Un commissaire ne devrait pas envoyer ça… On peut rire de tout, mais pas dans la police
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Bien. Aujourd’hui, séance de décryptage. La carte de vœux 2021 du commissaire de Plaisir (Yvelines) n’a pas plu aux instances gouvernementales. On sait que « là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ». Mais de quoi parle-t-on ?
Sur cette carte reprenant un dessin humoristique, un policier américain blanc, mal rasé, postillonnant, placé près de sa voiture, interpelle un homme noir, chauve et ébahi, et lui fait signe d’avancer en disant : « Rapprochez-vous un peu… Mon Taser recharge sur l'allume-cigare ! » Avec cette légende : « Le commissaire Jean-Michel Riolland et les policiers de la circonscription de Sécurité Publique de Plaisir vous souhaitent une bonne année 2021. »
Pourtant, le sens de l’humour dudit commissaire, jeune et dynamique, serait connu. Entré en fonctions à Plaisir, en février 2018, l’homme affichait, tout sourire, son engagement citoyen dans le journal de la ville : « Depuis tout jeune, je savais que je voulais arrêter des voleurs », racontait-il « avec humour », selon le journaliste, qui pouvait conclure : « Alors, que Plaisir se rassure, elle est bien protégée avec Jean-Michel Riolland. » Oui, contre la pègre, peut-être ; contre la censure politico-médiatique, non !
« Un dessin au message nauséabond », « à connotation raciste », lâche Le Parisien. Et Gérald Darmanin d’abonder aussitôt, dans une mesure énergique, contre le fonctionnaire scandaleux et de tweeter : « Dès que j’ai eu connaissance de cette “carte de vœux”, l’Inspection générale de la police nationale a été saisie et a déjà entendu ce commissaire hier. Je l’ai suspendu à titre conservatoire. »
En quoi cette carte de vœux, vouée à l’autodafé ministériel, serait-elle plus condamnable que l’humour – supposé – au 37e dessous de la Loubianka du préfet Lallement citant le bourreau communiste Trotski comme faiseur d’ordre ?
Donnons la parole au principal spolié de l’affaire, Wingz, dessinateur de presse, qui s’est vu dépouillé de son œuvre graphique par ce commissaire peu scrupuleux des droits artistiques, mais sans doute amateur de nos petits miquets : « Ce dessin, disponible sur mon site, fait partie d’une série de dessins réalisés en 2015 pour dénoncer les violences policières envers les Noirs aux États-Unis […] Je déplore que certains y voit (sic) un dessin raciste. » Et le dessinateur, au moins, vise juste lorsqu’il tente le décryptage des intentions du policier mis en conserve : « Qu’un commissaire de police utilise aujourd’hui ce dessin pour illustrer sa carte de vœux, dans le contexte actuel que l’on connaît, pose la question du message qu’il souhaitait faire passer : réel racisme ? Manque de moyen dans la police ? Ou s’agit-il tout simplement d'un terrible acte-manqué (sic) d’une personne qui souhaitait faire un peu d’humour ? Le prochain tweet de Gérald Darmanin nous le dira… ou pas. »
Les réactions des internautes, très partagés sur le sujet, démontrent à l’envi qu’il est difficile de percevoir toutes les subtilités, la portée et le dessein d’une satire. Et puis l’humour galéjade des uns n’est pas l’humour potache des autres. Le fluide est parfois glacial !
De quoi notre commissaire-Charlie est-il coupable ? Quelle est sa faute ? Hold-up contre le droit d’auteur, soit. Mais après ? On pourra dire qu’en agissant ès qualité, il a manqué de discernement et de réserve, pouvant choquer les pseudo-descendants « d’un peuple qui a beaucoup souffert »… Mais – et cela est grave – en sanctionnant son hypothétique délit de « mépris blanc » comme une autre tête de l’hydre des violences policières, sa hiérarchie de tutelle dévoile, une fois de plus, sa soumission inconditionnelle aux diktats indigénistes et sa politique de la fuite en avant qui nous conduit au chaos.
L’autodérision est un moyen de se régénérer sans violence et sans haine. Tel est le sens profond de la carte de vœux du commissaire-Charlie. Alors qu’il y a quelques semaines à peine, notre Charlie-Président proclamait à la Terre entière le droit de choquer et son contraire, nous savons maintenant qu’en Absurdistan, il faut choisir : on ne peut être « en même temps » commissaire politique ou Charlie. Comme aurait dit… Pierre Desproges ?
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