques, la marque Ville de Paris ». On espère que le parfum va suivre : après Rive gauche de Saint Laurent, Fleur d’égout d’Anne Hidalgo, ça aurait de la gueule, non ? Et puis, on pourrait aussi recycler les cuissardes pour la prochaine Fashion Week, je suis sûre que ça ferait un carton.

On ne sait pas si le chaland va se battre pour sa pochette en égoutier pleine peau, mais en attendant, ça fait bien rigoler (jaune) les internautes : « C'est fascinant, on oscille entre un sketch inédit des Inconnus, les rushs de la série Les Tuche ou un gag non retenu du Père Noël est une ordure. À quand l'atelier coquille d'huîtres pour fabriquer des cendriers ? », tweete Aliocha. LDCE félicite Colombe Brossel : « Félicitations, très jolie initiative ! Vous pourriez aussi monter des ateliers scoubidou pour recycler le plastique des pipes à crack financées par la ville, que l'on retrouve en abondance dans le 19^e. Autour d'un barbecue sur le parvis de l'HdV, ce serait hypra cool. »

Petite question technique, toutefois : on ose imaginer que les tenues sont lavées, relavées, javellisées et centrifugées pour être débarrassées de la pisse des surmulots et autres déjections du petit peuple des égouts. Tout cela avant de passer sous la découpeuse et la machine à coudre actionnée non pas à la force des mollets, comme le pédalier de la vieille Singer™, mais par le moteur électrique de la dernière Brother™ ou Jukilk™ arrivée de Chine. Bref, pour le dire clairement : est-ce bien écolo ?

De vous à moi, je crois que la question n’intéresse personne, à la mairie de Paris. Là-bas, on fait de la com', c’est tout. La preuve : alors que la Justice a sommé Anne Hidalgo de retirer les banderoles de soutien aux grévistes et manifestants contre la réforme des retraites déployées sur la façade de l’hôtel de ville, elle en a fait faire d’autres : deux émoticônes clin d’œil. « Un message fraternel et bienveillant à un moment où le mouvement social est dans la rue pour revendiquer pacifiquement le retrait de cette réforme antisociale, brutale et injuste », dit-elle.

Le maire fait joujou et les Parisiens banquent.

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