[Edito] Un demi-siècle de flamme !

RN

Le Rassemblement national, anciennement Front national, fête, ce 5 octobre, son cinquantième anniversaire. 50 ans, c’est l’âge mûr ! Du parti groupusculaire, fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen sous Georges Pompidou, au mouvement comptant sous Emmanuel Macron plus d’une centaine de parlementaires (nationaux et européens), que de chemin parcouru ! Mais aussi - et peut-être surtout -, que de chemin parcouru par la France…

La France macronienne n’a plus rien à voir avec la France pompidolienne. Tout comme le Rassemblement national, que Jordan Bardella préside aujourd’hui par intérim et probablement de plein droit en novembre prochain, n’a plus grand-chose à voir avec ce parti dont le fondateur faisait 0,75 % des voix (191.000 électeurs) à l’élection présidentielle de 1974. En 1972, personne n’aurait parié un nouveau franc sur l’avenir du Front national, constitué de bric et de broc de nostalgiques de l’Algérie française, de Vichy mais aussi d’authentiques résistants et sur fond d’un antigaullisme solide. Aujourd’hui, ce même parti qui - dit-il, dit-on - serait aux portes du pouvoir, a ramassé les morceaux de la vraie croix gaulliste, abandonnée dans le caniveau par les partis se réclamant du gaullisme, en faisant de la défense de la souveraineté française l’un de ses principaux chevaux de bataille.

En 1972, la France pompidolienne était une France industrielle, industrieuse, qui ne rasait pas encore les murs, alors même qu’à peine dix ans plus tôt, elle avait abandonné l’Algérie dans des conditions douloureuses. Une France qui ne rasait pas les murs ? Il faut se souvenir comment fut célébré le bicentenaire de la naissance de Napoléon en 1969. On était loin du service minimum donné en 2019 sous Emmanuel Macron à l’occasion du 250e anniversaire… Néanmoins, n’oublions pas aussi que c’est durant ces années pompidoliennes que fut amorcé le tournant en matière d’immigration : il fallait bien faire tourner les bétonnières pour construire les tours ! Jean-Marie Le Pen fut sans doute visionnaire sur ce sujet. En effet, quelques années plus tard, avec Giscard, on passa à la vitesse supérieure avec le regroupement familial, ouvrant ainsi la porte à une immigration, plus seulement de travail, mais de peuplement. Sous la construction des tours pompidoliennes, on posait les bases d’une France qui, cinquante ans après, n’a plus tout à fait la même identité, pour ne pas dire plus.

Cinquante ans, donc. En 1972, lorsque le FN fut créé, un autre parti avait passé, lui aussi, la cinquantaine : je veux parler du Parti communiste français, fondé en 1920 à Tours. À l’époque, le PCF pesait encore lourd : Jacques Duclos avait obtenu 21,2 % des voix à l’élection présidentielle de 1969 quand le socialiste Gaston Defferre ne récoltait que 5 %. Et le 12 juillet 1972 (toujours 1972 !), le PCF signait le Programme commun de la gauche avec François Mitterrand. On connaît la suite : le grand méchant loup à la faucille fut mangé par le petit chaperon rose. Avec la montée inexorable du Front national, le RPR, puis l’UMP, puis LR auraient peut-être pu jouer la même histoire à droite. Piégés par la gauche, ils ont préféré courir après elle, laissant à chaque élection toujours plus de plumes. Jusqu’au point de basculement. Le plat de l’Histoire ne passe qu’une fois. Cinquante ans plus tard, les héritiers du parti gaulliste gèrent un syndicat d’élus avant, peut-être, de se transformer en syndic de faillite quand le parti à la flamme, lui, semble poursuivre son ascension.

Qu’en sera-t-il, par la suite ? Les partis sont des organismes vivants qui croissent, décroissent, se transforment, meurent parfois. Au gré des aspirations du corps social et de ses retours de flamme... Visiblement, le Rassemblement national semble l’avoir bien compris.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

20 commentaires

  1. J e ne me fait pas d’illusion et j’en suis convaincu que , la vague qui a submergée l’Italie déferlera en FRANCE . Car les Français n’en peuvent plus d’être gouvernés par des gougnafiers . Quelle fasse vite , les Français l’attendent .

  2. J’ai une pensée pour les camarades tués, morts , blessés, mutilés, bannis dans leur famille, leur profession, leurs relations. Honneur à eux.

  3. « Qu’en sera-t-il, par la suite ? Les partis sont des organismes vivants qui croissent, décroissent, se transforment, meurent parfois. Au gré des aspirations du corps social et de ses retours de flamme… Visiblement, le Rassemblement national semble l’avoir bien compris. » dites-vous.
    « Au gré des aspirations du corps social »: Voilà ce que Marine Le Pen a très bien compris en prenant un selfie avec une femme voilée. Doit-on voir ce geste comme un soutien aux femmes iraniennes ?
    Chaque pays, chaque aspiration du corps social…
    Heureusement, le train de l’identité française, civilisationnel, lancé par Jean-Marie Le Pen, sa fille osant le faire changer de voie, est ré- aiguillé par Reconquête.

  4. Décidément la flamme a le vent en poupe, si j’ose dire. Le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Melonie en arbore aussi une presque identique, à une couleur près. Les partis comme LR ou le PS devrait prendre conscience que quand on a autant d’élus que d’électeurs c’est pas bon signe !

  5. 89 députés RN , je souhaite une dissolution de l’A.N, et des élections qui en apporteront le double sur les bancs de l’A.N .

  6. Excellente analyse de la dérive politique de la France sous l’immigration. JMLP avait vu juste, il reste à ses successeurs d’enfoncer le clou .

  7. Bel examen d’un parcours que j’ai suivi de 1974 au départ ou devrai je dire à l’expulsion de Jean Marie Le Pen , du FN light et au programme économique de gauche, très peu pour moi.

    • Programme de gauche ? De rire je fais. Seguiniste certainement et pour le peuple. Vous êtes contre , grand bien..ou mal vous fasse

  8. Notre pays a énormément changé depuis ’72. Nos voisins européens aussi. Le RN et son programme reflète les urgences d’aujourd’hui. Le LR et les socialistes «  vendent«  les urgences d’hier. Ils radotent sur des thèmes dépassés car ils sont à la solde de nos élites déconnectées. Nous souffrons comme peuple car nous sommes déboussolés après 40 ans de propagande mondialiste, multiculturaliste, anti blanc et anti-chrétien. Le RN sonne notre réveil.

  9. Et pourtant, sur le grand remplacement, que nous disait J M Le Pen. Il a eu tort d’avoir raison trop tôt. A présent la réalité à dépassé les prédictions.

  10. Bonjour M. Michel,
    Merci pour votre article. J’ai adhéré au FN pour la première fois en 1987 et suis adhérant RN depuis l’accession de MLP à la présidence du mouvement. A l’époque, être adhérent FN était une sorte transgression revigorante, aujourd’hui, le RN combat pour la prise du pouvoir. Le logiciel n’est plus le même. Je suis convaincu que si JMLP avait un peu plus écouté Bruno Mégret, nous aurions gagné 20 ans, ou du moins ne les aurions nous pas perdu…

    • L’union de tous les souverainistes patriotes de droite permettrait (permettra ?) de constituer une opposition efficace à Macron.

    • A condition que Zemmour arrête de traiter de « bête » MLP et arrête de parler de ghetto pour les ouvriers.

  11. Excellent article ;
    L’ascension du FN , devenu par la suite le RN , est inversement proportionnel à l ‘ état de la France dont la démolition ,orchestrée par une succession de gouvernements plus traitres les uns que les autres , est déjà bien entamée ;
    Souvent copié de nos jours mais jamais égalé , le parti à la Flamme ,visionnaire et courageux récolte enfin ses fruits ;
    Bon anniversaire au RN , qu ‘ il puisse tirer parti de sa position pour sauver ce qu ‘ il reste de notre civilisation avant qu ‘ il ne soit trop tard .

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