Un évêque défie le gouvernement en célébrant une messe en « drive-in »

Un spectacle insolite et un beau pied de nez au gouvernement, qui a interdit les cérémonies religieuses.
messe chalons

La Conférence des évêques de France n'est pas réputée pour la fermeté de ses prises de position face au gouvernement. Cependant, quand le Premier ministre a annoncé que les célébrations ne pourraient reprendre qu’à partir du 2 juin, elle a protesté, dans un communiqué, contre cette atteinte à « la liberté de culte [qui] est un élément constitutif de la vie démocratique ».

Quelques évêques, plus courageux, ont manifesté leur mécontentement en des termes plus combatifs. Certains d'entre eux ont même fait preuve d'inventivité, comme Mgr Habert, qui retransmet, chaque dimanche, en direct sur YouTube, une messe célébrée devant les photos des fidèles, dans la basilique d'Alençon, ou Mgr Touvet, qui a organisé, le dimanche 17 mai, une messe en « drive-in » sur le parking du parc des expositions de Châlons-en-Champagne.

Plus de 500 fidèles, répartis dans 200 voitures, tandis que l'évêque, avec ses assistants, prêtres et diacres, officie et distribue la communion aux personnes qui se sont signalées en allumant leurs feux de détresse. Le tout en respectant les consignes de sécurité, distanciation, masques et gel hydroalcoolique. Il fallait voir ces dizaines de feux de détresse clignoter et les prêtres s'avancer entre les rangées de voitures, tandis que les vitres étaient baissées et que les mains se tendaient pour recevoir l'hostie ! Un spectacle insolite et un beau pied de nez au gouvernement, qui a interdit les cérémonies religieuses. « Cette messe en voiture, c’est plus qu’un dépannage. C’est une vraie messe. C’est une victoire de la vie », a expliqué l'évêque à l'AFP.

Pour rendre possible cet événement, le diocèse a dû négocier longtemps avec la préfecture. L'autorisation n'a été accordée qu'« au début de la semaine dernière, après une quinzaine de jours de travail », témoigne le responsable de la communication. Que voulez-vous, les préfets dépendent du ministre de l'Intérieur : quelles que soient leurs qualités personnelles, ils n'ont guère la possibilité de prendre des initiatives. C'est ainsi que la bêtise peut se propager de Paris en province. Encore sommes-nous indulgents en la limitant au ministère de l'Intérieur.

Faut-il rappeler la réponse d'Olivier Véran à trois parlementaires de l'opposition qui plaidaient pour une réouverture des lieux de culte, le 11 mai ? « Allons-nous passer une demi-heure sur les cultes ? » , avait-il lancé, agacé, pour clore le débat. Faut-il parler de la nuit de Pâques, où des policiers interrompirent une messe célébrée dans l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, devant une assistance réduite, selon les témoignages ? Il est vrai qu'une paroisse, qui plus est traditionaliste, n'a pas le droit aux mêmes égards que certaines banlieues, dont Laurent Nuñez aurait dit, si l'on en croit Le Canard enchaîné du 25 mars : « Ce n'est pas une priorité que de faire respecter dans certains quartiers les fermetures de commerces et de faire cesser les rassemblements. »

La crise sanitaire a bien plongé notre pays dans une atmosphère surréaliste, mais notre gouvernement reste égal à lui-même, ce qui n'est pas peu dire. Jusqu'à Emmanuel Macron, qui s'est rendu, dimanche, dans l'Aisne pour rendre hommage à Charles de Gaulle, en appelant à l'unité. Manu fait de la résistance ! Le grand Charles doit se retourner dans sa tombe, d'être ainsi récupéré par un chantre de la « souveraineté européenne » ! Les Français ont beau crier « Au secours, Macron revient ! », il n'a pas encore compris qu'ils ne voulaient plus de lui.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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