Un exemple du génie français : le Tour de France

Crédits : rawpixel.com
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Ce dimanche 21 juillet, les yeux et les caméras sont braqués sur Nice : pour la première fois de son histoire, le Tour de France terminera sa course sur la promenade des Anglais.

Après les Jeux olympiques modernes et la Coupe du monde, le Tour de France est le spectacle sportif le plus regardé au monde. Qui sait que ce sont trois idées françaises ?

On pourrait croire que le vélo est un mode de déplacement aussi vieux que le monde, aussi ancien que la roue ou la charrette, tellement son fonctionnement paraît simple et évident. Or, son existence n’a pas deux cents ans. Et on la doit surtout à trois inventeurs : Karl Drais, Pierre Michaux et André Galle. Le premier a inventé la machine à courir, ou draisienne ; quelques décennies plus tard, le deuxième pense à ajouter des pédales ; et, enfin, le troisième dépose en 1829 le brevet de la chaîne à maillons, inspirée des dessins du génial Léonard de Vinci. On citera John Dunlop et Édouard Michelin pour le confort du pneu et celui de la chambre à air. Depuis la fin du XIXe siècle, la petite reine appartient à Monsieur Tout-le-Monde.

L’engouement ne se fait pas attendre. Sport, tourisme et spectacle additionnés vont faire de la bicyclette un instrument incontournable. C’est en 1902 que le Tour de France voit le jour. Les rédacteurs de l’ancêtre du journal L’Équipe, L’Auto, cherchent une idée pour augmenter sa diffusion. « Et si on faisait un tour de France cycliste ? » Sept mois plus tard, le projet devient réalité. Juillet 1903, c’est le départ du premier Tour, à Montgeron, au sud de Paris, avec 60 coureurs. 2.500 kilomètres à parcourir en 6 étapes, de jour et de nuit. Et l’arrivée à Paris, au Parc des Princes.

Aujourd’hui, 150 millions de téléspectateurs depuis 190 pays suivent la Grande Boucle pendant trois semaines. À partir des années 1960, la télévision a décuplé le goût du spectacle grâce à des caméras embarquées sur les motos des reporters jusque dans les descentes les plus vertigineuses de nos montagnes. Sensations assurées. Et les spectateurs se pressent au bord des routes, toujours plus nombreux. Quel plaisir de frôler ces athlètes dans l’effort comme aucun autre sport ne le permet ! Et la caravane publicitaire prend, au fil des ans, des allures de carnaval où les marques regorgent d’imagination pour séduire le public.

À chaque tour, son lot d’anecdotes et de drames. On ne compte plus les chutes, ni les ravins… 1960 : Roger Rivière, sans doute le meilleur rouleur de tous les temps, voit sa carrière stoppée en pleine gloire en tombant dans un précipice quinze mètres plus bas. L’Anglais Tom Simpson, champion du monde, accablé par le soleil et la chaleur, succombe à une crise cardiaque dans la côte du mont Ventoux, en 1967. 1971 : l’Espagnol Ocaña, alors qu’il porte le fameux maillot jaune du meilleur coureur, fait aussi une culbute lors d’une descente dans les Pyrénées. Plusieurs fractures l’obligent à abandonner. 1995 : l’Italien Fabio Casartelli, champion olympique, se casse la figure au sens propre et cogne un plot en béton. Il meurt sur le coup.

Chacun de nous, selon sa génération, est marqué par un grand moment de suspense sur le Tour : la longue ascension du Puy-de-Dôme, en 1964, avec Anquetil et Poulidor dans un coude-à-coude inoubliable ; Merckx, en 1969, dans une échappée de 140 kilomètres avant qu’il ne gagne l’étape ; Laurent Fignon, en 1989, qui pensait avoir remporté son troisième Tour, a perdu à la toute dernière étape pour huit malheureuses secondes, derrière l’Américain Greg Lemond, après un parcours de 3.250 kilomètres ! Qui se souvient que les victoires de l’Américain, en France, ont entraîné la mode et la pratique du vélo aux États-Unis ?

Et notre Bernard Hinault, le plus grand cycliste français, compte dans son palmarès cinq Tours de France au début des années 1980. Vexé par des critiques de la presse pour un prétendu manque de panache, le champion affirme à son équipe qu’il va gagner le jour même la dernière étape. Et il tiendra parole en arrivant aux Champs-Élysées devant les sprinters !

La « Grande Boucle » passant, en 1960, à Colombey-les-Deux-Églises, le général de Gaulle et tante Yvonne s’approcheront pour applaudir les coureurs. Le peloton, ayant appris leur présence, se met d’accord pour mettre pied à terre et saluer le Général.

La légende serait trop belle, il fallait bien une ombre au tableau : celle du dopage, qui touche plusieurs sports depuis toujours. Une certaine presse fait du scandale ses choux gras et, bien sûr, sans attendre une preuve de délit. Oublions-la !

À la grande fête populaire et au spectacle sportif s’ajoute un décor grandiose : la beauté des paysages, cathédrales, châteaux, villages et monuments uniques au monde qui témoignent de l’Histoire de notre pays. Après Léon Zitrone, Robert Chapatte et d’autres, le grand conteur Franck Ferrand apporte aujourd’hui aux commentaires sportifs une raison de plus d’aimer et faire aimer la France. Et le génie français !

Antoine de Quelen
Antoine de Quelen
Chroniqueur, conseil en communication écrite, ex-publicitaire

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Merci pour ce plaidoyer en faveur du tour de France, n’en déplaise aux wokistes de tout bord gaucho. Nous voyons les beautés de nos paysages et patrimoine, n’en déplaise aux mêmes qui taxent Franck Ferrand de facho! Concernant le drapeau turc aux arrivées, j’ai vu moi des immenses drapeaux israéliens au bord des cols. Aucun Thomas Portes pour le dénoncer ? Et oui les israéliens ont toute leur place dans les compétitions ! A noter également que les sportifs serrent les mains, eux, de leurs adversaires !!! La bonne éducation, quoi !

  2. On peut rêver: 150 millions d’automobilistes qui maintenant, respecteront 1.5m de sécurité lorsqu’ils dépasseront des cyclistes sur les routes de campagnes; merci Thomas Voeckler.

    • Je respecterai la distance de sécurité quand les cyclistes respecteront la file indienne sur route ouverte. Là aussi on peut rêver.

  3. Le tour de France ne serait pas si grandiose s’il s’agissait d’une promenade de touristes. C’est bien l’enjeu sportif qui en fait son attrait. Le problème c’est que depuis l’autorisation des oreillettes on a un spectacle un peu bridé, les directeurs sportifs préfèrant tous bétonner que d’attaquer… Mais les courses cyclistes existaient déjà avant le Tour de France. Prenez Paris-Roubaix par exemple.

  4. Pourquoi diable le départ cette année s est fait d Italie ? Pourquoi les organisateurs donnent le départ du tour de France dans d autres pays? De mémoire les Pays Bas, la Belgique, Bilbao pays basque…Le giro fait le tour de l’ Italie la vuelta de l Espagne. Je n’ ai aucune explication sauf peut être encore et toujours pour retirer de la grandeur à ce que fut jadis le vrai tour de France.

    • La priorité à l’étranger, vous connaissez? Le métissage, vous connaissez? La suppression de la nation, vous connaissez?

  5. Il existe un « génie français  » , contente de l’apprendre . Macron est il au courant de la chose lui qui ne cesse de dénigrer ce peuple et ce pays , prétendant même qu’il n’a ni histoire , ni art , ni culture , ni savoir .

  6. Depuis toute petite – je regardais déjà le Tour chez mes grands-parents quand mes parents travaillaient, mon Papi étant lui-même un inconditionnel de la Petite Reine! – je ne manque pas une édition de Tour de France. On ne peut s’empêcher d’être admiratif devant les efforts incroyables de tous ces cyclistes. Tous, du premier à la lanterne rouge, forcent le respect. Contrairement aux footeux milliardaires qui, un peu fatigués, demandent à être remplacés pendant un match, ces forçats du bitume (pas toujours de bonne qualité en plus!) vont au-delà de la douleur pour terminer le Tour. Et puis les paysages sont absolument magnifiques: c’est la France vraie, intemporelle, traditionnelle, celle qu’on aime. Vive le Tour et vive le vélo!

  7. Qu’on soit cycliste ou pas, on ne peut qu’aimer le Tour de France.
    Mes parents, qui n’avaient jamais voyagé, ne rataient aucune étape de montagne devant leur télé.
    Chaque année, la qualité des images et la beauté des paysages nous émerveillent.
    Quel contraste entre un footballeur qui hurle de douleur quand il se fait un claquage à la chaussette et un cycliste qui rallie l’arrivée le maillot déchiré et la chair à vif !
    Vive le vélo, c’est la plus belle invention humaine !

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