Un eurodéputé italien explique les « vraies urgences » à von der Leyen

Moment à grand spectacle le 11 mars au Parlement européen lors du débat sur la sécurité européenne : « Madame von der Leyen. Mais où est-elle ? Monsieur Costa, elle ne se cache pas derrière vous madame von der Leyen ? Parce que madame von der Leyen a peur de ce parlement… » Maniant l’offensive avec humour, le général italien Roberto Vannacci vient à sa façon de traduire l’impression, mélange d’arrogance méprisante et de peur presque panique, qu’inspire d’Ursula von der Leyen à ses opposants élus à Strasbourg. Rappelons ici que si le député européen de la Liga de Matteo Salvini et membre du groupe des Patriotes (présidé par Jordan Bardella) n'est pas issu du même parti que Georgia Meloni (Fratelli d'Italia), les deux formations travaillent ensemble au sein du gouvernement italien, et partagent sur les questions européennes une même ligne pour le moins différente que celle défendue à Bruxelles par Ursula von der Leyen.
Former Italian Army General Roberto Vannacci humiliates Ursula von der Leyen in Brussels. Listen to him. pic.twitter.com/notxhtlyC6
— RadioGenoa (@RadioGenoa) March 11, 2025
Les vraies urgences
En une simple phrase facétieuse, donc, Roberto Vannacci a sidéré son auditoire. Et il passe alors à l’attaque, reprochant à la présidente de la Commission européenne la convocation d'un « Collège de sécurité, pour passer par-dessus la seule institution européenne élue, et pour nous endetter, nous et nos enfants, de 850 milliards d’euros dépensés dans des armes ». Et c’est bien la définition de l’urgence qui sépare deux conceptions radicalement opposées, d’une part celle de l’euro technocratie bruxelloise qu’incarne Ursula von der Leyen, et d’autre part celle des réalités nationales des États européens, dont Roberto Vannacci se fait le porte-parole.
Et le second d’inviter la première à redescendre sur terre : « Dieu merci, les Russes ne sont pas encore à Possagno, ni à Budapest, ni à Prague. Et Paris ne brûle pas sous des chapelets de balles. » Mais l’objet du général-député n’est pas tant de discuter des détails d’un plan bruxellois de réarmement militaire, que de le mettre en perspective. « Ce qui brûle, en France, ce sont les églises chrétiennes. Ce sont elles les vraies urgences, madame von der Leyen. » La première des menaces est-elle donc vraiment celle venue de l’Est, effrayant remake de l’Armée rouge d’avant la chute du mur de Berlin, alibi facile et justifiant tout à la fois une ponction fiscale à grande échelle et l’intrusion de la Commission dans un domaine qui n’est pas le sien ?
Pour Roberto Vannacci, l’urgence est bien ailleurs, car « il y a des familles européennes qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, et qui n’ont plus d’argent pour payer le gaz, les factures que l’ignoble politique de votre commission a fait augmenter de façon exponentielle. » L’urgence est économique et sociale, mais elle a aussi à voir avec la politique, les libertés et le respect de la souveraineté des nations : « La vraie urgence, c’est la dictature, l’exclusion de la démocratie, comme il y a quelques jours en Roumanie, et que les technocrates de Bruxelles ont approuvée et appuyée. » Recentrant sur la sécurité, sujet du débat parlementaire du jour, le député italien rappelle combien « les vraies urgences, ce sont les attaques et les crimes que commettent presque quotidiennement des immigrés clandestins, au frais et au détriment des citoyens européens dans les nations européennes », et d’inviter la présidente et sa Commission à venir débattre des réalités : « Venez donc dans notre parlement, et n’ayez pas peur, parce qu’ici, ce n’est pas un peloton de Cosaques avec des sabres qui vous attend, mais des représentants des peuples européens qui veulent juste parler de l’avenir. »
L'indépendance par anti-trumpisme
Voila, je pense comme elle là-dessus
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) March 11, 2025
Alors que l’élection de Donald Trump a accéléré la sortie de l’ère du mondialisme et l’avènement d’un monde à nouveau multipolaire, l’Union européenne tente de retrouver une place sur d’autres bases que celles qui, confortablement nichée sous la coupe apparemment bienveillante de l’oncle Sam, avait le grand avantage de masquer ce mélange d’artifices et de vide qui caractérise le projet européiste. Tentative plutôt vaine, pour l’instant du moins, comme en témoignent autant l’absence (pour l'instant ?) de l’Union européenne à la table des négociations de paix américano-russo-ukrainiennes, que la réception plutôt mitigée des récentes initiatives de Bruxelles, qu’il s’agisse du budget militaire ou des élections roumaines.
Cela, Roberto Vannacci l’a bien compris, et il n’est pas le seul. Comme pour enchaîner sur la vacuité que révèlent les élans « va-t-en-guerre » surjoués d’Ursula von der Leyen autant que d’Emmanuel Macron, la Française Sarah Knafo, député européenne Reconquête siégeant avec le groupe L’Europe des nations souveraines, engage elle aussi le fer avec un humour, constatant que « les plus fervents atlantistes de cette assemblée découvrent soudain qu'il ne faut plus dépendre de Washington. » Saillie aussitôt servie par une double salve : « Même ceux qui se taisaient quand Obama plaçait les dirigeants européens sur écoute. Même ceux qui ne disaient rien quand Joe Biden empêchait la construction de sous-marins français en Australie. » Avec deux exemples qui parlent à tout le monde, Sarah Knafo vient de faire taire les résistants de la dernière heure et autres néo fous de guerre de l’hémicycle strasbourgeois, et les fixe tout sourire avant de leur asséner le coup de grâce : « Vous découvrez l'indépendance par anti-trumpisme ». Mais la chansonnette anti-trumpiste, même si elle peut parfois résonner juste, reste un biais idéologique, là où le principe de réalisme devrait prévaloir. « Nous ne pouvons pas compter éternellement sur un pays dont les intérêts vitaux sont situés à un océan des nôtres. Mais attention, ne remplacez pas une dépendance par une autre. Ce n'est pas la Commission européenne qui vous défendra. » Au-delà des chimères, il y a les intérêts vitaux : « La défense d'une nation, c'est sa survie. Et la survie ne se négocie pas entre bureaucrates à la majorité qualifiée. Ne donnez pas à Madame Von der Leyen le pouvoir d'envoyer vos fils sur le champ de bataille. »
Et Sarah Knafo de rejoindre alors son collègue italien dans un réalisme bien éloigné des incantations guerrières qui se contentent de diaboliser et terroriser, car « on ne réarme pas une nation avec des comptes publics en faillite. Une économie de guerre, ce n'est pas une machine à jeter notre argent par les fenêtres au profit de pays du monde entier. » Plus que jamais, le fossé est décidément abyssal entre la tour d’ivoire bruxelloise et les nations qu’elle prétend dominer.

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3 commentaires
Au-moins deux qui ne mâchent pas leurs mots. Si seulement ces mots pouvaient être suivis d’effet.
Merci Sarah Knafo, merci Général Vannacci ! C’est exactement ce qu il fallait dire à Mme VDL.
La Tour d’Ivoire bruxelloise chancelle et va bientôt comprendre que les nations souveraines vont reprendre leur destin entre leurs mains. Ce n’est qu’un début, faire peur est la force des faibles et ces technocrates sont des faibles. Mme Van der Layen est l’exemple même de la gouvernance déconnectée du réel qui déteste le peuple et M. Macron est son vassal fidèle et attentionné.
M. de Villiers dis, le mur de Bruxelles va tomber comme en 1989 le mur de Berlin, il a raison cela arrivera tôt ou tard. Là nous pourrons redire avec fierté Vive la France et son Histoire millénaire.