Un « fiché S » futur député ? Sur le pont d’Avignon, la gauche danse en rond…
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Rien ne va plus en Avignon, où la gauche se déchire encore plus sûrement que chez les LR en France. Motif de la discorde ? La candidature de Raphaël Arnault, chef de la Jeune Garde antifasciste, sous les couleurs du Nouveau Front populaire aux prochaines élections législatives. Cette désignation fait d’autant plus de vagues que ce dernier est titulaire de trois « fichiers S ». Sabine de Villeroché a rappelé dernièrement, en ces colonnes, les états de service du jeune homme.
Entre victimisation et chantage au procès…
Autrefois, les gauchistes se vantaient de tels états de service ; ce ne semble plus être le cas aujourd’hui, Raphaël Arnault ayant, lors d’une conférence de presse tenue ce 18 juin, précisé : « D’une part, ce sont des fichiers censés être confidentiels de la part de la police. Ensuite, je n’ai aucune raison de me retrouver dans ces registres-là. Personne ne m’a ramené un cas où j’aurais fait partie de violences. Ce n’est que des soi-disantes suspicions. […] On va porter plainte pour diffamation à chaque fois que l’on juge ça nécessaire, à chaque fois que des horreurs sont dites sur mon nom ou mon action, des plaintes suivront rapidement face à tout article ou propos mensonger. » De l'art de se victimiser et d'agiter la menace judiciaire. Quoi qu'il en soit, la gauche avignonnaise est au bord de la crise de nerfs, s’étant en grande partie rassemblée autour de la candidature dissidente de Philippe Pascal, membre de la Gauche démocratique et sociale, mouvement créé par Gérard Filoche, ancien cacique du Parti socialiste, soutenue par le PCF, le PS, les Verts et Génération.s, le groupuscule fondé par Benoît Hamon.
L’éternelle querelle entre vieille et nouvelle gauche…
Bref, une sorte de « gauche à l’ancienne », défendue, non seulement par Lucien Stanzione, sénateur et Premier secrétaire du PS de Vaucluse, estimant « qu’il faille garder un brin de raison », tandis que Julien De Benito, son homologue communiste, exige de Raphaël Arnault qu’il retire sa candidature afin de soutenir celle de Philippe Pascal. Pour tout arranger, Cécile Helle, maire socialiste d’Avignon, vient à son tour au secours du socialiste dissident : « Lui et sa suppléante Annie Rosenbatt sont ancrés depuis toujours dans ce territoire. Par leur parcours de vie, par leur parcours d’homme et de femme engagés, ils ont apporté la preuve qu’ils étaient le meilleur rempart face au vote du Rassemblement national. […] Depuis 2014, nous incarnons ce Front populaire sur Avignon et, donc, j’estime que c’est nous qui avons la légitimité de nous présenter, conclut le maire d’Avignon. Nous n’avons pas besoin d’un militant antifasciste lyonnais pour reconquérir cette première circonscription. »
Avignon… ville dissidente par excellence, qui accueillit un pape défiant son collègue romain. Aujourd’hui, c’est la gauche qui danse en rond sur son fameux pont.
Ce qu’en dit la députée sortante du RN…
Au fait, qu’en pense la députée lepéniste sortante, Catherine Jaouen ? À cette question qui brûle les lèvres, à propos de « tous ces hommes se battant entre eux pour mieux la battre », elle nous répond, hilare, que « c’est plutôt flatteur… » Et de poursuivre : « Si la situation de la France n’était aussi dramatique, voilà qui pourrait même être drôle. Car à gauche, ce sont véritablement des champions en matière de guerres internes. Ce qui est assez logique pour des gens ne se battant que pour le pouvoir. Moi, si je me bats, c’est pour l’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants et pour savoir quelle France nous allons leur laisser. »
Élevée dans une famille gaulliste, Catherine Jaouen se souvient de sa tristesse lorsque, toute petite fille, elle apprit la mort du Général. « Ce souffle, ajoute-t-elle, je l’ai retrouvé chez Marine Le Pen, cette femme qui a traversé tant d’épreuves, avec un courage absolu. » Et aujourd’hui ? « Je fais la différence entre l’ancienne et la nouvelle gauche. Cécile Helle, le maire d’Avignon, Philippe Pascal, mon adversaire à la députation, ou même Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, sont des personnes courtoises avec lesquelles il est toujours possible de discuter de manière apaisée, au contraire d’un Raphaël Arnault. »
Un second tour l’opposant à l’une ou l’autre de ses deux candidatures concurrentes, pareillement estampillées Nouveau Front populaire, ne serait-elle pas pour elle la meilleure des configurations ? Catherine Jaouen ne répondra pas à la question. On peut néanmoins le faire à sa place : ce ne serait en effet pas le pire des cas de figure, sachant qu’en politique comme au tennis, on marque parfois le point gagnant grâce aux erreurs de l’adversaire.
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Dans un Tweet publié le 19 février dernier, Raphaël Arnault, cofondateur de la milice d’extrême gauche Jeune Garde antifasciste, appelle ses partisans à pratiquer l’autodéfense « face à l’extrême-droite et leurs violences » (sic). En réponse, le député LFI Carlos Martens Bilongo déclare attendre « son invitation » à ces entraînements. L’élu du Val-d’Oise oublie-t-il les multiples agressions – toujours impunies – de la Jeune Garde ? En avril 2022, trois membres du syndicat étudiant Uni sont attaqués par le groupuscule à Grenoble. Quatre mois plus tard, les auteurs de cette agression sont condamnés à seulement soixante-dix heures de travaux d’intérêt général. En décembre 2021, des militants LREM sont pris à partie à Paris lors d’un tractage sur un marché. Malgré ces faits avérés, l’impunité règne autour de la Jeune Garde, qui bénéficie d’une étonnante bienveillance médiatique. Le député du RN Julien Odoul a décidé de monter au créneau en demandant au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’engager une procédure de dissolution du mouvement.
le collectif « Urgence notre police assassine », créé par la candidate LFI Amal Bentounsi, affiche en victime Bilal Nzohabonayo, un islamiste pro-Daesh qui avait agressé des policiers au cri « d’Allah Akbar » avant d’être abattu